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RDC : motion de censure contre le Président du Sénat

Le président pro-Kabila du Sénat de la République démocratique du Congo, Alexis Thambwe Mwamba, fait face à une double offensive judiciaire et politique, quatre jours après la démission du Premier-ministre issu de son camp.

Lundi, le procureur de la Cour de cassation a sollicité le bureau du Sénat pour qu'il "autorise l'instruction" à charge contre AlexisThambwe Mwamba"pour détournement des deniers publics et lui permettre ainsi de présenter ses moyens de défense", selon une lettre dont une copie est parvenue à l'AFP. Le présumé détournement concerne "deux millions d'euros" et "un million de dollars" que le président du Sénat, Alexis Thambwe Mwamba, s'est fait remettre "à sa résidence" le 6 janvier, affirme le procureur Victor Mumba dans cette lettre adressée "aux membres du Bureau du Sénat".

Dans sa réponse à la requête du parquet, le bureau du Sénat a confirmé qu'Alexis Thambwe avait "accepté de loger ces fonds provisoirement à son domicile", à cause d'"une forte effervescence", ce jour-là, dans les locaux de l'Assemblée nationale qui jouxtent ceux du Sénat. Le lendemain, "le trésorier a récupéré les fonds pour les acheminer à la trésorerie du Sénat", précise-t-on dans cette correspondance signée par Tibasima Mbogemu Ateenyi, deuxième vice-président du bureau de la chambre haute du parlement. En conséquence, le bureau du Sénat "estime qu'il n'y a pas matière à autoriser l'instruction sollicitée, les faits décrits ne s'analysant pas en infraction tels que vantés".

Cette requête contre le dernier partisan de l'ancien président Jospeh Kabila encore à la tête d'une institution intervient quatre jours après la déchéance du Premier ministre pro-KabilaSylvestre Ilunga Ilunkamba, à l'issue d'un vote contre son gouvernement à l'Assemblée nationale.

En pleines vacances parlementaires, les sénateurs ont été convoqués mardi par Alexis Thambwe Mwamba pour l'examen et l'adoption du projet de loi autorisant la ratification par la RDC de l'accord portant création de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), voulue par le président Félix Tshisekedi. Le même jour, une motion de censure signée par 64 sénateurs sur 109 au total, a été déposée contre l'ensemble des membres du bureau du Sénat, sauf son vice-président Samy Badibanga, un pro-Tshisekedi.

Le Sénat reste majoritairement contrôlé par les partisans de l'ex-président Kabila. Pendant la période des vacances parlementaires, le bureau du Sénat est habilité à autoriser ou à s'opposer à des poursuites contre un sénateur.

L'attaque politique contre Alexis Thambwe Mwamba intervient dans un contexte d'offensive du camp du président Tshisekedi contre celui de son prédécesseur Kabila. Le chef de l'État a signé sa première victoire le 10 décembre en retournant en sa faveur la majorité à l'Assemblée nationale, à travers la destitution de sa présidente pro-Kabila, Jeannine Mabunda et son bureau.

Missionné par le président de la République pour identifier une nouvelle majorité à la chambre basse du Parlement, le sénateur Modeste Bahati a indiqué le 28 janvier dans un son rapport qu'il existait désormais une majorité pro-Tshisekedi de 391 députés sur les 500. Félix Tshisekedi avait été proclamé vainqueur des élections du 30 décembre 2018, qui avaient permis à Jospeh Kabila de garder le contrôle du Parlement. Les résultats officiels avaient été largement contestés par une partie de l'opposition.

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