Image Post

Attaque de Bukavu: la ville est-elle vraiment tombée dans les mains des hommes armés ? Voici la mise en contexte de Libre Grands Lacs

Une publication Facebook de la page « Zorobilel Ingeta », indique que la ville de Bukavu dans l’est de la RDC est tombée dans les mains des forces non identifiées mercredi 3 novembre. L’auteur de la publication qui a généré plus de 2790 réactions après seulement 7 heures soutient que pendant ce temps, Félix Tshisekedi, Président de la RDC se fait décorer quelque part au monde. En voici une mise en contexte.

 « La ville de Bukavu est tombée entre les mains des forces non identifiées, pendant que Tshilombo se fait décorer quelque part dans le monde ». Peut-on lire sur Zorobilel Ingeta.

https://web.facebook.com/watch/?v=423539212494974&ref=sharing

 Qu’en pensent l’opinion

Certains internautes ont cru à cette nouvelle, ils se sont montrés durs avec le Président Congolais.

« Quand Tshilombo est occupé avec des tours du monde, voilà maintenant les résultats », s’indigne l’internaute Guy Lumumba Niango Yoka.

 « Entre-temps on fait joyeusement du tourisme à travers le monde aux frais du contribuable ! Elle n'est pas belle la vie » ? Demande pour sa part l’internaute Joël Zola

 « L’instabilité dans l’est est beaucoup trop, l’Etat n’existe pas au Congo. Le pire en est que Félix est toujours dans les airs », commente Papy Rifa.

 Olivier Adugbia, lui, n’a pas cru à cette information.

« C'est faux, parce que je vois comment la population est en train d’accueillir des personnes non identifiées comme vous le dites ci-haut », dit-il.

 Pour en savoir plus, Libre Grands Lacs s’est entretenu avec le juriste qui explique ce que veut dire la prise d’une ville par un groupe armé. Nous avons par la suite contacté différentes sources dans la ville de Bukavu, nous avons également consulté des déclarations officielles et la société civile de la province. Toutes ces sources nient l’affirmation selon laquelle la ville était tombée.

 Une insurrection armée et non une prise de la ville

D’après Maître Junior Baraka, pour le cas de la ville de Bukavu, on ne peut pas affirmer que la ville était tombée dans les mains d’un groupe armé. Les conditions n’ont pas été réunies pour en arriver là.

« Ce qui s'est passé à Bukavu suscite plusieurs interrogations sur le plan juridique. Mais pour votre question sur le qualificatif de ce qui s'est passé. Dire qu'il y a eu occupation, incursion armée, attaque, agression. Selon l'aspect juridique, on ne peut pas affirmer que la ville de Bukavu était tombée dans les mains d'un groupe armé. Pour arriver à cette conclusion, il faut qu'il ait une force occupante qui a pris le contrôle de la ville, qui a anéanti l'administration, qui a pris le contrôle de la radio nationale, les ports, l’aéroport, Mais cela n'a pas été le cas pour la ville de Bukavu. C'est vrai qu'il y a eu des petites manifestations des compatriotes ou même non compatriotes mais ils n'ont pas anéanti l'administration ou moins encore occuper la ville. S'il faut parler d'une agression, on ne peut pas l'affirmer par ce que l'article 8-10 du statut de Rome note que le crime d'agression est mené entre deux Etats. Lorsqu'un État entre sur le sol d'un autre sans une convention de celui-ci. Pour la ville de Bukavu on peut parler des manifestations assimilées à une insurrection armée », explique à Libre Grands lacs ce juriste de formation.

 Le gouverneur du Sud-Kivu dément la nouvelle

 Dans un communiqué rendu public mercredi 3 novembre, Theo KASI, Gouverneur de la province du Sud-Kivu parle des inciviques qui ont perturbé l’ordre dans certains quartiers de la ville.

« La nuit du mardi 02 au Mercredi 03 novembre 2021 a été agitée. Des malfrats et inciviques ont perturbé la quiétude de nos concitoyens dans quelques quartiers de la ville de Bukavu. Grâce à la vigilance et à la promptitude de la PNC et FARDC très actives sur le terrain, la situation demeure totalement sous contrôle », note le communiqué publié également sur la page twitter du gouverneur Theo Kasi.

https://twitter.com/GouvSudkivu/status/1455792943235796994/photo/1

 Nous avons préféré les prendre en sandwich

Congo check a contacté le Général de brigade Bob Kilubi, le commandant de la 33è région militaire. Pour lui, les assaillants ont attaqué la ville dans le noir, mais pour éviter des casses, ils ont préféré surprendre les assaillants.

 « Ils chantaient pour dire qu'ils voulaient libérer le pays, ils ont cherché à prendre des munitions du côté CP mais ils n'ont pas pu. Ils sont allés au niveau du 24, ils voulaient monter jusque vers la 10e région pour libérer ceux qui étaient à la police qui étaient les leurs. Nous avons préféré les contenir mais comme c'était dans le noir et pour éviter des casses, nous nous sommes préparés en conséquence. Nous avons préféré les prendre en sandwich », rassure-t-il.

 « Sont des éléments d'un groupe armé dit A64, ils seraient peut-être venus chercher à libérer les leurs arrêtés dernièrement ici à Bukavu », note Jackson Kalimba, Président urbain de la société civile de Bukavu.

La ville de Bukavu en province du Sud-Kivu a été attaquée la nuit de mardi 02 à mercredi 3 novembre. Les assaillants ont perturbé l’ordre public pendant quelques heures. Des morts, des blessés et capturés sont enregistrés.

laissez votre commentaire