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Nous célébrons aujourd'hui le 19ème dimanche TO-A( méditation du Père Xavier Bugeme sj)

Mes chers Paroissiens, chers frères et sœurs, Paix !

Nous célébrons aujourd'hui le 19ème dimanche TO/A  Et voici les textes que la liturgie de l'Église nous propose pour nourrir notre méditation. 

Première lecture 1R 19, 9.11-13

Psaume 84, 9-14

Deuxième lecture Rm 9, 1-5

Évangile Mt 14, 22-33

Cette méditation s'inspire de Noël Quesson, d'André Sève, Myriam Gemma (Passionistes de Polynésie), du Fr. Antoine-Marie Leduc, o.c.d.(www.carmel.asso.fr), des commentaires du Missel Emmaüs des Dimanches, etc.

 

1. Il y a des jours où la vie semble terriblement pesante. L'horizon est bouché. C'est la nuit. Saisi par le désespoir, l'on se sent enfoncer dans l'abîme. Survient un être aimé. D'un seul coup, le paysage semble transformé. C'est la lumière. Il devient possible de reprendre souffle. Celui qui se croyait perdu émerge. Ainsi en est-il pour le croyant vivant dans la foi.

Les difficultés qu'il rencontre pourraient le conduire à perdre toute confiance. Mais chaque fois qu'il se tourne vers son Seigneur pour en redécouvrir la présence fidèle, il revit. Arraché à un monde qui tend à le détruire, il débouche dans la lumière. 

2. Au temps du prophète Élie, la foi au Dieu de l'alliance semble avoir disparu du royaume d'Israël. Le prophète en est désespéré, allant jusqu'à souhaiter de mourir. Soutenu par Dieu, il entreprend un pèlerinage aux sources.

A l'Horeb (autre nom du Sinaï), il se retrouve face à son Seigneur, comme Moïse. Il peut alors reprendre sa mission, malgré l'opposition du pouvoir royal. Il en va de même du peuple (d'Israël) que, jadis, Dieu a ramené d'exil alors qu'il semblait voué à sa disparition. 

Juif d'origine et de cœur, Paul se trouve coincé des siens. Il voit avec une immense peine son peuple d'enfoncer dans l'abîme, en rejetant Jésus. Torturé jusqu'au fond de l'âme, il arrive à émettre le souhait paradoxal d'être séparé du Christ, pour que les siens le trouvent. Mais sa foi s'affirmera encore plus forte que son doute. Il croit profondément qu'un jour Dieu éclairera ceux qui ont été à l'origine de l'alliance. 

3. Dès le premier siècle, les chrétiens connaissent le doute. Ils se posent des questions sur l'instauration du Royaume promis, mais qu'ils ne voient pas venir. En rappelant l'épisode de la marche sur les eaux, Matthieu souligne l'irruption du monde nouveau en la personne d'un Jésus qui transcende la condition humaine.

Il insiste surtout sur le fait que le véritable disciple, transporté par la foi, échappe à l'abîme. Pierre lui-même a douté. Mais quand il s'est tourné vers Jésus, celui-ci l'a sauvé.

Ainsi en est-il de l'Église. Tout, dans l'Église et dans chaque expérience chrétienne, se joue entre la confiance et le doute, qui, lui, conduit à la peur.

"La peur. Une barque loin du rivage et menacée par les vagues, un vent contraire, la nuit. Et un fantôme ! Une épouvante à faire crier ces hommes pourtant rudes. La confiance. La nuit s'achève, on reconnaît Jésus. Il marche sur la mer ! Il parle : "c'est moi, n'ayez pas peur." Et à Pierre : "Viens !"(André Sève). 

4. Il y a comme un jeu de la confiance, du doute et de la peur. Pierre commence à marcher sur les eaux. Mais il doute, il a peur et le voilà qui commence à chavirer. Le seul qui peut le sauver à cet instant, c'est Jésus. C'est vers lui qu'il crie : "Seigneur, sauve-moi." Et Jésus le saisissant, lui demande, presque peiné : "pourquoi as-tu douté ?".

C'est là une question clé de notre méditation d'aujourd'hui. "La réponse sera l'élan de totale confiance vers laquelle progressait tout le texte : "Tu es vraiment le Fils de Dieu !"(André Sève).

5. Ce miracle peut gêner. Il peut paraître inutile par rapport aux autres déjà rencontrés comme la guérison des malades, l'expulsion des démons, la résurrection des morts, la multiplication des pains, etc. Mais, justement, il faut y voir un miracle-révélation. Il symbolise nos plus grandes peurs et les sommets de notre confiance, quand notre foi est vécue comme une expérience : "Tu es vraiment le Fils de Dieu !" Symboliser ne signifie pas que le miracle n'a pas eu lieu, qu'il est seulement un enseignement imagé sur la confiance. "Non, ces hommes ont bien vu Jésus marcher sur les eaux, ils ont vu le vent tomber. Jésus a fait cela pour muscler leur confiance : "Je suis là, n'ayez pas peur !"

6. Marcher sur les eaux, voilà une performance extraordinaire et qui revêt dans la tradition biblique une signification particulière. Les eaux sont le symbole des forces du mal et de la mort. C'est là où résident les monstres marins. "Marcher sur les eaux, c'est signifier que l'on domine ces forces, c'est une annonce par un acte, et non par une déclaration, de la résurrection à venir. Jésus domine les forces du mal. Et en invitant Pierre à le suivre, Jésus l'invite à participer à sa victoire sur la mort et le mal"(Fr. Antoine-Marie Leduc).

