Bukavu : Au-revoir gratuité, voici certaines écoles qui font payer la prime

Depuis l'année scolaire 2019-2020, le chef de l'État Congolais Félix Tshisekedi a décrété la gratuité de l'enseignement de base conformément à l'article 43 de la constitution de la République Démocratique du Congo qui stipule :

" Toute personne a droit à l'éducation scolaire. Il y est pourvu l'enseignement national. L'enseignement national comprend les établissements scolaires officiels et privés agréés. La loi fixe les conditions de création et de fonctionnement de ces établissements. Les parents ont le droit de choisir le mode d'éducation à donner leurs enfants. L'enseignement primaire est obligatoire et gratuit dans les établissements publics". 

Dès l'annonce de la gratuité de l'enseignement de base, les syndicats des enseignants ont exigé que les enseignants qui étaient jadis pris en charge par les parents "prime", les soient par le gouvernement faisant allusion à l'article précité.   

Cette disposition constitutionnelle peine à être respectée dans les établissements scolaires publics compte tenu de plusieurs paramètres, notamment : la prise en charge des enseignants et les fonctionnements de ces écoles par l'État congolais, mais également des mouvements de grève qui ont débuté et qui n'ont pas abouti à des résultats auxquels ils s'attendaient.

Une majeure partie des enseignants nouvelles unités et non payés n'avaient pas été pris en charge, la suppression des zones salariales et le paiement du premier et deuxième palier, demeurent un problème sérieux.  

A l'ouverture de l'année scolaire 2020-2021, les syndicats des enseignants ont à nouveau décrété un mouvement de grève pour les mêmes revendications, mais les chefs d'établissements scolaires ont pris des dispositions pour contourner non seulement les syndicats grévistes, mais aussi la gratuité de l'enseignement de base. 

Au Sud-Kivu, dans la ville de Bukavu, la prime est une réalité. Les gestionnaires d'écoles ont bafoué le mot d'ordre du chef de l'État Félix Tshisekedi.  

Un parent d'élèves qui s'est confié à libregrandlac.com sous anonymat, précise qu'il a déjà payé la prime et ce, dans plusieurs écoles.  

A L'Institut Technique Fundi Maendeleo "ITFM", les parents paient 85 dollars américains par trimestre en deux tranches : la première tranche va du 12 au 30 Octobre, c'est 50 dollars américains et la deuxième tranche va 30 Octobre au 15 Novembre 2020, c'est 35 dollars, renseigne-t-il.

A l'Institut Fadhili, les parents paient 52 dollars américains pour le premier trimestre et 25 dollars pour la construction.   

A l'EP Mosala révèle-t-il, le directeur a tenu la semaine dernière une assemblée générale des parents au cours de laquelle, les parents ont été exigés de payer 12 dollars par trimestre. 

Même chose, à l'EP Buholo3 garçons, où il a été convenu 3 dollars américains par mois comme prime. 

A Asteria Urafiki, la sœur directrice à fixé la prime 5 dollars américains par mois et ce, sans consulter les pauvres parents, s'indigne notre source. 

Au Lycée Mapatano, les parents paieront 150 dollars américains pour l'année scolaire 2020-2021, en raison de 50 dollars américains par trimestre.  

La prime est également payée au Collège Alfrejiri, au Lycée Wima, à l'EP Kitumaini, à l'Institut Nyalukemba,... et dans plusieurs autres écoles publiques et conventionnés catholiques et protestantes.  

"Les parents sont dans un dilemme, faudra-t-il laisser nos enfants à la maison, au moment où les autres sont entrain d'étudier? La prime est une réalité et est revenue avec force, le gouvernement nous a roulé dans la farine et les parents doivent se prendre en charge", dit ce parent.  

Il dit avoir les pièces justificatives de la paie de la prime dans les écoles où ses enfants étudient, mais à L'ITFM par exemple, le reçu est libellé, "contribution à l'avancement de notre école".  

Le gouvernement saura-t-il revenir à la situation et imposer cette gratuité longtemps recherchée par les parents congolais ?

Attendons voir, mais les espaces nés de l'annonce du chef de l'État, s'effritent déjà.