Sud-Kivu : Albert Kahasha dit Foka Mike envisage quitter son poste de ministre pour combattre les M23

La situation sécuritaire au Sud-Kivu prend une nouvelle tournure dramatique. Albert Kahasha, alias Foka Mike, ministre provincial de l’Intérieur, a annoncé son départ temporaire de ses fonctions pour aller combattre les rebelles du M23. Lors d’un grand rassemblement tenu au terrain de Funu, dans le quartier Cimpunda, il a appelé la jeunesse à se mobiliser pour défendre la patrie contre les rebelles soutenus par le Rwanda.

"La patrie ou la mort !" C’est avec ces mots forts que Foka Mike a galvanisé la foule présente à son meeting. Convaincu de la nécessité d’un engagement direct sur le terrain, il a invité les jeunes à se joindre à lui pour protéger le territoire national. Cette déclaration intervient alors que les rebelles du M23 ont déjà franchi les frontières du Sud-Kivu après avoir pris le contrôle de la ville de Goma.

Une psychose grandissante à Bukavu

La présence des rebelles dans la région alimente une forte anxiété à Bukavu. La population, inquiète, redoute une avancée imminente du M23 vers la capitale provinciale du Sud-Kivu. Face à cette menace grandissante, les autorités provinciales prennent des mesures draconiennes.

Le gouverneur du Sud-Kivu, Jean-Jacques Purusi Sadiki, a interdit toute navigation sur le lac Kivu. Cette décision, annoncée dans un arrêté publié le mercredi 29 janvier, vise à empêcher toute tentative d’infiltration des rebelles entre Goma et Bukavu via le lac.

Une interdiction stricte sur le lac Kivu

Cette interdiction concerne toutes les embarcations, qu’elles soient utilisées pour la pêche, le transport de passagers ou de marchandises. Le gouverneur a justifié cette mesure par la nécessité de protéger la population et d’empêcher tout mouvement suspect susceptible de renforcer les positions des insurgés.

« Les contrevenants à cette mesure se verront arrêtés, leurs unités placées sous chaîne et des amendes sévères leur seront appliquées », a prévenu Jean-Jacques Purusi Sadiki.

Pour assurer l’application stricte de cette interdiction, plusieurs responsables provinciaux, dont le ministre des Transports, le commandant de la 33e région militaire et le commissaire provincial de la Police nationale congolaise, ont été chargés de veiller à son exécution.

Déjà, le 27 janvier, les armateurs opérant sur le lac Kivu avaient suspendu toute navigation en raison de la dégradation de la situation sécuritaire au Nord et au Sud-Kivu.

Un tournant décisif pour la province

Alors que la menace du M23 plane sur Bukavu, la population suit de près les événements et l’initiative de Foka Mike. Son appel à la résistance marque un tournant décisif dans la gestion de la crise sécuritaire. Cependant, l’efficacité de cette mobilisation populaire face à un groupe armé bien équipé reste incertaine.

En attendant, la province retient son souffle, entre l’espoir d’une résistance locale et la crainte d’un conflit qui pourrait plonger encore davantage la région dans l’instabilité.