Goma : Assassinat de l’artiste révolutionnaire Delcat Idengo

Le célèbre artiste musicien Delcat Idengo a été assassiné dans le quartier Virunga à Goma, suscitant une vive émotion au sein de la population congolaise et sur les réseaux sociaux.

Sorti récemment de la prison de Munzenze, où il avait été incarcéré pour ses chansons critiques envers le pouvoir en place, Idengo était devenu une figure emblématique de la résistance culturelle dans le Nord-Kivu. Sa mort brutale laisse un vide immense parmi ses fans et les défenseurs de la liberté d’expression.

Une voix engagée réduite au silence

Arrêté en août 2024 pour avoir participé à une manifestation interdite réclamant le départ de la MONUSCO, Delcat Idengo n’a jamais cessé de dénoncer les injustices à travers ses chansons. Connu pour ses titres engagés comme « Maïmaï » ou encore « Zoba », il n’hésitait pas à critiquer ouvertement le président Félix Tshisekedi et les députés qu’il qualifiait d’« incompétents ».

« Delcat était un vrai révolutionnaire, commente Rodrigue Katsuva, journaliste à Goma. Ses chansons étaient plus que de simples mélodies : c’étaient des cris de révolte, des appels à la prise de conscience. Il dénonçait l’oppression, les abus du pouvoir et la situation sécuritaire dramatique dans l’Est du Congo. »

Quelques jours avant sa mort, Delcat Idengo avait publié une chanson où il dénonçait les rebelles du M23 et les qualifiait de « force d’occupation ». Selon les témoins, il portait une tenue militaire lors du tournage du clip de cette chanson, ce qui aurait pu précipiter son assassinat.

Des circonstances troublantes

Selon plusieurs sources, Delcat Idengo a été tué en plein tournage de son clip vidéo. Dans cette dernière œuvre, il établissait un parallèle entre le M23 et les ADF, affirmant qu’il s’agissait d’une même politique d’occupation visant les terres du Kivu. Ce message fort aurait dérangé des puissances en place.

« Il savait qu’il risquait sa vie, mais il refusait de se taire », explique un proche de l’artiste qui préfère garder l’anonymat. « Il était sorti de prison déterminé à poursuivre son combat à travers la musique. C’est ce courage qui l’a perdu. »

Une perte immense pour la scène culturelle congolaise

Delcat Idengo était devenu une figure incontournable du paysage musical congolais, un artiste que beaucoup considéraient comme la voix du peuple. Ses chansons résonnaient dans les rues de Goma, donnant espoir à ceux qui se sentent abandonnés par les autorités.

« C’est une perte tragique, témoigne Janvier Kambale, un jeune de Goma. Ses chansons nous donnaient de la force. Il parlait pour nous, les oubliés, ceux qui vivent au quotidien les violences et les injustices. »

Un assassinat qui soulève des questions

Le contexte de la mort d’Idengo laisse place à de nombreuses interrogations. Était-il une cible en raison de ses prises de position politiques ? Certains y voient un acte de représailles lié à ses chansons récentes, notamment celles dénonçant le rôle du M23 dans les violences au Kivu.

Alors que la nouvelle de son assassinat se répand, les appels à une enquête indépendante se multiplient. Pour beaucoup, sa mort est un symbole de l’intolérance croissante envers les voix critiques en RDC.

« J’ai appris avec grande tristesse la mort de Delcat. Il était une voix essentielle pour notre génération. » , Kambale Robert

« Delcat Idengo était plus qu’un musicien, c’était un combattant de la liberté. Sa mort ne doit pas rester impunie. », Chantal Maregane, activiste à Goma

« Il a payé de sa vie son engagement. Mais son message ne mourra jamais. » , Paul Tumanini, habitant du quartier Virunga

L’assassinat de Delcat Idengo est un rappel tragique des dangers auxquels sont exposés les artistes engagés en RDC. Mais même dans la mort, sa voix continue de résonner. Ses chansons restent un héritage pour ceux qui rêvent de liberté, de justice et de paix au Kivu.