Par sa résurrection, Jésus est vainqueur de la mort, et par le don de l'Esprit Saint, il nous invite dès à présent à le suivre. Nous ne devons pas nous laisser impressionner par les éléments contraires qui continuent à souffler et à s'agiter. Laissons-nous envahir par la force de l'Esprit qui nous fait tenir malgré tout. 

7. Maintenant, relu par nous, ce même événement nous fait réfléchir sur notre confiance à l'égard de Jésus. Lorsque tout va bien, croire à Jésus est facile. C'est de l'Évangile "bleu-ciel". Mais lorsque viennent la tempête, la nuit des souffrances physiques, des échecs, de la trahison, de la vieillesse, comment croire que Jésus va nous tirer de ces eaux ? Heureusement que la puissance de vie du Seigneur ne s'impose pas avec fracas sur ces puissances de mort. Élie a reconnu le Seigneur non au feu, ni à l'ouragan, ni au tremblement de terre, mais au souffle d'une brise légère.  

8. La présence de Dieu est une présence délicate et ténue qui ne s'impose pas avec force, tel un homme seul et apparemment fragile sur une mer agitée. "Un homme seul sur une mer agitée, c'est peu de chose, et, humainement, on comprend bien que Pierre ait douté de sa capacité à résister aux éléments qui se déchaînaient contre lui. Mais dans cet homme Jésus, c'est la plénitude de la divinité qui résidait, et rien ne peut l'engloutir"(Fr. Antoine-Marie Leduc).  

9. La délicatesse de Dieu dans sa présence à nos côtés, qui sait ne pas s'imposer face aux puissances de la mort et du mal, n'est pas un signe de faiblesse. C'est sa manière d'être et d'agir, dans le monde, pour respecter sa création et notre Liberté.

"La puissance de Dieu se déploie dans notre faiblesse, comme en témoigne Saint Paul : " Nous sommes pressés de toute part, mais non pas écrasés ; ne sachant qu'espérer, mais non désespérés ; persécutés, mais non abandonnés ; terrassés, mais non annihilés. Nous portons partout et toujours en notre corps les souffrances de la mort de Jésus, pour que la vie de Jésus soit, elle aussi, manifestée dans notre corps"(2 Co 4, 8). Jésus accepte la faiblesse de notre foi. Il nous invite, néanmoins, à progresser.

"Et c'est précisément dans l'épreuve, dans nos tempêtes, que se vérifie et s'exerce la "petite foi" qui est la nôtre"(Noël Quesson). 

10. En marchant sur les eaux, Jésus montre qu'il est le maître de la vie.

Il connaît la puissance de vie, qui l'habite, mais il laisse la mer et le vent se déchaîner, car ils ne peuvent rien contre lui.

"Le disciple pour marcher sur les eaux ne doit pas attendre la fin de la tempête qui d'ailleurs durera jusqu'à la fin des temps. Il ne doit pas non plus se laisser envahir par la peur, ni douter de la capacité de Jésus à nous faire tenir debout"(Fr. Antoine-Marie Leduc). En faisant confiance à Jésus, en s'appuyant sur lui, nous pouvons dès à présent participer à sa victoire sur le mal et la mort. "La foi, telle que présentée dans ce contexte dramatique, est comme un combat contre le doute et la peur. Pierre, "le premier des croyants", n'est pas mis en avant à cause de ses qualités personnelles. Nous le voyons déjà perdre pied, comme au soir de ses reniements après la fougue de ses grandes déclarations de fidélité"(Noël Quesson).

Il ne nous sera jamais épargné d'affronter les éléments hostiles.

Ce qui nous est promis, c'est que nous en sortirons vainqueurs. 

11. Jésus ressuscité est le signe de notre victoire, signe posé dans l'histoire des hommes. C'est un signe apparemment faible face à la violence du monde, à tous les vents contraires, aux mers agitées, mais depuis plus de deux mille ans, il est "puissance de vie pour tous ceux qui mettent en lui leur confiance"(Rm 1, 16).

Les épreuves, les tempêtes, et finalement la mort physique ne sont épargnées aux croyants, ni d'ailleurs à l'Église. Mais par la grâce de Dieu, son Église perdure à travers les siècles.

Elle est le signe de la puissance de Dieu qui se déploie dans la faiblesse humaine.

Au fil des années, le Seigneur lui redonne confiance par son pardon généreux et ne permet pas qu'elle s'enfonce dans les remords et le désespoir.  

Bon dimanche à toutes et à toutes. 

Père Xavier Bugeme sj Curé de la Paroisse Christ Roi de Mangobo à Kisangani

 

Tags: Père Xavier Bugeme.

Commentaires (Total : 2)

L
Liliane Yula 09/08/2020 07:08:15

Je rends grâce à Dieu pour cette parole puissante, merci pére Xavier pour cette iniriative louable de partager la parole de vie avec les chrétiens à distance. Que Dieu raffermisse notre foi, surtout en ce temps difficile où beaucoup de gens semblent être perdus. Seigneur sauve nous. Bonne ...

L
Liliane Yula 09/08/2020 07:08:15

Je rends grâce à Dieu pour cette parole puissante, merci pére Xavier pour cette iniriative louable de partager la parole de vie avec les chrétiens à distance. Que Dieu raffermisse notre foi, surtout en ce temps difficile où beaucoup de gens semblent être perdus. Seigneur sauve nous. Bonne ...

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