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Sud-Kivu : Ngwabidje a menti (1ère partie)

Élu le 10 avril 2019 et investi par ordonnance présidentielle n°034 du 29 avril 2019, le gouverneur du Sud-Kivu, M. Theo Ngwabidje, s'était montré rassurant devant la représentation provinciale lors de la présentation du programme de son gouvernement.

Un programme peint des mots glorieux soutenant le président de la République Démocratique du Congo qui insiste sur la lutte contre la corruption, le détournement des deniers publics, le tribalisme, le népotisme, la contusion, le clientélisme, l'incivisme et les crimes économiques. Pour y arriver, M. Theo Ngwabidge, s'était fixé 7 axes stratégiques, notamment : la sécurité, les infrastructures et le patrimoine de l'État, les services sociaux de base, l'économie et le commerce, l'administration et enfin, l'environnement et l'éco-tourisme.

Pour ce premier numéro "Ngwabidje a menti", libregrandlac.com, abordera la première stratégie de la sécurité et de la paix. Dans sa vision à très court terme ( 100 premiers jours), Théo Ngwabidje avait promis l'instauration des patrouilles diurnes et nocturnes mixtes entre la Police Nationale Congolaise et les Forces Armées de la République Démocratique du Congo et positionner les policiers à des points les plus chauds de la ville, la suppression des barrières illégales sur toute l'étendue de la province du Sud-Kivu, mais également la réglementation de la circulation routière dans les principaux centres urbains et renforcer les capacités de la police de circulation routière dans ce domaine.

Trois ans après, le chef de l'exécutif provincial semble avoir oublié ses promesses et navigue à contre courant. Aucune patrouille mixte n'a été organisée, aucun policier placé dans les coins chauds qui exposent la population aux vols et violences. Les barrières illégales quant à elles ont été multipliées. Par exemple sur la route nationale N°5 Uvira-Fizi, des militaires ont érigé des barrières et font payer à chaque traversée une somme de 500FC. La police de circulation routière est devenue un véritable casse-tête des conducteurs avec l'instauration du système "massage". Aucune règlementation n'est faite, seul l'argent compte, la corruption à ciel ouvert caractérise ce secteur.

En une année ( à court terme), le gouverneur Théo Ngwabidje avait prévu plusieurs actions, notamment : organiser une conférence provinciale sur la paix et la sécurité, restaurer l'éclairage public, renforcer l'organisation et le déploiement des forces de défense et de sécurité avec un focus sur la sécurité générale, la circulation routière et la salubrité publique, renforcer les mécanismes de prévention et de gestion des conflits locaux intercommunautaires et consolider les textes réglementant les pouvoirs coutumiers, identifier et fermer les maisons de tolérance qui hébergent les bandits, des fumeurs de chanvre, mettre en place les mécanismes permettant d'identifier les enfants dans la rue afin de les regrouper et de les encadrer par des formations professionnelles diverses, encourager le vote d'un édit qui réglemente les conflits entre éleveurs et agriculteurs, promouvoir la création des centres d'appels gratuits pour dénoncer les sources d'insécurité et renforcer le système de renseignement au départ des territoires,...

A ce point, le gouverneur Théo Ngwabidje, n'a absolument pas fait allusion dans sa gouvernance sécuritaire à son programme présenté aux élus provinciaux. Aucun indicateur objectivement vérifiable sur le terrain, les villes et centres urbains sont, depuis son avènement, plongés dans le noir absolu. Sa politique d'éclairage public n'est restée que dans son discours-programme. La société civile a, d'ailleurs lancé, au mois d'avril 2022, une campagne pour exiger l'installation de l'éclairage public dans la ville de Bukavu au vu de la criminalité en hausse.

Les conflits intercommunautaires ont connu leur montée sous son règne, quoi que faisant de cette question une priorité lors de sa prise de pouvoir. Les hauts plateaux des territoires de Fizi, Uvira, Mwenga et Kalehe connaissent le regain de l'activisme des groupes armés sous le silence des autorités provinciales, même la conférence provinciale sur la paix et la sécurité qui devrait impliquer tous les acteurs majeurs concernés n'a plus été à l'agenda de l'actuel Gouverneur. Ce n'était qu'un discours devant les députés provinciaux.

Dans sa recherche des solutions à l'insécurité, l'autorité provinciale a complétement oublié sa prévision d'encourager le vote d'un édit qui réglemente les conflits entre éleveurs et agriculteurs, mais également son initiative de créer des centres d'appels gratuits pour dénoncer les sources d'insécurité a été jetée dans les tiroirs de Nyamoma. Les maisons de tolérance qui hébergent de leur côté des bandits n'ont jamais été identifiés et fermés. Tout est normal pour le gouverneur Théo Ngwabidje.

A moyen terme (60 mois), le gouverneur Théo Ngwabidje a, dans sa vision, envisagé entre autres : implanter, dans chaque territoire, des barza intercommunautaires afin de promouvoir le dialogue entre communautés pour la promotion de la cohésion sociale et la cohésion pacifique, rendre opérationnel les comités locaux pour la sécurité de proximité (CLSP), apporter un soutien à la police, à l'armée et à d'autres services de sécurité, promouvoir le dialogue avec les provinces voisines et les échanges de proximité avec les pays limitrophes, renforcer les échanges interrégionaux par des mesures communes sur le rapatriement des groupes armés étrangers et enfin, entreprendre un plaidoyer pour la révision de la loi foncière pour une répartition équitable des terres.

En lieu de leur rapatriement, les groupes armés étrangers se sont multipliés et ont renforcé leurs bases dans les territoires de Fizi, Uvira, Mwenga et Kalehe, accentuant l'insécurité dans cette partie de la province du Sud-Kivu. L'action du gouvernement provincial est de loin négatif sur cette question au point que les différentes alertes des acteurs de la société civile ne font aucun échos. Les conflits intercommunautaires ont exacerbé suite à la défaillance de l'autorité provinciale à mettre en place, tel que contenus dans son programme, toutes les stratégies de lutte contre l'insécurité dans la province du Sud-Kivu.

Théo Ngwabidje est bon diseur.

Dans le prochain numéro "Ngwabidje a menti", libregrandlac.com, abordera la deuxième stratégie : " les infrastructures et le patrimoine de l'État".

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