RDC : L’appel au gouvernement d’accélérer les processus de mise en œuvre des mécanismes de Justice Transitionnelle.
Les victimes des massacres perpétrés en République Démocratique du Congo ont, lors de l’émission « Chronique de la Justice Transitionnelle » produite par le Réseau des Journalistes pour la Justice Transitionnelle en province du Sud-Kivu « RJJT/SK en sigle » avec l’appui financier de l’organisation Internationale Impunity Watch, souhaité voir l’accélération du processus de mise en œuvre des mécanismes de Justice Transitionnelle.
Elles craignent que la disparition des preuves ou alors des véritables témoins complique la concrétisation des mécanismes de Justice Transitionnelle au pays.
Mme Stella Yanda, responsable de l’organisation Alpha Ujuvi et membre du groupe de travail sur la Justice Transitionnelle au Sud-Kivu a, au cours de cette émission, fait savoir que plus le temps passe, plus la vérité sur ce qui s’est réellement passé ne sera pas connu.
« Nous qui travaillons sur ce thème depuis plus de vingt ans, certaines victimes manquent à l'appel, certains témoins meurent, ils peuvent aussi se déplacer, et lorsque les enquêtes commenceront et que le témoin ne peut être retrouvé sur le lieu du massacre, certaines mauvaises langues diront qu'il n'y a jamais eu des massacres, les martyrs meurent, et cela fait perdre espoir aux gens, ils chuchotent, nous allons continuer avec des discours ? », dit-elle.
Cette actrice de la société civile veut voir le gouvernement congolais s’approprier le travail des organisations de la société car, soutient-elle, que ce soit les organisations locales ou internationales, elles n’ont fait que des assistances aux victimes. Pour elle, il est nécessaire que le gouvernement mette en place une politique de justice transitionnelle.
« Toute la question de la justice transitionnelle doit reposer sur une politique nationale de justice transitionnelle, je pense, vous conviendrez avec moi que cette politique nationale n'existe pas encore chez nous, il n'y a que des tâtonnements. On peut dire pour aujourd'hui que nous sommes heureux et reconnaissants que le gouvernement actuel essaie aussi de s'impliquer, mais il ne devrait pas penser à la loi sur les réparations sans savoir quelles sont les nécessités absolues et essentielles des victimes », renchérit-elle.
Les besoins des victimes
Pendant une vingtaine d’années de travail auprès des victimes, Stella Yanda évoque la nécessité de la prise en compte des besoins des victimes.
« Nous travaillons très près des victimes, il y a quelque chose dont les gens devraient être conscients. Il y a une victime qui n'a pas besoin de réparation monétaire, la victime veut savoir la vérité, qui est auteur de ces actes ignobles, et il l'a fait pourquoi. Et peut-être qu'elle pourrait juste attendre de dire au bourreau de venir dire que c'est moi qui l'ai fait et de s'excuser. Je l’ai fait de mon plein gré ou sous pression », souligne-t-elle.
Elle note que le gouvernement devrait suivre toutes les étapes de mise en œuvre des mécanismes de Justice Transitionnelle. Elle regrette, cependant, que le gouvernement ait prioriser les réparations avant la vérité et la justice. Elle invité les autorités politiques et judiciaires de la République Démocratique du Congo à accélérer le processus afin d’avoir une justice transitionnelle qui prend en compte tous les besoins des victimes.