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RDC : Mustafa Baguma Milambo, une victime collatérale d’une « trahison » entre italiens ?

Mustafa Baguma Milambo, 56 ans, le chauffeur congolais du Programme Alimentaire Mondiale (PAM) est mort le lundi 22 février 2021 par balles lors d’une attaque armée qui a visé son convoi dans le parc du Virunga près de Goma en province du Nord-Kivu.

Chaque jour qui passe révèle son lot des informations sur cette tragédie qui a également couté la vie à l’ambassadeur italien à Kinshasa, Luca Attanasio et son garde du corps italien, le carabinier Vittorio Lacovacci.

Dans un entretien au quotidien « Il Messaggero » de Zakia Seddiki, la veuve de l’ambassadeur qui dénonce une « trahison » ; et de grave celle d’un proche qui connaissait les faits et gestes du diplomate : « Luca a été trahi par quelqu’un qui nous est proche, proche de notre famille. Quelqu’un qui connaissait ses déplacements a parlé, l’a vendu et l’a trahi » sans pour autant donner des précisions.

Qui est donc cette taupe proche de la famille du diplomate et pourquoi l’a-t-il trahi au prix de le faire tuer ?  Quelle compromission connaissait cet ambassadeur de ce traitre qui l’a sacrifié ? Et si l’on creusait un peu plus du côté de cette « mafia » italienne qui a ses tentacules partout et qui n’hésite pas à liquider les personnes gênantes. Après des funérailles d’Etat jeudi à Rome, Luca Attanasio doit être inhumé ce samedi 27 février 2021 dans sa ville de Limbiate, près de Milan (Nord).

De cette attaque qui s’est produite à trois kilomètres de la commune de Kiwanja, à moins d’un kilomètre du Rwanda où Luca Attanasio et des fonctionnaires du PAM devaient visiter une école dans le cadre d’un programme de cantine scolaire ; l’on sait aujourd’hui que Mustafa Milambo a été le premier à être tué par les six assaillants armés de fusils d’assaut avant d’emmener les six autres occupants des deux véhicules vers le Parc national des Virunga. Ce chauffeur avait-il reconnu ces attaquants qui ont craint leur dénonciation  ou est-il simplement une victime collatérale d’une trahison entre italiens ?

Avec l’intervention des gardes du parc et des soldats congolais, les deux Italiens ont été tués à la suite d’une fusillade ; leurs corps transpercés par les balles de gauche à droite selon le Parquet italien. Les quatre autres passagers du groupe, tous employés du PAM s’en sorti, le directeur adjoint du PAM en RDC, Rocco Leone, l’assistant du programme d’alimentation scolaire du PAM, Fidèle Zabandora, l’agent de sécurité du PAM, Mansour Rwagaza et du chauffeur du PAM, Claude Mukata.

Confusion totale entre congolais et italiens…

Alors qu’on avait epiloqué sur ce deplacement tragique non signalé par le diplomate, une note verbale de l’Ambassade d’Italie à Kinshasa dont l’authenticité reste à vérifier, adressée au Ministère des Affaires Etrangères datéé du 15 février 2021 surgisait : « une demande d’accès au Salon d’honnuier de l’aroport de N’Djili en faveur de S.E. monsieur Luca Attanaosio, Ambassadeur, Mr Alfredo Bruno Russo, Consul et M ; Vittorio Lacovacci , Attaché d’Ambassade. Motif du voyage : visite à la communauté italienne à Goma et Bukavu. Date vendredi 19 février 2021 départ pour Goma 9h00’ et mercerdi 24 février 2021 retour à Kinshasa à 15H20’ par le même vol UNHAS ».

Les questions auxquelles les enquêtes italiennes, de l’ONU via la Monusco et des autorités congolaises en cours devront répondre sont celles de savoir « en dehors des raisons officielles dans la note verbale de l’ambassade, quel était le côté non officiel du déplacement de l’ambassadeur Luca Attanasio dans les Kivu, une région connue instable et qui avait raison de le trahir comme le dénonce sa veuve et pourquoi ? »

Les circonstances de la fusillade mortelle devront être éclaircies par les enquêtes du PAM, de l’ONU et des autorités congolaise à qui le chef de la diplomatie italienne, Luigi Di Maio, a demandé « le plus rapidement possible, des réponses claires et exhaustives ». Le parquet de Rome ayant de son côté ouvert une enquête pour « séquestration de personnes à des fins terroristes », selon la presse italienne.

Quatre jours après ce drame, le directeur adjoint du PAM en RDC, Rocco Leone, qui a survécu à l’attaque ; sortait de son silence pour dénoncer dans un communiqué des « spéculations » dans les médias sur ce qu’il s’est passé ce jour-là : « Avoir vécu ce qui s’est passé lundi est à la fois tragique et traumatisant et je ne peux exprimer la profondeur de ma tristesse à propos des vies perdues. Bien que je ne puisse pas, à l’heure actuelle, entrer dans les détails de ce qui s’est passé, il incombe à chacun des quatre d’entre nous qui ont survécu de partager autant d’informations que possible sur le sujet et nous sommes tous prêts à le faire » a-t-il indiqué.

Une nouvelle mise au point congolaise en rajoute dans la confusion et la contradiction en corroborant la version initiale des autorités à savoir que l’Ambassadeur d’Italie avait emprunté un itinéraire non signalé et qu’en quittant Kinshasa, il n’avait pas utilisé le salon VIP avant l’embarquement : « A la même date (15 février 2021), en fin de journée, l’Ambassadeur d’Italie a rendu visite au Directeur du Protocole d’État pour lui annoncer que ce voyage n’aurait pas lieu et qu’une note serait communiquée à la Direction à cet effet… La Direction s’est étonnée d’apprendre dans les premières heures de la matinée du lundi 22 février 2021 par les réseaux sociaux que l’Ambassadeur a été assassiné pendant qu’elle attendait la note annulant la première. Après vérification, elle a appris que le drame s’est produit sur le tronçon Goma-Rutshuru au sein du convoi du PAM qui n’était pas mentionné sur la note verbale…Par ailleurs, l’Antenne du Protocole d’Etat à l’Aéroport de N’Djili a été contactée pour vérifier si l’Ambassadeur avait utilisé le Salon pour son embarquement comme demandé dans la note verbale, mais les agents commis à ce service ne l’ont jamais vu embarquer ».

Ce nouveau drame dans le Kivu avec la mort de l’ambassadeur italien s’inscrit dans un contexte de violences chroniques dans cette région. Près de 130 groupes armés existant dans le seul Kivu, 122 sont répertoriés dans toute la zone allant du Nord-Kivu au Sud-Kivu en passant par l’Ituri et le Tanganyika en 2020.  Et ce, avec la présence parfois niée mais réelle des armées étrangères burundaise, ougandaise et rwandaise ; décuplant ainsi toujours l’intensité de la violence avec lourd bilan humain.

Commentaires (Total : 1)

K
KASEREKA SYAUSWA 28/02/2021 06:45:08

Que va devenir la famille du PAUVRE CONDUCTEUR. POUR LES MAFFIOSI IL N'Y A AUCUN PROBLÈME, ils seront indemnisés selon loi du silence.

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