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Sud-Kivu : Lutte contre les éboulements, incendies et naufrages, Le CCPSC prêt à accompagner le gouvernement provincial.

 

Le Cadre de Concertation Provincial de la Société Civile du sud-Kivu a remis à l'autorité provinciale sa note de plaidoyer de lutte contre les éboulements, incendies et naufrages en province du Sud-Kivu. C'était à l'issue d'une audience avec le gouverneur Théo Ngwabidje Kasi tenue le mercredi 23 septembre 2020 dans la salle des réunions du gouvernorat.

 

Dans cette note, le Cadre de Concertation Provincial de la société civile souligne que depuis plus de 5 ans, le Sud-Kivu assiste à des tragédies épisodiques et les populations font face à des vagues des morts et des pertes énormes des biens chaque fois que des cas des catastrophes se produisent. Ces catastrophes sont sous plusieurs formes: incendies, glissements et affaissement de terrain (éboulements), naufrages sur le lac ou sur la rivière RUZIZI et ULINDI, crues des rivières et torrents… Sur le temps, leurs conséquences sont incalculables.

 

Le constat est fait par les acteurs de la société civile réunis du 25 au 26 août 2020 à l’hôtel Mont Kahuzi de Bukavu pour expliquer et comprendre les dynamiques des incendies, éboulements et naufrages en province du Sud-Kivu est alarmant.

 

Dans la ville de Bukavu, ce sont les incendies récurrents et les éboulements qui endeuillent et appauvrissent les ménages des quartiers pauvres caractérisés par leur forte densité démographique, une promiscuité sévère et une anarchie urbanistique. 

Le lac Kivu, voie par excellence de navigation lacustre est devenu un cimetière pour les embarcations motorisées, occasionnant le plus souvent beaucoup de pertes en vies humaines et en biens marchands des paysans. 

 

Cette note de plaidoyer démontre que sur une période de 10 ans, les incendies ont emporté à Kadutu dix personnes et ravagées 1016 maisons réparties comme suit : 497 maisons dans le quartier Nkafu, 240 à Nyamugo, 101 à Cimpunda, 35 à Kasali, 100 à Mosala, 23 à Kajangu et 20 à Nyakaliba. 

 

Dans la même période,  les éboulements ont  tué 12 personnes et rasé 240 maisons au quartier Nkafu, 27 à Mosala , 30 à Kajangu, 15 à Nyakaliba et 8 à Kasali.

 

La commune d’Ibanda n'a pas été  épargnée : les incendies ont consumé plus de 500 maisons dans les quartiers Essence chez Rumama (plus de 3 fois), Gyamba (plus de 2 fois), Irambo (plus de 4 fois), Nyawera/PNMLS, Kibombo (près de l’assemblée des Branhamistes), Route d’Uvira (voir Jeunesse), Muhungu La Voix, La botte derrière la maison communale d’Ibanda, Panzi Mulengeza, Panzi Mushununu en face du marché, Vamaro, Bureau DGDA, Hôtel de poste, Nguba (derrière feu vert) et Derrière Hôtel Mont Kahuzi.

 

Les éboulements ont affecté les sites suivants : Vamaro, Route d’Uvira (sur plusieurs endroits), La sapinière (près d’ELAKAT), Chez Bourguignon, kazaroho, Mulengeza, Ndendere sur Avenue Saio, Luziba,  Gyamba, Athénée Au bord du lac Kivu; Etc.

 

La Commune de Bagira a aussi enregistré son lot d'incendies : mort de 4 enfants à Mulambula, 2 morts et plusieurs blessés à Makoma et maisons calcinées : 6 à Makoma I, 9 à Kanoshe, 30 maisons et 45 kiosques à Cikonyi route Bralima Kasha, 3 au quartier Cahi avenue Risasi, 3 à Buholo Kasha, une sur Avenue Nkumbira, sentier Nyangwe n°6, une maison de veuve complétement incendiée sur Avenue Shahidi au quartier Mulambula, 1 maison à Makoma II, Mulambula, 4 enfants meurent dans un incendie, 3 maisons à Cikonyi, 3 à Buholo Kasha, à Buholo II, 3 maisons et 10 endommagées, 4 enfants meurent dans un incendie à Cikera (une même famille) et enfin une maison calcinée, 1 papa et ses 2 fils perdent la vie à Lugamba au quartier Lumumba. 

