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Quand accepterons-nous vraiment de croire en la puissance de la Parole, de cette Parole vivante de Dieu qu'est Jésus ?

Mes chers Paroissiens, chers frères et sœurs, Paix ! 

Nous célébrons aujourd'hui le douzième dimanche TO/B 

Première lecture Jb 38, 1.8-11

Ps 106

Deuxième lecture 2 Co 5, 14-17

Évangile Mc 4, 35-41 

Chaque fois que s'élève une nouvelle tempête venant secouer l'Église, nous crions que tout est perdu.

Aujourd'hui encore, la crise que doit affronter le Christianisme conduit nombre de baptisés à douter de l'avenir. 

Faiblesse de notre foi ! Nous disons mettre notre confiance dans le Seigneur, alors que, trop souvent, nous ne nous fions qu'à nos structures humaines.

Quand accepterons-nous vraiment de croire en la puissance de la Parole, de cette Parole vivante de Dieu qu'est Jésus ?  

Pourtant, tout au long de l'histoire, nous avons vu sa force d'amour surmonter les pires obstacles. Après un temps de sommeil qui était même une mort apparente, l'Église a resurgir, plus vivante que jamais. 

Pour nourrir notre prière, je vous suggère cette réflexion de Bernard Mourou ( www.eglise-protestante-unie.fr )  Bonne méditation à toutes et à tous et Bon dimanche. ( Père Xavier Bugeme sj ) 

Ce passage de la tempête apaisée nous est bien connu. Il figure dans trois des quatre Evangiles.

Aujourd’hui nous avons lu ce récit dans la version de Marc, dans sa forme la plus succincte, la plus dépouillée : l’Evangéliste n’a gardé que l’essentiel.  

Passons sur l’autre rive. Notre récit commence par cette invitation de Jésus, une initiative qui marque une rupture, mais aussi une initiative qui ne semble pas très judicieuse.

La journée se termine, on peut donc en déduire que la nuit va bientôt tomber, et c’est à ce moment-là que Jésus invite ses disciples à traverser la mer de Galilée pour aller dans un autre endroit, dans un autre territoire : le territoire des païens.  

Pour les juifs, les eaux de la mer, ou même celles de ce qui pour nous est seulement un petit lac, représentaient le lieu du péché et du mal, parce qu’à la différence de la terre ferme, l’eau est par excellence le lieu de l’instabilité.   Jésus invite ses disciples à un déplacement, à un changement. Or, tout changement, quel qu’il soit, peut réserver des surprises : on quitte ce qui est connu pour aller vers l’inconnu.  

C’est ce qui se passe ici, et la surprise qui attend les disciples n’est pas bonne : voilà qu’une tempête se déclenche une fois qu’ils sont au milieu du lac, à bonne distance des deux rives.

Il fait nuit et avec ce mauvais temps les disciples ne peuvent plus s’orienter en regardant les étoiles. Et cette tempête est violente, la barque est malmenée par les vagues et prend l’eau.

Pas besoin d’être marin pour comprendre que la situation est grave : le bateau est en train de couler… Les disciples sont d’ailleurs tout à fait conscients du danger et ils sont gagnés par la panique. Savent-ils seulement nager ?  

Avant d’aller plus loin, pensons à des situations de changement qui ont pu affecter nos vies : peut-être un déménagement, une reconversion professionnelle, une période de chômage, la venue d’un nouvel enfant, ou que sais-je encore. Ce genre de situation peut avoir des effets déstabilisants et perturbateurs. Et dans une telle situation, peut-être nous sommes-nous trouvés à avoir peur comme les disciples.  

Justement, revenons aux disciples : non seulement ils voient que la tempête se déchaîne, mais en plus, ils constatent qu’ils sont seuls face à cette situation, parce que celui à qui ils pourraient s’adresser en cas de danger, celui à qui ils font confiance en toutes circonstances, eh bien il dort. Il fait partie de ces gens qui ont la chance de pouvoir dormir en toutes circonstances.

Son sommeil n’est troublé ni par le bruit du vent, ni par les mouvements de la barque, ni par l’agitation des disciples. On pourrait dire qu’il dort du sommeil du juste. Les disciples en sont d’ailleurs irrités, au point qu’au bout d’un moment ils n’en peuvent plus et l’interpellent violemment, ce qui a pour effet de le tirer de son sommeil.  

