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Sud-Kivu : Menaces contre le journaliste Aboubakar Kigabi, seules les autorités publiques seront tenues responsables (communiqué conjoint)

Les journalistes du Sud-Kivu tiendront pour responsables, les autorités publiques pour tout ce qui pourrait arriver au journaliste Aboubakar KIGABI, sous menaces et qui vit en clandestinité depuis un moment. Ils l'ont dit dans un communiqué conjoint signé le 24 octobre 2022, dont ci-dessous l'intégralité :

Les journalistes de la province du Sud-Kivu membres et non membres du réseau des Médias en Ligne dans la région des Grands-Lacs (REMEL-GL) sont extrêmement
inquiets de la situation actuelle du journaliste Aboubakar Kigabi, du média « Libre Grands-Lacs ».

En effet, Aboubakar Kigabi vit en clandestinité depuis quelques jours après avoir reçu des messages et des menaces de mise en garde de la part des personnalités proches
du Gouverneur du Sud-Kivu. Depuis, il vit en cachette et ne peut pas vaquer librement à ses occupations.

Aboubakar Kigabi affirme que la Cellule d’Investigation du Gouvernorat du Sud-Kivu ainsi que d’autres services de sécurité sont mis à contribution pour mettre la main sur lui. Ces ennuis commencent le vendredi 21 octobre 2022, jour où de courtes
manifestations ont été organisées dans certains coins de Bukavu pour exiger le départ du Gouverneur du Sud-Kivu, accusé de détournement.

Comme pour tous les autres
événements, Aboubakar avait relayé l’information sur son média.

« Les personnes qui m’ont contacté m’ont clairement signifié que le Gouverneur ne tolère pas mes publications sur sa gouvernance, notamment sur les cas de dénonciation des détournements des fonds publics», explique-t-il.

Un autre proche de l’autorité provinciale lui aurait lancé « Jikinge, Gouv aseme mpaka .aku manger » [Le Gouverneur veut ta peau].
« Peu avant, le Coordonnateur adjoint de la Cellule d'Investigation du Gouvernorat m'a écrit
pour me mettre en garde, comme quoi, j'insulte les autorités provinciales et fait la
propagation des faux bruits », s’inquiète Aboubakar Kigabi.
"Pourquoi tu avais fui Bukavu pour Uvira? Tu le diras un jour devant un OPJ spécialisé", m'a
lancé un membre de la cellule de communication du gouverneur.


Face à ces menaces et se référant à l’histoire récente de la province du Sud-Kivu où les journalistes ont été tués dans le cadre de leur travail (Serge Maheshe, Didace
Namujimbo, Koko Bruno,...) et d’autres incarcérés, enlevés et torturés mortellement,
les journalistes du Sud-Kivu mettent en garde les autorités qui veulent transformer cette entité en « province hostile aux journalistes »


C’est dans ce contexte que les journalistes membres et non membres du REMEL-GL :

1. Constatent encore une fois que la liberté de la presse est gravement menacée dans la Province du Sud-Kivu et apportent leur soutien sans faille à Aboubakar Kigabi ;

2. Condamnent avec véhémence l’acharnement et les menaces contre Aboubakar
Kigabi ;

3. Notent que ce n’est pas la première fois que des menaces verbales et écrites soient proférées contre ce journaliste de la part des proches du Gouverneur du Sud-Kivu. Les manifestations du 21 octobre dernier ne sont qu’un élément déclencheur dans une province où les médias sont de plus en plus muselés ;

4. Rappellent que les intimidations contre des journalistes visent simplement à réduire au silence les voix discordantes au Sud-Kivu qui passent essentiellement par les médias en ligne et audio-visuel du Sud-Kivu. Attaquer l’un d’entre eux, c’est attaquer toute la profession. Les menaces physiques, psychologiques, économiques, etc. ne changeront pas la volonté des médias à jouir de leur liberté et leur indépendance pour donner la bonne information dans les normes établies par la profession ;

5. Les journalistes membres et non membres du REML-GL, rappellent, enfin, qu’il existe des voies réglementaires pour donner sa version des faits au cas où l’accusé n’est pas d’accord avec la version des faits relayés. La loi sur la presse ainsi que le Code d’éthique
et de déontologie sont clairs à cet effet ;

6. En attendant, les journalistes membres et non membres du REMEL-GL, craignent pour l’intégrité physique du journaliste Aboubakar Kigabi dans une région où des cas
de meurtre des journalistes ont été signalés et avertit que seules les autorités publiques seront tenues responsables.

Appelons à cet effet les membres des services de sécurité à assurer avec professionnalisme la protection des journalistes et des défenseurs des droits humains ;
« Nul n’est censé obéir à un ordre manifestement illégal ». Nuire au travail des journalistes
est illégal, anti-démocratique et dangereux pour un état de droit.

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