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Samedi de la 22ème semaine TO Paire : Il n'y a pas de chrétien sans Jésus. Et Jésus n'est pas là lorsque le chrétien répond aux commandements qui ne conduisent pas au Christ.(Père Xavier Bugeme Sj)

Mes chers Paroissiens, chers frères et sœurs, Paix ! 

Voici la méditation pour ce samedi de la 22ème semaine TO Paire. 

Lecture 1Co 4, 6-15 

Ps 144,17-21 

Évangile Lc 6, 1-5 

Nous avons déjà médité cet épisode, raconté par les synoptiques.

Luc, écrivant pour des païens, peu habitués au légalisme juif, résume la scène, sans reprendre tous les arguments tirés de la Loi, que Matthieu rapportait, lui, pour ses lecteurs palestiniens. 

Un jour de Sabbat, dans la belle nature d'été, au temps des moissons, traverse des champs de blé. Et voilà que ses disciples se mettent à arracher des épis et à les manger. Un geste, pour nous, aujourd'hui, si naturel, si anodin, simple et même machinal.

Mais pas pour les pharisiens, pour qui, il y a là une violation de la règle du Sabbat !   Ce n'est d'ailleurs pas la première fois ou le seul cas où Jésus semble violer la règle du Sabbat.

Souvent, Jésus s'est heurté aux gens étroits qui interprétaient de manière exagérément pointilleuse les prescriptions rituelles.

En fait, on ne peut pas dire que Jésus enfreignait la Loi de Moïse, car, nulle part on ne trouve de telles interdictions.

Mais les traditions, au cours des âges avaient rajouté toutes sortes de détails à la Loi : "On comptait jusqu'à trente-neuf gestes interdits le jour du Sabbat"(Noël Quesson).  Il n'est pas sans importance de rappeler que là aussi Jésus nous a libérés.

L'homme a une fâcheuse tendance à donner une importance démesurée aux "moyens", en oubliant parfois le "but", l'essentiel. Il nous faut apprendre à voir dans notre foi, dans nos coutumes religieuses, dans les rites, à voir d'abord le but profond.

Les modes d'expression peuvent changer, l'essentiel demeure. 

Pour nourrir notre méditation, je vous propose une réflexion du Père Jean-Louis d'Aragon, SJ.  

Bonne méditation à nous tous. (Père Xavier Bugeme sj). 

Un touriste américain rejoignait en taxi son hôtel à Paris. Comme c’était la nuit, la circulation était presque nulle.

Parvenu à un feu rouge, le chauffeur regarda de chaque côté de l’intersection, puis continua sa route. À une nouvelle lumière rouge, il poursuivit son chemin de la même manière. La troisième fois, le touriste manifesta son étonnement : « Vous n’observez donc pas le règlement qui défend de traverser une intersection quand la lumière est rouge ? » Le chauffeur rétorqua : « Avez-vous vu une automobile venir vers nous à chacune de ces intersections ? Pensez-vous que je vais me laisser mener aveuglément par un objet comme une lumière rouge ? » Le touriste se dit que ce chauffeur avait peut-être raison, même si une telle liberté, répandue partout, pouvait provoquer le chaos.

Au fond, ce chauffeur contestait l’application rigoureuse de la loi en n’importe quelle circonstance.

Le droit de propriété peut-il être absolu quand des pauvres crèvent de faim ? Était-il juste de condamner au bagne Jean Valjean, dans les Misérables de Victor Hugo, pour avoir volé un pain afin de nourrir sa petite nièce affamée ?

Le cas est évidemment extrême, mais il met en relief l’opposition entre la loi rigide et une valeur fondamentale.

C’est la conscience éclairée qui doit juger entre l’application de la loi et cette valeur humaine. Quelquefois, une loi édictée pour une époque, en fonction d’une situation particulière, n’a guère de signification dans des circonstances nouvelles. 

1. L’accusation des Pharisiens  Les adversaires de Jésus admettaient qu’un voyageur affamé avait le droit de manger le grain dans le champ du voisin. Ce n’était pas un vol.

Il pouvait grappiller avec la main, mais non pas avec une serpe, car ce serait alors l’équivalent de moissonner. Ce que les Pharisiens dénonçaient dans le geste des disciples, c’était le travail le jour du sabbat.

La défense de tout travail le 7e jour de la semaine devait imiter le repos du Créateur (Gn 2,3). Elle rappelait également la libération de l‘esclavage en Égypte.

Le Seigneur avait libéré son peuple de la servitude, pour l’appeler à la liberté et à la joie.  Les exilés revenus de Babylone (vers 540 av. J.C.), formaient un petit groupe autour de Jérusalem, dominé par les Samaritains et les païens.

Menacé d’être assimilé et de perdre son identité, le peuple, dirigé par Néhémie, Esdras et les prêtres, se replia sur lui-même et coupa tout contact avec l’étranger.

On multiplia les interdits : défense d’épouser des femmes étrangères, de fréquenter les païens, … Au retour d’une région païenne, on devait secouer même la poussière de ses pieds, afin de ne rien emporter de l’extérieur dans la Terre promise, un pays sacré.

Les Pharisiens, par la suite, multiplièrent intentionnellement les prescriptions et les interdits, jusqu’au nombre de 613 au temps de Jésus, pour dresser une « haie », un mur, entre le peuple élu et les gens de l’extérieur, toujours dans le but d’éviter la contamination et la perte de son identité.

Qui ne voit qu’une telle série de prescriptions et d’interdits forment, selon le jugement du Christ, un « poids insupportable » (Mt 11,28), qui brime la liberté humaine et qui ramène l’homme, en quelque sorte, à l’esclavage.

Le sabbat, que le Créateur a voulu comme un jour de repos et de joie, devient pénible, chargé de multiples prescriptions et de défenses.

Elles se multiplient logiquement, lorsque la loi prétend prévoir les moindres actions humaines en toute circonstance. On substitue alors la loi à la conscience. 

2. Jésus défend la liberté  Au temps de Jésus, un exemple de l’histoire sainte, surtout du roi David, est un argument déterminant. Dans le cas évoqué par Jésus, David et ses compagnons, poursuivis par le roi Saül, se rendent à Nob, chez le prêtre Ahimélek.

À la demande de David, le prêtre leur donne les pains consacrés (1 Sam 21,2-7).

La nécessité ressentie par ces hommes affamés l’emporte sur le caractère sacré de ces pains, que personne, sauf les prêtres, avait le droit de manger.

  Jésus confirme cet exemple de l'Ancien Testament, en affirmant son autorité sur la loi.

Cette autorité est celle du Fils de l’homme, qui a même le pouvoir divin de pardonner les péchés (Lc 5, 24).

Une telle autorité s'étend donc encore plus sur les règles qui régissent l’observance du sabbat. 

Homélie du Père Jean-Louis D’Aragon SJ., recueillie et proposée par le Père Xavier Bugeme sj , Curé de la paroisse Christ Roi de Mangobo.

 

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