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Sud-Kivu : Théo Ngwabidje, le prototype d'une gestion par défis

Le retour du gouverneur Théo Ngwabidje Kasi au Sud-Kivu est loin de décrisper la situation politique et sociale qui s'était détériorée de suite d'une motion de censure votée contre son gouvernement par l'assemblée provinciale.

Appelé à la démission par sa formation politique "AFDC-A", l'actuel locataire de Nyamoma n'a pas bronché. Il est allé au bout de sa lutte jusqu'à obtenir de la cour constitutionnelle un arrêt d'inconstitutionnalité de la motion de censure contre son gouvernement provincial.  

A son arrivée en province après presque trois mois dans la capitale de la République Démocratique du Congo, M. Théo Ngwabidje, s'est affiché en réconciliateur. Arboré d'une chemise aux marques Félix Tshisekedi, il a appelé l'assemblée provinciale, le gouvernement provincial et la société civile à la cohésion sociale pour le développement du Sud-Kivu.  

Ce discours n'a pas suffit.

Les appels à sa démission ne font que s'accentuer. Certains députés provinciaux, notamment  le rapporteur de l'assemblée provinciale, M. Jacques Kamanda, a, après la publication de l'arrêt de la cour constitutionnelle, annoncé l'initiative d'une autre motion de censure contre le gouvernement Ngwabidje II. Pendant ce temps, 26 députés provinciaux ont introduit une demande de convocation d'une session extraordinaire.

Plusieurs voix parlent d'un moyen pour faire partir de nouveau ce gouvernement que les élus provinciaux jugent d'improductif.

Désavoué par sa formation politique "AFDC-A", des sources proches de l'autorité provinciale parlent de sa probable adhésion à l'Union pour la Démocratie et le Progrès Social "UDPS/Tshisekedi".

Adhésion non confirmée par des cadres de cette formation politique au Sud-Kivu. Son porte parole, M. Jean-Baptiste Kasole a affirmé que l'UDPS ne soutient pas le chef de l'exécutif provincial.  

"Le peuple du Sud-Kivu reste le souverain primaire. Nous mettons au défi quiconque de nos hommes politiques en province comme au niveau national qui vont agir à contre courant du souverain primaire", dit-il.  

Les Forces Politiques Alliées à l'Union pour le Progrès et le Développement Social "FPA/U" avaient de leur côté demandé au gouverneur Théo Ngwabidje de démissionné.

Le même appel a été relayé par par le Congrès National Congolais "CNC" du ministre Pius Muabilu, le bureau de coordination de la société civile, les mouvements citoyens, mais également des ministres nationaux et des députés nationaux originaires du Sud-Kivu qui mettent en cause la légitimité de l'homme de Nyamoma.  

Cette illégitimité a conduit son directeur de cabinet adjoint, Me Daniel Lwaboshi à la démission.

Dans sa correspondance de démission,  il dit se conformer à la volonté populaire qui ne veut plus de la personne de Théo Ngwabidje à la tête du gouvernement provincial.  

"En faisant une petite rétrospection, je me suis rendu compte que les élus provinciaux n'ont fait qu'exprimer la volonté populaire du citoyen du Sud-Kivu qui est déçu par l'inaction gouvernementale, d'autant plus que notre devise du gouverner autrement n'est resté qu'un slogan. Aussi, je constate avec regret que par l'inaction de notre gouvernement, l'on s'est écarté de la vision du chef de l'État qui tient à tout prix au bien-être du peuple congolais", renchérit-il.  

La grogne de la population

En contestation à la gouvernance de Théo Ngwabidje, des habitants de la ville de Bukavu ont organisé plusieurs manifestations.

Par exemple à Essence-Major Vangu , l'un des quartiers populaires de la ville de Bukavu, les jeunes avaient, en date du 2 février 2022, barricadé la route pour dénoncer les stratégies visant le retour du gouverneur déchu Théo Ngwabidje en province du Sud-Kivu. 

Des effigies du chef de l'État, Félix Tshisekedi, avaient été brûlés en signe de protestation contre une quelconque réhabilitation de M. Théo Ngwabidje.  

Récemment un sit-in a été organisé à l'assemblée provinciale du Sud-Kivu. L'objectif était, selon les manifestants venus de trois communes de Bukavu, de demander aux élus du peuple de convoquer une session extraordinaire afin de voter une nouvelle motion de censure et déchoir définitivement le gouvernement Ngwabidje II et poursuivre M. Theo Ngwabidje en justice pour divers griefs portés à sa charge.  

L'acteur politique Josué Boji a quant à lui noté que le front anti Ngwabije est de loin beaucoup plus consistant et renvoie dans une zone des turbulences.  

Pour lui, ce bras de fer avec la majorité des concitoyens, ne fera pas long feu, car le front se poursuivra avec détermination et portera ses fruits.

A moins que le gouverneur de province n'ait la sagesse de démissionner.  Mais, il apprécie son retour,  car c'est une expérience de plus pour les valeureux députés, notamment les plus vertueux.  

Il appelle au maintien de la mobilisation de la population en faveur de la bonne gouvernance pour que le changement tant  attendu dans la gestion de la chose publique voie enfin le jour. 

La société civile bureau de coordination ne désarme pas et ne veut que la démission de Théo Ngwabidje.

Dans un communiqué publié ce vendredi 25 février 2022, cette structure citoyenne appelle à une journée Ville-Province morte le mardi 1 mars 2022. L'objectif est d'obtenir la démission de l'autorité provinciale.

La société civile refuse d'être gouvernée par défis et annonce également le début d'une série d'actions citoyennes pour amener M. Theo Ngwabidje à démissionner.   

Vomis par ses électeurs (députés provinciaux), ses administrés et désavoué par sa formation politique "AFDC-A", ainsi que les formations politiques alliées à l'UDPS, le RDT, A18, MSR, CNC, PCP, UNC, ARCN, des mouvements citoyens et associatifs, M. Theo Ngwabidje lance un véritable défis pour la gouvernance de la province du Sud-Kivu.

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