 

Les éboulements : en mars 2020, à Buholo-Kasha ont fait 2 personnes mortes, 1 personne blessée et 1 maison complétement détruite, en Mai 2019 sur avenue du moulin à Fariala,  1 père  et ses 4 enfants ont été ensevelis dans l’éboulement, en décembre 2019, sur avenues Lugamba, Nyakabera et Nyantenu I et II et Fariala puis en janvier 2020, 1 enfant tué à Bagira.

 

Les naufrages sur le lac Kivu depuis 2015 sont l’apanage des Boats motorisés souvent surcharges des biens et des personnes. Seul un cas de bateau classique a été enregistré.  

 

Axe Minova/Kalehe : en 2015, plus de 100 morts tuées par un boat noyé, en 2016, trois pirogues font naufrage (Idjwi-Bugarura), 2 pirogues ont chaviré causant 30 morts, en 2017 à Kihumba (Idjwi Nord) une pirogue a fait naufrage tuant 8 personnes, en 2018, à Ishungu-Iko (Kalehe) avec plus de 50 morts puis Luhihi-Kalehe avec plus de 10 morts, en Août 2019, une pirogue (vers La botte) dans Nyamoma par manque de balisage (balise) a fait naufrage et tué 7 personnes et en 2020, une pirogue motorisée à Muhumba a tué 7 personnes.

 

Le président du Cadre de Concertation Provincial de la Société Civile Me Zozo Sakali précise que les causes lointaines ou actuelles, conjoncturelles ou structurelles, visibles ou invisibles qui favorisent la recrudescence des catastrophes sont d’origine humaine et naturelle et sont dues à la défaillance des services publics de l’Etat, les constructions anarchiques, la vente des parcelles aux sites impropres à la construction, l’impunité, le comportement non urbain de la population, le morcellement des parcelles, les mauvaises installations des panneaux solaires, la persistance du phénomène « dahoulage ».

 

Les naufrages sont justifiés par la mauvaise application des mesures de navigation piégée par une politisation de l’administration, le manque des sites de natation ou plages, le non balisage du lac (manque des balises/signalisation), l’octroi des documents de navigation aux capitaines des bateaux non formés et ceci sans tenir compte du code de navigation etc.

 

Pour réduire toutes ces catastrophes, les acteurs de la société civile ont recommandé au  gouvernement national : l'électrification sécurisée des villes et entités rurales avec une modernisation de la desserte par système « cash power » et l'expansion de la ville dans le strict respect des normes urbanistiques modernes mais aussi au Gouvernement provincial et les partenaires au développement de baliser les lacs Kivu et Tanganyika

 

Baliser et réglementer la traversée sur la rivière Ruzizi, remettre en état et multiplier les bouches anti-incendie dans la ville à travers les avenues, alléger la procédure d’obtention des documents fonciers (autorisation de bâtir, certificat,…) et doter d’au moins un véhicule anti-incendie chacune des communes et matériel de secours comme casques de feu avec lunettes de protection et pare-flamme, des vestes en coton de protection de feu, des gants de protection, des longues échelles, les haches, des motopompes et des tuyaux de puisement et de refoulement, des extincteurs, des torches et annuler tous les titres cadastraux obtenus sur les sites impropres à la construction. 

 

Me Zozo Sakali a fait savoir que les organisations de la Société Civile affiliées  au Cadre de Concertation Provinciale de la société civile du Sud-Kivu se sont engagés à mener des actions de plaidoyer auprès du gouvernement et auprès de certains partenaires pour trouver des moyens de prévention de ces fléaux ;

 

Sensibiliser et conscientiser la population sur les mécanismes de prévention et de gestion des catastrophes ;

Plaider auprès de l’autorité la cause d’interdire la vente des parcelles sur les sites impropres à la construction et éradiquer les constructions anarchiques, faire le monitoring des incendies et monter une méthode d'alerte rapide en cas d’incendie, reboiser les sites dénudés et dangereux ;

Sensibiliser  et conscientiser la population sur la protection environnementale. 

 

Il sied de signaler que ce travail de plaidoyer a été mené grâce à l'appui technique et financier de l'Union Européenne à travers le consortium Diakonia, Caritas et le Cadre de Concertation National de la Société Civile en République Démocratique du Congo.

 

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