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« Être homosexuel en RDC, c’est vivre chaque jour dans la peur » : Les minorités sexuelles sous l’ombre du conflit

En République Démocratique du Congo (RDC), les minorités sexuelles vivent un quotidien d’exclusion, de violences et d’invisibilité institutionnelle. Dans un pays ravagé par des conflits armés persistants, cette situation devient insoutenable, notamment dans les régions sous contrôle du groupe rebelle M23.

« L’homosexualité n’est pas explicitement interdite par la loi, mais elle est criminalisée dans les faits », dénonce Leon Nsiku Lulema.
« Les textes juridiques comme l’article 40 de la Constitution limitent le droit au mariage aux couples de sexes opposés. Cela crée un vide juridique où les personnes LGBTQ+ n’existent pas légalement — et donc ne sont pas protégées. »

En 2024, un tournant encore plus inquiétant s’est produit avec une circulaire ministérielle ordonnant l’arrestation systématique des personnes LGBTQ+.

« Cette circulaire a légitimé la chasse aux sorcières. Des policiers et des magistrats ont reçu des consignes claires : traquer et arrêter toute personne soupçonnée d’être LGBTQ+. Résultat : beaucoup vivent désormais dans la clandestinité, d'autres ont fui le pays », explique Léon Nsiku Lulema.

L’Est du pays : un enfer pour les minorités sexuelles

Dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, la situation est dramatique. Sous l’emprise du M23, les communautés LGBTQ+ font face à une répression brutale.

« Les groupes armés imposent des normes morales fondamentalistes. Toute personne perçue comme ‘déviante’ est pourchassée. Les violences sexuelles, les exécutions extrajudiciaires et les disparitions sont monnaie courante », affirme le journaliste.

Une enquête menée en février 2025 est sans appel : 70 % des personnes LGBTQ+ interrogées ont été victimes de violences sexuelles ou physiques. Près de 60 % disent ne pas avoir accès aux soins de santé de base, notamment ceux liés au VIH/SIDA.

« Ce n’est plus simplement une question de droits. C’est une question de survie. Des gens meurent en silence, chassés de leurs foyers, privés de soins, invisibles dans les statistiques officielles », insiste Leon Nsiku Lulema.

Des témoignages glaçants

Les récits recueillis par Nsiku Lulema révèlent une réalité effrayante.

« Deux membres d’une même famille ont été retrouvés morts après avoir hébergé un proche identifié comme homosexuel. Quelques jours auparavant, ils avaient reçu des menaces signées d’un prétendu commandant des Wazalendu », raconte-t-il.

« Un jeune journaliste homosexuel du Nord-Kivu, que je connais personnellement, a disparu pendant trois jours. Lorsqu’on l’a retrouvé, il était méconnaissable, violé, traumatisé. Il n’a pas pu identifier ses agresseurs. Il a simplement dit : ‘Je ne pensais pas sortir vivant’. »

Face à cette répression, plusieurs associations locales et internationales luttent pour le respect des droits humains. Mais leurs marges de manœuvre sont limitées.

« Le climat est tel que beaucoup d’activistes hésitent à prendre la parole. Ils ont peur de mettre leurs organisations en danger, de perdre leur statut ou leur financement international », souligne Nsiku Lulema.

Malgré tout, certains continuent, dans l’ombre, de documenter les abus, de soutenir les victimes, de plaider pour un changement de regard.

« Les minorités sexuelles congolaises ne demandent pas de privilèges. Elles réclament simplement d’exister sans peur, de vivre avec dignité. »

Un appel à la communauté internationale

Leon Nsiku Lulema conclut avec un appel urgent :

« Il est temps que la communauté internationale prenne la mesure de ce qui se passe en RDC. Ce n’est pas un simple problème culturel ou moral. C’est une crise humanitaire, un scandale des droits humains. Le silence ne peut plus être une option. »

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