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Voici la méditation pour ce mercredi de la 18ème semaine TO Paire(Père Xavier Bugeme)

Mes chers Paroissiens, chers frères et sœurs, 

Voici la méditation pour ce mercredi de la 18ème semaine TOPaire 

Lecture Jr 31, 1-7 Ct Jr 31, 10-13 Évangile Mt 15, 21-28 

Cette méditation s'inspire de Noël Quesson, de Claude Tassin, du Père Gilbert Adam (www.pere-gilbert-adam.org), d'André Sève, du Missel Emmaüs des Dimanches, de Myriam Gemma (Passionistes de Polynésie), etc 

  1. Enfermés dans les groupes dont nous faisons partie, nous ignorons trop souvent les autres. Il va de soi que Dieu est avec nous et pour nous. Nous méconnaissons superbement que notre privilège est grâce et que nous sommes appelés à faire vivre dans le rayonnement de celle-ci tous ceux que nous rencontrons. Rien de nouveau en cela ! Ce fut déjà la tentation du peuple d'Israël. Appelés à être l'avant-garde des nations et le témoin du Dieu Sauveur dans le monde, Israël méconnut le sens de sa mission. C'est dans ce peuple que Jésus naquit. C'est en lui qu'il puisa sa spiritualité aussi bien que sa culture. Il s'en montra solidaire. Mais, comme nous le voyons dans le texte de l'Évangile de Matthieu que nous méditons aujourd'hui, il en fit éclater les limites quitte à en être rejeté. Il répondait ainsi pleinement à l'appel d'un Dieu dont l'Esprit soulève une humanité tendue vers la plénitude. 
  2. . Les Judéo-chrétiens auxquels d'adresse Matthieu étaient encore liés au monde juif, même si celui-ci tendait à les rejeter hors de la communauté. "Ils s'interrogeaient sur leur attitude vis-à-vis de païens qui de plus en plus s'ouvraient à la foi"(Commentaire du Missel Emmaüs des Dimanches). Matthieu, ici, semble vouloir répondre à leurs problèmes en évoquant l'attitude de Jésus. S'étant heurté à l'incroyance des siens, celui-ci vint en pays païen. Face à la Cananéenne qui le suppliait de sauver son enfant, il commence d'abord par se montrer solidaire du monde juif. Il affirme ainsi le caractère unique de son peuple. Mais, ensuite, il partage le pain des enfants avec ceux que ses compatriotes considéraient comme des chiens. La Cananéenne est une maman. Et j'ai comme l'impression que derrière chaque mère, Jésus voyait sa mère, Marie. "Il ne rabroue pas trop la mère de Jacques et Jean qui demande pour eux des places de ministres (Mt 20, 20). Il guérit affectueusement la belle mère de Pierre. Il est bouleversé par la veuve de Naïm qui vient de perdre son fils"(André Sève).  
  3. . Je crois que cela fait mieux comprendre ce qui va se passer entre Jésus et cette maman cananéenne. Jésus est juif devant la païenne. Apparemment, il ne veut pas avoir affaire à elle. C'est pénible pour elle. Ce l'est aussi pour les jeunes d'aujourd'hui qui supportent mal ces histoires entre races et religions différentes : oui ou non, Dieu est-il pour tous ? "Cet universalisme d'aujourd'hui, profondément sympathique, risque tout de même de rester théorique. On ne peut pas enjamber si aisément les différences. Il faut composer avec les progressions et les lenteurs"(André Sève). Jésus a tout accepté de la condition d'hommes, y compris les limites, et la recherche parfois difficile de la volonté du Père.    
  4. . Nous, nous sommes si prompts à juger Dieu : pourquoi un peuple élu ? Pourquoi Jésus voulait-il laisser tomber la Cananéenne ? La réponse est simple. C'est parce que Jésus, juif, entre dans le plan du salut tel qu'il le connaît par les Écritures de son peuple, et ce plan comporte deux données très claires : 1. Dieu veut sauver tous les hommes. 2. En passant par les juifs. A ce moment précis, Jésus ne se sent envoyé que "pour les brebis perdues d'Israël". Mais il y a cette mère. Elle ne demande, en fait, rien. Elle ne fait que lui présenter le mal qui assaille sa fille.  
  5. . Mais Jésus fait le "sourd". Certains ont imaginé qu'il jouait à l'indifferent pour amplifier la foi de cette pauvre femme ! "Une foi qui se manifeste par son humble insistance qu'on remarque par le commentaire de disciples : "Donne-lui satisfaction, car elle nous poursuit de ses cris"(Joan Serra i Fontanet, www.evangeli.net). Elle qui n'est pas juive le reconnaît comme "Seigneur". En réalité, Jésus ne fait pas le "sourd". Il garde silence. Et ce silence est lourd de Sens.  
