La fin d’une époque : le dernier Moine Trappiste quitte le Manitoba
La communauté catholique du Manitoba s’apprête à tourner une page de son histoire spirituelle avec le départ de Dom Marcel Carbotte, dernier moine trappiste de la province. Après plus d'un siècle de présence silencieuse et dévouée, marquée par la prière et le travail manuel, cette congrégation s’efface peu à peu du paysage manitobain.
Dom Carbotte rejoindra prochainement Val Sainte-Marie, au Québec, seul monastère trappiste encore actif au Canada, où il poursuivra son engagement monastique. Son départ marque non seulement la fin d’une tradition, mais suscite également une réflexion profonde sur la baisse des vocations religieuses dans la société actuelle, un phénomène que regrette particulièrement Mgr Noël De Laquis, évêque à la retraite.
Une présence historique et emblématique au Manitoba
Les moines trappistes ont laissé une empreinte profonde dans le cœur des Manitobains, notamment grâce à leur mode de vie centré sur le silence, la prière et la fabrication du célèbre fromage d’Oka. Leur monastère, Notre-Dame-des-Prairies, situé à quelques kilomètres de Winnipeg, était un lieu de recueillement et de labeur où le rythme de la vie quotidienne était dicté par la devise des trappistes, ora et labora (prière et travail).
En 2020, face au vieillissement de ses membres et au manque de nouvelles recrues, la communauté a dû vendre le monastère à une congrégation copte, transformant le site en centre spirituel national copte. Depuis, l’héritage trappiste, bien que vivant dans la mémoire collective, a progressivement disparu du Manitoba, laissant Dom Carbotte comme dernier témoin de cette tradition.
Un regard sur le déclin des vocations religieuses
Pour Mgr Noël De Laquis, cette situation est représentative d’un déclin plus large qui affecte de nombreuses communautés religieuses au Canada. Dans une récente déclaration, l’évêque à la retraite a exprimé son regret face à ce qu'il considère comme un « manque de vocations » chez les jeunes Canadiens. « La vie monastique, autrefois si inspirante, semble aujourd'hui attirer de moins en moins de jeunes, alors que le besoin de spiritualité reste profond », déplore-t-il. Selon lui, ce manque d'engagement parmi les nouvelles générations reflète une société où la quête de sens et de paix intérieure est souvent reléguée au second plan face aux pressions de la vie moderne.
Mgr De Laquis souligne l'importance de l'héritage des trappistes, qui, malgré la diminution de leurs effectifs, a réussi à transmettre des valeurs de paix, de travail et de contemplation. « Dom Carbotte, en partant, emporte avec lui une part du patrimoine spirituel de notre province, mais l'empreinte des trappistes au Manitoba demeure vivante. Leur influence perdure à travers les récits et les souvenirs des gens qu'ils ont touchés », affirme-t-il.
Un départ symbolique vers Val Sainte-Marie
À Val Sainte-Marie, Dom Carbotte rejoindra la dernière communauté trappiste active au Canada, retrouvant ainsi un cercle monastique après des années de vie solitaire en tant que dernier moine du Manitoba. Ce retour à une vie communautaire marque pour lui une nouvelle étape, un lieu où il pourra continuer sa quête spirituelle entouré de frères partageant la même vocation.
Son départ symbolise également un adieu pour la communauté catholique manitobaine. Bien que les trappistes ne soient plus physiquement présents, leur héritage spirituel et leur contribution à la culture locale continuent de résonner. La fermeture de Notre-Dame-des-Prairies et la transformation de ce lieu en centre copte marquent un passage de relais vers une autre communauté, tout en laissant un souvenir indélébile dans le cœur des Manitobains.
Un héritage vivant malgré tout
Pour Mgr De Laquis, l’essence de la vie trappiste ,prière, contemplation et travail silencieux reste un modèle inspirant, même dans un monde en perpétuel changement. « Les trappistes ont incarné une simplicité et une foi inébranlable, des valeurs intemporelles qui inspirent ceux qui cherchent un sens plus profond à leur existence », rappelle-t-il. L’évêque espère que, malgré le départ de Dom Carbotte, cet esprit de sérénité continuera à inspirer les Manitobains.
Alors que Dom Marcel Carbotte s'apprête à quitter cette terre qu’il a chérie et servie, il laisse derrière lui un héritage spirituel précieux. Son départ représente la fin d’une époque, mais aussi une invitation à se rappeler que la foi et la prière demeurent des forces vivantes, même en dehors des murs du monastère. L’influence des trappistes continuera à se faire sentir au Manitoba, dans le silence et la mémoire de ceux qui ont été touchés par leur présence.