RDC : Les doyens de la société civile du Sud-Kivu appellent le président Félix Tshisekedi à un dialogue national inclusif.

Au lendemain du discours du président Félix Tshisekedi au Global Gateway Forum à Bruxelles, où il a tendu la main à son homologue rwandais Paul Kagame pour faire la paix, plusieurs voix citoyennes saluent l’initiative tout en appelant le chef de l’État congolais à compléter ce geste diplomatique par une ouverture politique interne.

Dans une déclaration publique adressée au président Tshisekedi, des acteurs de la société civile estiment que, malgré les incohérences perçues dans sa démarche, toute initiative susceptible d’alléger les souffrances du peuple congolais et de préserver la souveraineté nationale mérite d’être encouragée.

Ils félicitent le chef de l’État pour son geste d’apaisement envers le Rwanda, mais insistent sur la nécessité d’un dialogue national interne pour consolider la paix.

« Aucune paix extérieure ne sera durable sans décrispation politique à l’interne », rappelle la déclaration, évoquant les notes de plaidoyer déjà adressées aux médiateurs régionaux et internationaux en mai et septembre derniers.

Un dialogue pour l’unité nationale

Les signataires exhortent Félix Tshisekedi à faire preuve du même courage que celui manifesté à Bruxelles, cette fois en direction de ses adversaires politiques.
Ils soulignent que la CENCO et l’ECC ont déjà soumis au président une note conceptuelle de ce dialogue national, prête à être mise en œuvre.

Dans un souci d’apaisement, ils proposent deux garanties majeures pour encadrer ce forum démocratique : la garantie absolue que le président Tshisekedi poursuive son mandat actuel jusqu’en 2028 rt l'engagement clair du président à ne pas modifier la Constitution ni chercher à prolonger son pouvoir au-delà de son second mandat.

Ces principes posés, le reste notamment la réforme de la CENI et la formation d’un gouvernement inclusif pourrait être discuté sereinement, affirment-ils.

Les doyens de la société civile du Sud-Kivu rappellent les propos du professeur André Mbata, aujourd’hui cadre de l’Union sacrée, qui déclarait jadis : « Il y a une vie après la présidence ».
Ils invitent Félix Tshisekedi à s’inspirer de Nelson Mandela, symbole de grandeur et de sagesse, et à préparer l’héritage qu’il laissera à la Nation en 2028.

« C’est faire preuve de charité envers vous et votre famille que de vous dire la vérité : il est temps de préparer votre héritage », insistent-ils, citant les récents exemples de crises politiques à Madagascar, au Pérou et au Népal comme avertissements.

Mettre fin au statu quo et aux alibis

Les signataires jugent que la peur du “risque de balkanisation” ne peut plus justifier un statu quo marqué par l’injustice et la misère.
Selon eux, le problème congolais est avant tout interne, et la gouvernance, depuis Mobutu jusqu’à Tshisekedi, est la principale cause des fragilités structurelles du pays.

« Le président Kagame ne peut être éternellement brandi comme un épouvantail pour masquer nos propres insuffisances », avertissent-ils, ajoutant que le Rwanda n’est qu’un facteur conjoncturel dans l’histoire longue de la RDC.

Ils citent Gandhi pour appuyer leur conviction : « Tout au long de l’histoire, la voix de la vérité et de l’amour a toujours triomphé. Les tyrans et les assassins tombent toujours à la fin. »

Un appel à ne pas répéter les erreurs du passé

Enfin, les doyens de la société civile du Sud-Kivu mettent en garde le président Tshisekedi contre les risques du statu quo : « Il n’est plus possible d’ignorer les revendications de notre peuple. Le statu quo serait fatal pour vous et pour notre pays. »

Tout en saluant l’ouverture diplomatique vers Kigali, ils exhortent le chef de l’État à initier une démarche similaire envers l’opposition et les forces vives nationales.
Ils réaffirment leur disponibilité à contribuer, par la diplomatie citoyenne, à faciliter un dialogue véritable au service de la paix et de la cohésion nationale.