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Manifestations anti-Monusco : "Il faut faire attention au vide", alerte Roger Buhendwa.

Des manifestations contre la présence de la MONUSCO en République Démocratique du Congo se sont accentuées ce dernier temps à l'Est. De Butembo au Nord-Kivu jusqu'à Uvira au Sud-Kivu, des manifestations meurtrières ont eu lieu pour exiger le départ sans délai de cette mission Onusienne qui, selon les manifestants, a échoué à imposer la Paix depuis plus de 20 ans en République Démocratique du Congo.


Ces manifestations sont interprétées de plusieurs manières dans la sphère politique et sociale de la République Démocratique du Congo. C'est le cas de M. Roger Buhendwa, acteur de la société civile très impliqué dans les questions de paix et de développement.


Pour lui, ces manifestations sont une traduction de la frustration de la population face à l'inactivité de la MONUSCO qui, sur demande du gouvernement Congolais, est en RDC depuis 1996 et dotée d'un budget d'environ un milliard cinq cents milles dollars américains et un contingent de 14.000 hommes de plus de 50 États. Il note que la population congolaise attendait que cette mission Onusienne soit une force d'imposition de la paix et non une force d'observation de la paix dans le contexte de l'Est où la paix n'existe pas depuis plus de 25 ans.


"Les gens pensaient que le seul outil pour le retour de la paix était la MONUSCO, malheureusement, ils ont été déçus de la voir désarmer et déclarer qu'elle n'a de force de contraindre la force de feu du M23 qui a des équipements sophistiqués et si elle ne sait pas le faire, la population estime qu'elle doit vider le lieu", dit-il.


Néanmoins, M. Roger Buhendwa, rappelle que les manifestants tentent de forcer une porte déjà ouverte car un plan de retrait progressif jusqu'à en 2024 existe.


"Nous pensions que les gens pouvaient crier leur ras-le-bol, déposer le mémorandum avec un message sérieux et fort, une mobilisation de la rue pour exiger un calendrier définissant le désengagement de la MONUSCO sur le terrain. Dire à la MONUSCO qu'au lieu de créer une zone tempo, elle doit aller au lieu des massacres, envoyer les hommes armés pour dégager le M23, demander à la MONUSCO d'envoyer un message au Conseil de Sécurité des Nations Unies pour l'application du chapitre 7 afin de bombarder le M23", préconise-t-il.


Par ailleurs, il regrette que les manifestants se soient attaqués aux maisons de leurs concitoyens prises en location par la MONUSCO et leur demande de s'adresser aux dirigeants congolais pour qu'ils s'appliquent au lieu de rester pleurnichards et dans des réunions pour chercher des solutions diplômatiques.


"On devrait arriver à demander à l'État Congolais d'utiliser tout ce qui est dans sa ligne de possibilités pour imposer cette mission régalienne (l'intégrité territoriale). Il ne faut pas laisser l'Etat Congolais tranquille et s'attaquer à la MONUSCO. Mon appelle est de réfléchir sur des méthodes plus modernes pour demander à l'État Congolais d'intervenir pour contraindre le M23 et alliés en utilisant les preuves dont dispose la République Démocratique du Congo contre le Rwanda et l'Ouganda", a-t-il recommandé.

Cet acteur de la société civile craint que le départ forcé de la MONUSCO ne soit à la base d'un vide qui risque de replonger la République Démocratique du Congo dans une crise indescriptible. Il s'appuie sur le départ de la MINUAR au Rwanda qui a été suivi d'un génocide en 1994, mais aussi en Somalie où le non État avait été déclaré juste après le départ de la mission onusienne.

"Il faut faire attention à un vide, nous sommes à l'Est de la République Démocratique du Congo où il y a plus de 140 groupes armés et nous n'avons pas une armée qui a connu un processus sérieux de réforme pour qu'elle nous sécurise. Si Beni est théâtre de carnage, si Bunagana est tombé et si on est menacé partout, c'est parceque notre armée n'est pas encore capable de sécuriser le territoire national, peut-être qu'elle n'a tous les moyens. Il faudrait faire attention pour ne pas menacer cette autre force régionale qui arrive à la demande du gouvernement congolais pour aider à stabiliser l'Est", prévient-il.

M. Roger Buhendwa souligne que le départ sans un plan détaillé de désengagement de la MONUSCO créera des poches d'insécurité comme Bunagana et invite la population congolaise à plus d'attention afin d'éviter les situations du Rwanda et de Somalie.

Par ailleurs, il note que ces manifestations sont un élan patriotique et un signal fort que le Conseil de Sécurité des Nations Unies, la MONUSCO, la communauté internationale et le gouvernement Congolais doivent prendre en considération afin de trouver la paix et le développement à l'Est de la République Démocratique du Congo.

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