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RDC : La fuite « présumée » de John Numbi Banza Thambo au Zimbabwe et ses conséquences !

Dix ans depuis l’assassinat du président de l’Association de Défense des Droits de l’Homme La Voix de sans Voix Floribert Chebeya et son beau-frère en même temps son chauffeur Fidèle Bazana, c’est un nième rebondissement dans ce « fait divers tragique » devenu une « affaire d’Etat » avec la « fuite présumée » au Zimbabwe du Général John Numbi Banza Thambo qui s’y serait réfugié.

Sentant l’étau judiciaire se resserrer autour de lui comme donneur d’ordre du double assassinat qu’il a toujours nié, l’homme considéré à la « main de fer » pour la répression sous le régime Kabila a préféré prendre le devant en fuyant chez « l’ami zimbabwéen » que de subir une humiliante arrestation. Deux de ses anciens bras droits, Christian Ngoy et Jacques Mugabo ; tous les deux participants au double assassinat, ont été interpellés en septembre 2020 et en février 2021.

Cette fuite intervient quelques semaines après la tournée de Joseph Kabila et quelques proches à Dubaï fin février 2021. Alor qu’il avait quitté le pays par la Zambie, sur son chemin de retour des Emirats Arabes Unis, Joseph Kabila avait fait escale à Dar es-Salaam en Tanzanie avant une dernière étape début mars à Harare où il avait rencontré le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa avec qu’il a gardé des fortes relations. Des sources du renseignement militaire à Kinshasa se demandant si « l’arrivée » de John Numbi et de ses hommes au Zimbabwe n’a pas été négocié par Kabila en personne lors de ce passage.

Dans son départ précipité du pays pour le Zimbabwe, John Numbi s’est fait accompagner de plusieurs de ses hommes qui squattaient sa ferme de la route Kasenga à Lubumbashi, voisine de celle de Kashamata appartenant à Joseph Kabila. Selon des sources vérifiées, ce sont les autorités zimbabwéennes qui auraient prévenues Kinshasa alors que Numbi avait quitté le Katanga deux semaines auparavant pour se réfugier au Zimbabwe ; Harare ne souhaitant pas intervenir pour l’instant.

Comme se réveillant de son sommeil, le régime a fait procédé à l’interpellation à Lubumbashi du chargé de sécurité de Numbi, Lunda Wa Ngoie qui depuis lors a été transféré à Kinshasa. Cité par tous les témoins comme commanditaire de l’assassinat de Floribert Chebeya et son chauffeur Fidèle Bazana, John Numbi qui voyait l’étau judiciaire se resserrer autour de lui ces derniers mois ; a fait le choix de quitter le pays pour le Zimbabwe, avec cette intention manifeste de s’y cacher. Ce qui ne pourra être qu’un répit dans le cas où le gouvernement congolais solliciterait du Zimbabwe son arrestation et une extradition afin qu’il réponde de ses actes des faits graves lui reprochés.

Faut-il le rappeler que la majorité des protagonistes de cette tragédie sont soit désormais en prison, soit en exil entre l’Afrique et l’Europe. Ce sont les cas des colonels Daniel Mukalay, Christian Ngoy et Jacques Mugabo ainsi que son chargé de sécurité, Lunda Wa Ngoie qui depuis lors a été également transféré à Kinshasa. Mais aussi d’Hergile Ilunga, Alain Kayeye Longwa et Paul Mwilambwe.

Si les anciens gradés tous Katangais et membres du fameux bataillons SIMBA crée par Numbi ne l’ont jamais dénoncé, les policiers de rangs l’ont tous fait en le désignant comme le commanditaire personnel de l’assassinat le 1er juin 2010 de Floribert Chebeya et son chauffeur Bazana survenu dans les installations même de l’Inspection Générale de la Police de Kinshasa.

Les deux policiers Hergile Ilunga et Alain Longwa, membres du commando des exécutants du double meurtre seront exfiltrés en pleine nuit, par avion-cargo, vers Lubumbashi. Maintenus et sous bonne garde en poste après leur forfait au Katanga ; ils ont fini par prendre la fuite en milieu d’année 2020 pour se réfugier dans un pays d’Afrique de l’Est non loin de la RDC. Leurs noms ayant été révélés dans un rapport de la Fondation Bill Clinton sur cette affaire.

Leur témoignage précis couplés à celui déjà connu de Paul Mwilambwe depuis sa fuite à Dakar au Sénégal et aujourd’hui à Bruxelles en Belgique ont fini par lever le dernier pan de ce traquenard qui coûta la vie à Chebeya. Le puzzle ainsi reconstitué, les trois policiers ne demandent que la protection du pays et de la communauté internationale pour enfin « tout raconter » devant la justice.

Après l’arrestation surprise de Christian Ngoy Kengakenga dans la nuit du 3 septembre 2020 et son transfert à Kinshasa [Assassinat de Floribert Chebeya, le Major Christian Ngoyi Kengakenga aux arrêts à Kinshasa, l’affaire Chebeya a connu une accélération avant sa réouverture par la justice. Pourtant son interpellation concernait une autre affaire, la détention d’armes de guerre et les dernières violences dans le Katanga impliquant les milices Bakata Katanga et l’assassinat de quatre militants UDPS en marge des manifestations contre la désignation du président de la Commission électorale.

Des autres personnes impliquées dans cette affaire, notamment les lieutenants Bruno Nyembo Soti et Jacques Mugabo depuis lors interpellé et transféré à Kinshasa [RDC : Affaire Chebeya, le policier Jacques Mugabo arrêté et transféré à Kinshasa  l’adjudant Ngoy Mulanga qui fut chef de poste à l’entrée principale de l’Inspection Générale de la Police le 1er juin 2010, et le brigadier-chef Doudou Ngoy Ilunga ; aucune nouvelle d’eux à ce jour alors qu’ils se trouvaient tous dans la ferme de Lubumbashi appartenant à John Numbi.

Cité par tous les témoins comme étant l’ordonnateur de l’assassinat de Floribert Chebeya et son chauffeur Fidèle Bazana, John Numbi qui voyait l’étau judiciaire se resserrer autour de lui ces derniers mois ; a fait le choix de quitter le pays pour le Zimbabwe, avec cette intention manifeste de s’y cacher. Ce qui ne pourra être qu’un répit dans le cas où le gouvernement congolais solliciterait du Zimbabwe son arrestation et une extradition afin qu’il réponde des faits graves lui reprochés.

Toute chose restant égale par ailleurs, des conséquences de la présence de John Numbi au Zimbabwe dépendra le futur des relations entre Kinshasa et Harare. Car la justice congolaise serait en passe de rouvrir « le dossier assassinat Chebeya et Bazana ». Le temps proche nous en dira plus !

 

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