Sud-Kivu : La Banque Mondiale s'imprègne des réalisations du PICAGL.

Une délégation de haut niveau de la Banque mondiale est au Sud-Kivu depuis ce lundi 23 janvier 2023 pour évaluer et visiter quelques réalisations concrètes du Projet Intégré de Croissance Agricole dans les Grands-Lacs "PICAGL".

Conduite par Mme AYAT SOLIMAN, Directrice Régionale de la Banque Mondiale, chargée du Développement Durable pour l’Afrique Centrale et Australe, elle a visité la ferme Xavier Baderhakuguma à Kakondo dans le Groupement de Katana en Territoire de Kabare au Sud-Kivu. Après la visite, une séance d’échange d’informations avec les bénéficiaires et autres acteurs de mise en œuvre sur les avancées des activités a eu lieu dans cette ferme appuyée par le projet.

Le vétérinaire et responsable de la ferme, M. Xavier Baderhakuguma, a fait savoir que PICAGL a doté sa ferme d'un espace de 5ha pour la culture fourragère, un taureau de race améliorée, des tricycles et a construit un hangar pour les animaux. Cet appui, affirme-t-il, est arrivé au moment opportun pour accroître le rendement.

"Jadis je n'avais pas ça, j'ai augmenté l'alimentation des bétails avec comme conséquence l'augmentation du fumier pour fertiliser les champs. Le taureau de race améliorée facilite aussi la reproduction. C'est un bel appui dans le cadre de mes activités, je dis merci et demande au PICAGL de renforcer beaucoup plus le système d'appui afin de réaliser toutes les activités dans chaque sous projets afin non seulement d'atteindre les objectifs, mais aussi pérenniser les acquis du projet", soutient-il.

De son côté, Mme Safi Ngomora, médecin vétérinaire a fait savoir que grâce au Projet Intégré de Croissance Agricole dans les Grands Lacs "PICAGL", le taux de mortalité des veaux a été réduit dans le territoire de Kabare et ce, suite aux formations des éleveurs qui disposent désormais des calendriers de suivi pour la bonne santé des animaux.

"Je fais l'insémination artificielle pour promouvoir la production laitière et accroître le cheptel bovin. Avec PICAGL, j'ai déjà fait 182 inséminations artificielles. Il y a déjà eu 82 mises bas, malheureusement 12 veaux sont morts à cause de la négligence des éleveurs. Nous disons merci car nous sommes entrain d'avancer. J'avais une petite officine pharmaceutique, mais grâce à l'insémination artificielle appuyée par PICAGL, j'ai déjà une entreprise et je suis entrain de construire là où je veux implanter mon entreprise", dit-elle.

Selon Vétérinaire Sans Frontières "VSF", 685 vaches ont été inséminées artificiellement dans la zone du projet au Sud-Kivu. Il y a déjà eu 300 mises bas, dont 248 veaux vivants et 52 veaux morts.

Dans la filière riz, la délégation a été édifiée sur les avancées dans ce secteur. En effet, le partenaire de mise en œuvre Rikolto a fait savoir qu'au cours de la première phase du projet, la filière semencière a été renforcée de manière à permettre aux producteurs d'accéder aux semences de variétés améliorées, résilientes, plus productives et répondant aux exigences. La production est passée de 2,5 à 4,6T/Ha au Sud kivu, grâce aux innovations technologiques diffusées, couplée à l'accès aux semences de qualité. Cet accroissement d'environ 2 fois comparé à la valeur de référence de 2,5 t/ha constatée au lancement de l'intervention démontre une évolution non négligeable dans le processus d'amélioration de la production rizicole.

Un des bénéficiaires, le responsable de la coopérative COPRTU a remercié PICAGL, non seulement pour les techniques culturales mais aussi pour la formation sur la gestion financière d'une entreprise, ainsi que la labélisation du riz Nyange-Nyange qui est disponible dans plusieurs supermarchés de la ville de Bukavu.

"Je voudrais remercier PICAPGL pour les formations reçues, notamment la formation sur l'économie financière. Nous avons accès aux crédits et cela permet aux membres de notre structure de bénéficier des fonds pour cultiver sur des vastes étendues. Ceci permet une grande production, mais nous demandons au PICAGL d'aménager le réseau d'irrigation car cela reste un grand défis", dit-il.

La FAO a de son côté présenté à la délégation de la Banque Mondiale le projet de construction d'une provenderie et une closerie dans le territoire de Kabare. Ceci pour palier au problème de manque de nourriture pour les animaux et les alevins pour la pisciculture.

L'ingénieur Didier Sédi, responsable de l'entreprise Provende Kivu a fait savoir que PICAGL à travers FAO mettra fin, à travers cette unité de production, aux problèmes d'importation de ces intrants dans les pays voisins.

«Nous avons reçu une capacitation, une usine qui sera bientôt opérationnelle, les machines sont déjà installées. Les ingrédients arrivent bientôt pour commencer la production des aliments pour poissons car il y a déjà un besoin qui se présente au Sud-Kivu. Les pisciculteurs sont obligés de s'approvisionner au Rwanda et en Zambie, ce qui élève le prix des poissons sur le marché », dit-il.

Mme AYAT SOLIMAN, Directrice Régionale de la Banque Mondiale, chargée du Développement Durable pour l’Afrique Centrale et Australe, s'est dite satisfaite des réalisations de PICAGL et a souhaité que ces actions soient pérennisées pour concrétiser chaque chaine de valeur.

"C'est un plaisir pour nous de pouvoir voir tout ce qui est réalisé dans le cadre du projet, les résultats palpables. Il est important de continuer pour concrétiser l'intégration de cette chaîne de valeur ; l'appui à tout ce qui est amélioration de production, commercialisation. Merci beaucoup, c'est grâce à vous, à votre travail, le partenariat et l'assistance technique de FAO, VSF, Rikolto, UNOPS,... j'espère pouvoir revenir prochainement pour voir beaucoup plus de succès", renchérit-elle.

Rappelons que PICAGL est un projet du gouvernement de République Démocratique du Congo financé par la Banque mondiale, et mis en œuvre dans les provinces du Sud Kivu et Tanganyika. Il a comme objectif d'accroître la productivité agricole et la commercialisation dans les zones ciblées en RDC, d'améliorer l'intégration régionale dans le secteur agricole, et de fournir une réponse immédiate et efficace en cas de crise ou d’urgence déclarée. Il est mis en œuvre dans les provinces du Sud-Kivu et Tanganyika, particulièrement dans le corridor Bukavu-Uvira-Kalemie (Bukavu, plaine de la Ruzizi et la plaine côtière de Baraka-Fizi-Kalemie).