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Les difficultés dans l'Église aujourd'hui devraient nous apprendre à ne plus opposer miséricorde et vérité(Père Xavier Bugeme sj )

Mes chers Paroissiens, chers frères et sœurs,

Paix !

L'Église célèbre la mémoire des Saints Corneille et Cyprien tous deux non seulement des amis, mais surtout des vrais amis au point que tous deux finirent par être frappés du même  sort de martyr, bien que chacun dans son coin d’apostolat. Dans la continuité de notre méditation pour demain, je vous propose cette belle réflexion du  Frère Daniel BOURGEOIS (www.moinesdiocesains-aix.cef.fr). 

Voici les textes que la liturgie de ce 16 septembre à l'occasion de cette mémoire nous suggère :

 2Cor 4,7-15

 Ps 125

 Jn 17,11-19

 Saint  Corneille et saint Cyprien sont associés dans une vénération commune parce qu'ils avaient eu entre eux des liens d'amitié. Saint Cyprien était évêque de Carthage et saint Corneille était pape à Rome. Ils sont morts tous les deux au cours de la même persécution, saint Corneille en 253 à Civita Vecchia et saint Cyprien vers 258.

Ces deux hommes s'estimaient beaucoup. Quand on lit saint Cyprien, on trouve les premiers beaux textes, après celui évidemment de saint Ignace d'Antioche, sur le rôle de la primauté romaine dans l'unité de l'Église.

Mais, peu après, les choses se sont un petit peu envenimées et le successeur de saint Corneille, saint Etienne eut quelques difficultés avec Cyprien au sujet du re-baptême des hérétiques. Il y avait dans l'Église de l'Afrique du Nord, certains courants d'hérésie et les hérétiques baptisaient pour admettre les gens dans l'Église.

Et quand ces hérétiques se rendant compte de la fausseté de la foi dans laquelle ils avaient mis leur confiance, voulaient rentrer dans la véritable Église, celle de saint Cyprien, celui-ci posait des conditions extrêmement draconiennes. Il était plus royaliste que le roi et il pensait qu'il fallait carrément rebaptiser les gens puisqu'ils n'avaient pas été baptisés dans la vraie foi.

Le pape saint Etienne s'est cru obligé d'intervenir, avec cette fermeté romaine qui est toujours un petit peu faite d'une certaine simplification des arguments en disant "A Rome, on ne le fait pas !" Par conséquent, il fallait qu'à Carthage, on ne le fasse pas non plus. Si bien que les textes sur l'unité de l'Église écrits par Cyprien sont, si je puis dire moins dignes d'intérêt, puisque, par la suite, il a un peu mis des bémols à sa doctrine.

Il s'est plié aux exigences de la discipline romaine, mais il n'a plus été aussi convaincu de l'unité de l'Église, qu'il ne l'avait été auparavant. Ceci, c'est la petite histoire, mais ce qui nous apporte davantage, c'est de comprendre qu'en réalité, à travers ces deux figures du pape, même si ce n'est pas saint Etienne que l'on n'a pas associé à Cyprien, par délicatesse parce qu'on savait qu'ils avaient rompu des lances entre eux, la figure du pape d'un côté et de l'autre la figure de cet évêque de Carthage, ce qui est intéressant c'est de voir qu'il y a toujours deux manières de construire l'Église et que ces deux manières sont absolument complémentaires, indispensables et nécessaires pour construire l'Église.

Nous connaissons aujourd'hui des saints Cyprien et des saints Etienne, des gens pour qui ce qui compte le plus c'est d'abord la vérité de la foi et qui, à certains moments, au nom de la pureté de la foi, sont appelés à une certaine dureté de cœur, cela ne se traduit plus dans la pratique sacramentelle, qui, à certains moments risque de décourager les bonnes volontés. Et de l'autre côté, nous connaissons ce souci de construire l'Église par une certaine miséricorde qui, à la différence de saint Etienne, peut aller, de nos jours, jusqu'à un certain laxisme.

Je crois que les difficultés qu'il y a eu dans cette Église d'Afrique doivent nous apprendre aujourd'hui, non plus à opposer la miséricorde et la vérité, ou plus exactement de ne pas exiger de la foi, plus qu'elle ne doit exiger en vérité puisque le critère de la foi c'est la vérité, et d'autre part de ne pas vouloir comprendre la miséricorde comme une sorte de lâcheté, mais aussi comme une exigence de vérité.

Et nous dire que, pour être vraiment les fils de "notre Père qui est dans le ciel", nous devons véritablement être à la fois des fils de la vérité, du Père des lumières, c'est-à-dire des gens qui ont ce sens profond de la foi qui consiste à la confesser droitement et avec toutes ses exigences, mais peut-être pas nous enorgueillir un peu de notre foi et d'en faire comme une sorte de condition, ce que, en réalité saint Cyprien n'avait pas le droit de faire.

Ce n'est pas parce que ces hérétiques avaient été baptisés dans une confession de foi pas tout à fait orthodoxe que cela invalidait leur baptême.

C'est peut-être là où il est allé trop loin. Nous devons d'autre part vivre la vérité de la miséricorde dans le fait de savoir que, à tout moment où nous aurons manifesté authentiquement la miséricorde, alors, cela servira aussi à l'unité de l'Église. 

Demandons donc au Seigneur d'éveiller sans cesse en notre cœur, et le jugement et la miséricorde.  AMEN

Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, recueillie et  proposée par le Père Xavier Bugeme sj, curé de la paroisse Christ Roi de Mangobo.

 

Commentaires (Total : 1)

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Alain basaki kalokola 16/09/2020 07:12:16

Très édifiante cette homélie. Merci beaucoup Père

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