Escalade diplomatique entre l’Afrique du Sud et le Rwanda sur la crise en RDC
Les tensions entre Pretoria et Kigali s’accentuent, nourries par des échanges acerbes et la persistance du conflit dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
L'intervention militaire sud-africaine, dans le cadre de la mission SAMIDRC, a entraîné des pertes humaines et a exacerbé les différends entre les deux pays.
L'engagement sud-africain en RDC met le gouvernement de Cyril Ramaphosa dans une position difficile. L’affrontement du 23 janvier à Goma, opposant les troupes sud-africaines aux rebelles du M23 soutenus par Kigali, a coûté la vie à 13 soldats. Cet épisode tragique a poussé Pretoria à pointer du doigt la responsabilité du Rwanda, intensifiant la crispation diplomatique.
Paul Kagame, président rwandais, a réagi fermement, accusant Pretoria de déformer les faits et de formuler des allégations infondées. Il a décrit ces critiques comme "délibérément trompeuses" et nuisibles aux relations bilatérales.
Un dialogue tendu
Malgré des discussions téléphoniques entre Kagame et Ramaphosa, les tensions restent vives. Sur X (anciennement Twitter), Ramaphosa a publiquement imputé l’escalade du conflit à l’implication rwandaise, ce qui a suscité une réponse tranchante de Kagame. Celui-ci affirme que les forces rwandaises ne sont pas une "milice" et attribue les pertes sud-africaines aux Forces armées congolaises (FARDC) plutôt qu’au M23.
Pour Kigali, la mission militaire de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) en RDC constitue une menace pour sa sécurité. Kagame affirme que cette force collabore avec des groupes hostiles au Rwanda, notamment les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).
De son côté, l'Afrique du Sud insiste sur le caractère neutre de son intervention et réaffirme son engagement en faveur de la stabilisation de la région.
Un sommet pour apaiser les tensions
Afin de faire le point sur la situation en RDC et l'avenir de la mission SAMIDRC, un sommet extraordinaire de la SADC se tiendra vendredi à Harare, au Zimbabwe.
Certains analystes estiment que les pertes militaires et la pression politique pourraient amener Pretoria à revoir sa stratégie en RDC.
L’évolution de cette crise pourrait avoir des conséquences majeures sur les relations diplomatiques en Afrique et tester la capacité des institutions régionales à résoudre pacifiquement les conflits.