  6. . Il faut, pour comprendre ce qui précède, revenir à la racine de la foi chrétienne : le mystère de l'Incarnation. Jésus est vrai Dieu et vrai Homme. Comme homme, Jésus est tout simplement embarrassé. Écarter cette mère ? L'exaucer pour s'en débarrasser comme le lui suggèrent les disciples ? Eux, ils sont plus agacés et méprisants que préoccupés par les plans de Dieu. "Jésus commence à fléchir et lui donne au moins ce qu'il peut donner : la gentillesse d'un dialogue. Laisse d'abord les enfants se rassasier. Il ne faut pas jeter trop vite le salut aux non-prépares, les petits chiens"(André Sève). 
  7. . Mais cette mère a tout de suite saisi la nuance amicale. Elle ne se fâche pas, elle ne réplique pas méchamment aux paroles de Jésus. Au contraire, elle lui donne raison. Elle sait que les petits chiens sont très aimés dans la maison. C'est une maman, elle est vive, un élan fou la porte vers celui qui peut sauver sa fille. Comme si elle disait à Jésus : Oui, Seigneur, c'est vrai. Mais les petits chiens sont sous la protection de leur maître et ils mangent les miettes. Et moi, je ne demande pas le pain. Je demande seulement quelques miettes pour sauver ma fille. Songe d'abord aux enfants, mais ne tarde pas à songer aux petits chiens qui croient peut-être encore plus en toi. Ce cri de foi dénoue Jésus. "Devant cet amour maternel et devant cet acte de foi et d'humilité, Jésus manifeste l'action de Dieu en guérissant la fille de la Cananéenne au nom de sa foi"(Père Gilbert Adam). 
  8. . La Cananéenne, cette femme débrouillarde, à la foi si simple et si fine vient de rompre en Jésus une limite. Sa foi pousse Jésus à poser le geste qui signe la totale prééminence de la foi. "L'impure a bénéficié de la grâce accordée jusque-là aux purs, du moins à ceux qui croient l'être, les juifs. C'est une grande révolution, et les apôtres vont apprendre cette leçon. Des cris qui les dérangent, ils vont passer au regard de foi de cette femme. Et de leurs petits conforts personnels, ils vont passer à la foi qui sauve !"( Myriam Gemma). Deux niveaux bien distincts de vie avec Dieu.  
  9. . Ce qui se passe avec la Cananéenne nous révèle que désormais tout va dépendre de la foi. Les juifs avaient la priorité, la Cananéenne était une maman simple, humble et audacieuse et persévérante, mais une seule chose a compté, une seule chose comptera désormais : "Ô femme, que ta foi est grande"(v. 28). Pour Jésus, finalement, la pureté se trouve dans le cœur, dans la foi et pas dans les apparences sociales... "La Cananéenne nous offre une très leçon : elle donne raison au Seigneur, qui a toujours raison. Quand on se présente devant le Seigneur, il ne faut jamais vouloir avoir raison. Il ne faut pas se plaindre, et si on le fait, il faut toujours finir par lui dire : "Seigneur, que ta volonté soit faite"(Joan Serra i Fontanet). 
  10. . En quoi ce texte nous concerne-t-il aujourd'hui?, se demande Myriam Gemma. Réponse : " Dans notre vie que nous pensons proche de Jésus, nous sommes souvent comme les apôtres en regardant les autres de façon très humaine, et du haut de notre soit disant sainteté, du haut de notre proximité avec Jésus et le Ciel"(Myriam Gemma). Et ce n'est pas fini, à mon avis, car, au cœur même de notre service d'église, nous jugeons les autres sur leurs apparences, sur leur vie, et nous sommes vite près à les exclure de "notre église", ou, en tout cas, à leur en limiter l'accès et la participation. Nous voyons bien quelle leçon Jésus nous donne aujourd'hui. Nous ne sommes pas plus saints que les autres. Devant Dieu, nous sommes tous de pauvres pécheurs, et Jésus est venu pour nous sauver tous, pour nous délivrer de l'emprise du mal. Il nous appelle à changer notre regard et notre comportement. 
  11. . Nous sommes appelés à aimer vraiment, à être témoin par nos paroles et nos actes. Ce 05 Août, où nous fêtons la Dédicace de la Basilique Sainte Marie Majeure, demandons à Marie de nous obtenir de son Fils la grâce de savoir regarder et voir dans les autres des enfants de Dieu comme nous, de savoir nous laisser déranger par eux pour qu'ils s'approchent de Dieu et qu'ils soient guéris. Tout dans et avec foi, car la foi obtient tout. On le voit ici. "Jésus respecte les étapes de la mission que lui a donné son Père ; il annonce le règne de Dieu à Israël. C'est la communauté de ses disciples qui devra l'annoncer aux païens"(Commentaire du Missel de l'assemblée pour la semaine). Mais là où la foi ouvre le cœur et suscite une humble prière, Jésus ne peut rien refuser, et toutes les étapes peuvent être brûlées. C'est ce qui arriva à la Cananéenne !                                                                                                                 Père Xavier Bugeme sj Curé de la Paroisse Christ Roi de Mangobo à Kisangani

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