Erdogan pointe le rôle de la France dans le génocide rwandais et la guerre d'Algérie
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a fustigé mercredi ceux qui “donnent des leçons” à la Turquie à propos du “génocide arménien”, notamment la France, qu’il a accusée d‘être responsable du génocide au Rwanda.
“Si nous regardons ceux qui essayent de donner des leçons sur les droits de l’homme ou la démocratie à la Turquie avec la question arménienne et la lutte contre le terrorisme, nous voyons qu’ils ont tous un passé sanglant”, a affirmé M. Erdogan, lors d’un discours télévisé à Ankara.
“C’est évident, qui a tué 800.000 personnes dans le génocide au Rwanda ? Les responsables sont les Français”, a-t-il accusé. “Nous avons des archives et des documents qui le prouvent très clairement”.
La France est accusée par le pouvoir rwandais d’avoir été complice du régime hutu responsable du génocide de 1994, voire d’avoir pris une part active aux massacres, ce qu’elle a toujours nié.
Le ton est monté entre Ankara et Paris après l’instauration par la France d’une journée de commémoration annuelle, le 24 avril, du génocide arménien de 1915.
Le génocide arménien est reconnu par une trentaine de pays et la communauté des historiens. Selon les estimations, entre 1,2 million et 1,5 million d’Arméniens ont été tués pendant la Première Guerre mondiale par les troupes de l’Empire ottoman, alors allié à Allemagne et à l’Autriche-Hongrie.
Le déni turque
La Turquie, issue du démantèlement de l’Empire en 1920, refuse l’utilisation du terme “génocide”, évoquant des massacres réciproques sur fond de guerre civile et de famine ayant fait des centaines de milliers de morts dans les deux camps.
Les autorités turques ont par ailleurs interdit mercredi un rassemblement prévu à Istanbul pour commémorer le massacre des Arméniens, a constaté une journaliste de l’AFP.
Les forces de l’ordre ont dispersé une centaine de manifestants, dont une délégation internationale, qui avaient prévu de se rassembler devant l’ancienne prison, aujourd’hui Musée des arts islamiques, où furent détenus les premiers Arméniens arrêtés le 24 avril 1915.
“Ça fait neuf ans que les commémorations du génocide arménien sont organisées ici, c’est la première fois qu’il y a une interdiction des autorités”, a expliqué à l’AFPBenjamin Abtan, président de l’Egam (European Grassroot Antiracist Movement), dénonçant une “insulte à la mémoire” des Arméniens.
Un second rassemblement prévu dans la soirée a néanmoins pu se tenir sur la place de Sishane, non loin de l’avenue Istiklal d’Istanbul. Une cinquantaine de personnes se sont réunies sous haute surveillance policière, une quinzaine de minutes seulement, brandissant notamment des portraits de victimes des massacres de 1915, selon un correspondant de l’AFP.
Vers la fin de ce rassemblement, une vingtaine de manifestants sont arrivés non loin, brandissant des bannières s’opposant au terme de “génocide” et scandant des slogans opposés aux Etats-Unis, selon l’AFP. Aucun heurt n’a cependant eu lieu entre les deux groupes ou avec les forces de l’ordre.