Oui, Jésus dort. Lui, il n’est pas pris de panique : il ne se rend compte absolument de rien. Car ce qui fait la différence entre lui et les disciples, ce qui fait que ce même événement est vécu de manière complètement différente, ce n’est pas l’événement lui-même, mais c’est la conscience de l’événement : Jésus n’a aucune conscience de ce qui se passe. Oui, ce qui provoque ici la panique des disciples, ici, c’est la conscience qu’ils ont de cet événement.   Nous avons parfois la conception d’un Dieu tout-puissant et omniscient. Si Dieu est Dieu, comment ne saurait-il pas tout ? De nombreux passages dans les Evangiles montrent qu’il n’en va pas toujours ainsi pour Jésus. Certes il lui est arrivé d’avoir la prescience de ce qui allait se passer, mais pas toujours, et parfois il a reconnu ouvertement son ignorance[1]. C’est tout à fait normal, parce qu’il est non seulement Dieu, mais aussi homme, avec toutes les limitations que cela implique.   Ici il a besoin de récupérer ses forces. Toute la journée il a parlé à la foule et on imagine son épuisement. Alors il dort, il dort d’un sommeil profond, et quand on dort aussi bien, on n’est pas conscient de ce qui se passe autour de soi. Le bateau coule et il dort. Il paraît indifférent au sort des disciples ; c’est en tous cas leur sentiment : Maître, nous allons mourir, cela ne te fait donc rien ? lui disent-ils.   Bien sûr, à partir du moment où Jésus intervient, tout rentre dans l’ordre : le vent tombe, la tempête cesse. Celui qui voici quelques instants était plongé dans l’inconscience du sommeil se révèle tout à coup le maître des éléments naturels et assume toutes les prérogatives de la divinité.   Dans leur barque, les disciples en sont quittes pour une grande frayeur, mais tout s’est bien terminé. On peut tout de même imaginer que pour eux cet événement n’a pas été sans conséquence et qu’il leur a au moins appris quelque chose. En tous cas, Jésus a une visée éducative quand il leur pose cette question : Pourquoi avez-vous si peur ? Par là, il invite les disciples à s’interroger sur leur réaction de peur, comme si elle n’était pas naturelle.  

En fait, leur peur est tout à fait naturelle, et nous aurions sans doute réagi comme eux si nous avions dû affronter cette tempête.  

Il n’empêche que Jésus, lui, n’a pas eu peur. Et il n’a pas eu peur parce qu’il n’était pas conscient de ce qui se passait.  

N’est-ce pas là un des enseignements de ce récit ? Parfois, comme les disciples, nous sommes conscients, peut-être trop conscients, de ce qui ne va pas, du mal qui est à l’œuvre dans ce monde, de ce qui nous menace.

Mais nous nous souvenons que dans la Genèse, le serpent promet à Eve la connaissance du bien et du mal. A partir du moment où Adam et Eve font ce que dit le serpent, ils perdent leur état d’innocence, et on connaît la suite.  

Cette conscience des événements n’est d’aucune aide pour les disciples : ils n’ont aucune prise sur les éléments naturels, sur le vent qui souffle et sur la mer déchaînée. Son seul effet est de susciter leur peur.  

Peut-être Jésus veut-il simplement leur montrerque la foi est indépendante de notre conscience du monde extérieur. La foi est cette confiance que tout se terminera bien, quelle que soit la gravité des dangers qui nous menacent.  

Finalement, être disciple du Christ, c’est peut-être tout simplement ne pas se focaliser sur la manifestation du mal et retrouver ainsi un état d’innocence. Alors nous ne nous laisserons pas impressionner par les tempêtes et nous continuerons à vivre dans la sérénité que Jésus-Christ nous a promise.   Amen. 

Réflexion recueillie et proposée par le Père Xavier Bugeme sj   Curé de la Paroisse Christ Roi de Mangobo à Kisangani.

Commentaires (Total : 1)

N
Nyota 20/06/2021 18:56:59

Merci padre pour cette édifiante exortation, ancrée dans notre quotidien. En ce moment exacerbé par le contexte sanitaire qui nous mine depuis trop de mois.

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