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RDC : L'adhésion à la CAE poserait d'énormes problèmes sécuritaires, commerciaux et politiques (Léon Nsiku)

En 2019, la République Démocratique du Congo a officiellement demandé à adhérer à la Communauté des États de l'Afrique de l'Est, une organisation intergouvernementale régionale composée de six États membres, à savoir l'Ouganda, le Kenya, la Tanzanie, le Rwanda, le Burundi et le Soudan du Sud.

Dans une lettre datée du 8 juin 2019 adressée à son homologue rwandais Paul Kagame, actuel président de la CAE, le président de la République Démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a noté que cette demande fait suite au commerce sans cesse croissant entre les acteurs économiques de la RDC et ceux des États de la Communauté de l'Afrique de l'Est.

Cette demande d'adhésion devra attendre encore un peu suite au report de la réunion du Sommet des chefs d'État de la CAE pour permettre au Soudan du Sud de conclure la formation du nouveau gouvernement de transition d'unité nationale.

Le chercheur en Études de Sécurité M. Léon Nsiku fait savoir qu'au-delà des opportunités qu'ouvrirait cette adhésion, elle poserait également un certain nombre de questions et de préoccupations car cette communauté est elle-même en difficulté.

Pour lui, en termes d'opportunités, la République Démocratique du Congo bénéficierait de l'expérience de l'Ouganda et du Rwanda dans l'amélioration de la mise en œuvre de leurs programmes de réforme du secteur de la sécurité, des accords commerciaux plus souples seront également utiles, mais cela ne sera une opportunité que si le gouvernement prépare ses citoyens à être compétitifs sur le marché régional et pour une raison quelconque, les gouvernements actuels et passés de la RDC ne peuvent tout simplement pas contrôler la sécurité du pays.

"En cas d'échec, la RDC sera un marché pour les produits de la Communauté des États de l'Afrique de l'Est avec peu de choses dont le régime de Kinshasa pourra se vanter. Bien sûr, d'autres membres de la CAE bénéficieraient du marché de la RDC de plus de 80 millions de personnes. Une libre circulation accrue sans structures gouvernementales solides pourrait également aggraver les frontières poreuses et permettre la prolifération des armes et le blanchiment d'argent", prévient Léon Nsiku.

En termes de désavantages pour la République Démocratique du Congo, ce chercheur en études de sécurité note que les déséquilibres des taux d'import-export dans la communauté vont peser lourdement sur la stabilité de l'économie de l'État congolais car elle importerait beaucoup plus qu'elle n'exporterait, à moins que les services de l'aviation ne soient améliorés et rendus abordables pour les petites et moyennes entreprises de la RDC-centrale et occidentale, des lacunes dans les politiques commerciales et les voyages entraîneraient des conditions favorables aux conflits.

Par ailleurs, il estime que la République Démocratique du Congo devrait également être préoccupée par le fait qu'elle cherche à rejoindre une communauté en proie à des conflits, à la corruption et à un manque d'orientation politique claire. Il cite, l'Ouganda qui n'a pas encore réglé son conflit avec le Rwanda au sujet des problèmes de sécurité nationale tandis que le Kenya a ses propres tensions avec la Tanzanie, ainsi que la situation à Bujumbura et Juba qui reste également fragile.

Actuellement, la République Démocratique du Congo est membre à la fois de la Communauté de Développement de l'Afrique Australe (SADC) et de la Communauté Economique des États de l'Afrique Centrale (CEEAC).

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