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Ouganda : l'insécurité, la rançon du confinement ?

Les mesures de confinement strictes commandées par le président Yoweri Museveni passent mal auprès de ses compatriotes.

Dans un contexte où l’essentiel du secteur productif est informel, de nombreux Ougandais se disent asphyxiés.

« Depuis que le président a parlé de cela, mes affaires ont été affectées, se plaint par exemple Tony Walakira, un vendeur ambulant rencontré à Kampala. Je n’ai pas mangé hier, et même aujourd’hui parce que ce n’est que quand je viens à Kampala que j’ai de quoi manger. Si je ne viens pas à Kampala, je n’aurai pas à manger. Et je suis venu aujourd’hui, placer ma marchandise ici. Mais je ne trouve personne pour me donner de l’argent. Je ne sais pas ce qui va suivre parce que je ne peux pas vivre sans argent dans mes poches ».

Des rues désertes synonymes de disettes pour les 75 % des Ougandais qui dépendent du secteur informel pour s’en sortir. Alors que le pays entame la deuxième semaine des 32 jours de confinement voulus par les autorités, la société civile tire la sonnette d’alarme face aux risques d’explosion de l’insécurité. L’activiste Nicholas Opiyo va même plus loin.

« Je pense que nous avons oublié que l‘écrasante majorité des gens dans ce pays vivent au jour le jour, rappelle-t-il. Leur interdire l’accès à l’espace public comme le font la police, les unités locales de sécurité ou l’armée est une façon de les condamner à une vie de colère, une vie sans espoir, un risque d’enflammer la communauté. Je pense que si nous continuons à violer les règles comme nous l’avons fait, il y aura une augmentation substantielle de la criminalité. Il y aura une augmentation de la criminalité urbaine à travers le pays. »

Accusées de violences contre d‘éventuels contrevenants aux mesures de confinements, les forces de sécurité sont sur la sellette. Pour apaiser le climat social, les autorités disent avoir pris des mesures pour éliminer des excès de zèle.

Devant les caméras de télévision, le discours de l‘équivalent à Kampala de l’adjoint au chef de légion de gendarmerie est volontiers ferme vis-à-vis des forces de défense et de sécurité.

« Toute personne qui sera rencontrée avec des fouets devra s’expliquer, menace Hurbert Anderson Bururo. Dans toutes les opérations, les matraques, les violences doivent être bannies. Par ailleurs, nous devons nous apprendre à gérer les contrevenants. On ne doit pas ajouter de la force aux mesures radicales. Puisque nous avons une équipe, nous pouvons interpeller cette personne. Mais ne faites pas le travail du juge sur le terrain. Ce n’est pas permis par la loi. Donc n’employez pas de violence dans l’application de ces directives.”

L’Ouganda a fait état lundi de 33 cas de Covid-19. Et Kampala est loin d‘être la seule capitale africaine où les mesures de confinement sont appliquées de manière brutale.

En Afrique du Sud, le gouvernement a condamné lundi les abus commis sur les civils par des soldats, principalement dans les townships.

 

 

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