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RDC : Mais où est donc passé Kalev Mutondo ?

L’affaire Kalev Mutond, mieux le feuilleton de l’ancien barbouze ne cesse d’apporter son lot de rebondissements. Déclaré « fugitif » et sans adresse connue à Kinshasa par la justice après sa disparition dans la nuit du mercredi 10 mars 2021, l’homme n’a plus été revu jusqu’à ce jour.

Mais où est-il donc passé l’ancien Administrateur Général de l’Agence Nationale de Renseignements (ANR), le puissant service de sûreté de l’Etat sous Kabila s’interroge l’opinion ?

C’est sa famille biologique par ses enfants qui répond dans un long communiqué daté du samedi 13 mars 2021 sans donner d’autres précisions :  « A ce jour, la famille informe l’opinion tant nationale, qu’internationale, que, c’est depuis la nuit de mercredi 10 mars 2021, aux environs de 23h00 que notre père est précipitamment sorti de la résidence familiale et que depuis lors toute la famille est sans nouvelle. La famille est d’autant plus inquiète et stressée que depuis lors, certains de ses téléphones sont ouverts, mais c’est un homme avec une voix fluette, inconnu de la famille, qui répond très brièvement tout en s’abstenant de décliner son identité ».

Ce cri de détresse à l’égard de toutes les institutions du pays y compris le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi l’est également à l’endroit des ecclésiastiques que des communautés africaine et internationale ainsi qu’à toutes les personnes de bonne volonté pour « localiser physiquement notre père et obtenir l’annulation de cet avis de recherche » dit la famille.

Vraie ou fausse alerte ?

Reprenant à leur compte la rhétorique connue, les enfants Kalev Mutondo dénoncent ce qu’ils considèrent le caractère injuste et illégal des poursuites engagées contre leur père : « La famille se demande ce qui peut justifier la persistance de cette procédure totalement irrégulière et illégale à l’égard de notre père, si ce n’est la politique, l’acharnement et la haine, contre sa modeste personne… Notre père ne mérite nullement cette injustice de la part des instances judiciaires de son pays ».

La disparition volontaire ou involontaire de Kalev Mutondo pose tout de même un certain nombre d’interrogations dans l’opinion. Alors qu’une perquisition prévue s’est déroulée dans la nuit du 10 au 11 mars en sa résidence principale, Kalev Mutondo a bénéficié d’une fuite pour se soustraire à l’avance.

Une source qui a requit l’anonymat explique que « c’est du côté même du commandement général de la Police nationale qu’il faut s’intéresser pour la fuite de l’information, Kalev ayant des nombreux amis de l’époque Kabila qui semblent le protéger de peur de se retrouver eux-mêmes cités demain dans cette procédure ».

A moins d’une distraction ou une fuite en avant de la part de sa famille qui passe cela en sourdine , comment expliquer que sieur Kalev Mutondo ait tenté une mission de médiation de la dernière chance dans la soirée du 11 mars 2021 lorsqu’il s’est rendu discrètement chez Kitenge Yezu pour plaider sa cause  alors qu’il avait disparu dans la nuit du 10 mars 2021 ?

Lors de cette visite auprès du Haut Représentant du Chef de l’Etat, Kalev Mutondo était pourtant  accompagné d’Adolphe Lumanu Mulenda Bwana N’sefu, un ancien ministre de la Justice sous Joseph Kabila et en même temps cadre du PPRD ; de surcroit membre de la tribu « Songye » originaire de Kabinda dans la province de Lomami comme Kitenge Yezu.

Peut-être une contradiction mais non réceptif à sa demande, Kitenge Yezu lui aurait conseillé de coopérer avec la justice. Selon des sources, c’est à la sortie de cette rencontre que l’homme Kalev aurait décidé de rentrer en clandestinité en attendant peut-être que la justice le retrouve un jour.

A propos de l’évocation d’une présumée « immunité » dont bénéficierait Kalev Mutond en rapport avec le Décret-loi n°003/2003 du 11 janvier 2003 portant création et organisation de l’ANR, particulièrement en son article 25, alinéa 1er ; l’on n’a jamais vu la lettre réponse de son ancien n°2 promu nouveau Administrateur Général Justin Inzun Kakiak refusant des poursuites à son encontre.

De son côté, dans sa lettre réponse à celle lui adressait par Kalev Mutondo ; se référant à son tour à la Constitution, le Procureur Général près la Cour de Cassation Victor Mumba Mukomo avait fait constater que : « L’Administrateur Général de l’Agence Nationale des Renseignements a rang de Ministre, il est cependant vrai qu’il n’est pas membre du gouvernement… En rapport avec l’organisation, le fonctionnement et les compétences des juridictions de l’ordre judiciaire, l’Administrateur Général de l’ANR n’est pas justiciable de la Cour de cassation. Il s’en suit que mon office ne peut, au risque de violer l’article 27 de la loi organique suscitée, poser des actes d’instruction dans les dossiers qui vous concernent ».

Ce qui sous-entend que Kalev est un justiciable comme tout le monde et donc peut-être poursuivi. Cela n’a pas non plus empêché qu’il obtienne une première victoire avec le déchargement de ses dossiers du premier magistrat instructeur Robert Kumbu Phanzu « Quant aux reproches par vous faites au magistrat instructeur des dossiers RMP.2475/PG023/a/KP et RMP. 2476/PG.023/a/KP, je demande au Procureur Général près la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe, qui me lit en copie, de les réattribuer à un autre magistrat pour la sérénité de la justice. Concernant le dossier RMP.4989/PG. MAT/PIT ouvert au Parquet Général près la cour d’appel de Kinshasa/Matete (Dossier Christopher Ngoyi Vs Kalev Mutondo NDLR), j’instruis le Procureur Général près cette cour, qui me lit sous carbone, de le transmettre à son collègue de Kinshasa/Gombe étant donné que vous résidez dans le ressort de ce dernier ». C’est désormais le juge Albert Lusumbe dit « Allu » qui fera office de magistrat instructeur du dossier unifié.

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