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Lorsqu'un nouveau pouvoir vient à s'imposer, les hommes se précipitent et se bousculent. C'est à qui se fera bien voir pour espérer obtenir la bonne place. Dans le Royaume, rien de tel. La manifestation du Christ dans sa gloire ne fera que mettre en pleine lumière la vérité des cœurs. Le Christ est justement ce Roi face auquel éclatera cette vérité(Père Xavier Bugeme sj)

Mes chers Paroissiens, chers frères et sœurs,

Paix !

 

Nous célébrons la Solennité du Christ Roi de l'Univers, notre fête patronale. TO A

 

Première lecture Ez 34, 11-12.15-17

Ps 22

Deuxième lecture 1Co 15, 20-26.28

Évangile Mt 25, 31-46

 

Lorsqu'un nouveau pouvoir vient à s'imposer, les hommes se précipitent. Chacun fait valoir ses mérites. Ceux qui avaient méconnu la puissance montante s'empressent de mettre en valeur des services jusque-là ignorés par les autres. Et parfois, par eux-mêmes.

 

C'est à qui se fera bien voir pour espérer obtenir la bonne place. Dans le Royaume, rien de tel. La manifestation du Christ dans sa gloire ne fera que mettre en lumière la vérité des cœurs. Le Christ est ce Roi face auquel éclatera cette vérité.

 

Les meilleures intentions, les plus belles déclarations, pourraient soudain se trouver frappées de nullité. Car la vérité des cœurs, c'est celle qui se sera manifestée dans des actes concrets concernant les relations humaines. Ces relations auront-elles reflété ou contredit la générosité diviine ? La réponse à cette question jugera les hommes. 

 

Étonnante remise en ordre d'une humanité où bons et méchants se confondaient souvent. Que de surprises alors ! Telle une procession enfin réorganisée après un temps de flottement, cette humanité pourra marcher à la rencontre de son Seigneur.

 

Pour nous aider dans notre méditation, je vous propose cette réflexion de Mgr Pizzaballa(www.lpj.org).

 

Bonne méditation à toutes et à tous et très bonne fête du Christ Roi de l'univers. (Père Xavier Bugeme sj)

 

L’année liturgique se termine ce dimanche avec la solennité du Christ roi de l’univers.

 

Et le passage de l’Evangile (Jn 18,33-37) nous montre la rencontre entre Pilate et Jésus pendant le procès qui le conduira à être condamné à mort. Alors qu’un procès juif prévoyait la présence de témoins, en faveur ou contre l’accusé, un procès romain s’appuie essentiellement sur l’interrogatoire par le juge. C’est pour cela que nous assistons chez Pilate à une intense confrontation et à un dialogue sur un thème précis.

 

Le dialogue voit se confronter Jésus, roi des Juifs, et Pilate, le représentant du pouvoir romain et de la royauté terrestre.

 

Ce dialogue tourne essentiellement autour du thème de la royauté : Pilate demande à Jésus si il est effectivement le Roi des Juifs (Jn 18,33). Le terme « roi » revient 12 fois au cours de tout le procès. C’est vraiment le fond du problème et, finalement le grand défi de l’homme : savoir qui est le roi.

 

Il est interessant que cette question ne provienne pas des chefs du peuple, qui avaient livré Jésus à Pilate. À vrai dire, ils se gardent bien de prononcer le mot « roi ». Ils livrent donc Jésus en disant qu’il est un « malfaiteur » (Jn 18,30). Et lorsque Pilate fera mettre l’inscription au dessus  de la croix, attestant justement la royauté de Jésus, ils tenteront de la faire changer en précisant que ce dernier n’est pas roi mais qu’il s’est lui-même définit ainsi (Jn 19,21).

 

Cet épisode nous permet de comprendre combien la question est centrale.

 

Pour Jésus ce n’est pas une question nouvelle. Il semble même que ce thème de la royauté accompagne son parcours du début à la fin. En effet, dans l’Evangile de Matthieu (Mt 2,7ss.), tout de suite après la naissance de Jésus, nous assistons à une confrontation avec un roi. Et dès le début nous comprenons clairement que cette situation avec deux rois, l’un à coté de l’autre, n’est pas possible. Hérode cherchera à supprimer cet enfant qui a été défini comme roi car il n’y a pas de place pour deux rois.

 

Cependant le problème est de comprendre ce que l’on entend par « roi ». C’est une question cruciale dans la Bible.

 

Pour nous aider à comprendre, faisons un pas en arrière et revenons à un épisode raconté dans le livre de Daniel (Dn 3). Ce passage concerne certains jeunes israélites de la diaspora qui ont été déportés à Babylone durant l’exil. Ces jeunes gens étaient alors conduits à la cour et introduits au meilleur savoir de l’époque. Cependant, ils étaient aussi restés fidèles à leurs coutumes. Ainsi, lorsque fut promulgué un édit stipulant de s’agenouiller devant la statue du roi Nabuchodonosor, ils refusèrent. Car on ne peut s’agenouiller que devant Dieu, unique et vrai Roi, unique Seigneur.

 

Cet épisode nous fait comprendre de quelle royauté Jésus accepte d’être Seigneur. Si les rois terrestres prétendent que l’on s’agenouille devant eux, et demandent l’honneur et la puissance, Jésus, lui, fait exactement le contraire. Quelques jours avant cet épisode devant Pilate, Jésus non seulement ne demande pas que l’on se prosterne devant Lui, mais c’est Lui qui se dépouille et s’incline pour laver les pieds de ses disciples (Jn 13,1-5). C’est ce que ferait un esclave avec son propre maitre.

 

Jésus est donc roi. Mais il ne l’est pas selon nos propres catégories de la gloire et du pouvoir. Il est roi dans le service et dans l’humilité, dans le don de soi. Il ne nie pas être roi, mais il affirme  l’être de manière différente, selon une autre logique.

 

C’est bien pour cela qu’il dira à Pilate que son règne n’est pas de ce monde. Son autorité ne lui vient pas des hommes. Si il en avait été ainsi, il l’aurait défendue avec force. Et même lorsque quelqu’un tentera de le défendre, comme le fera Pierre à Gethsémani (Jn 18,10-11), Jésus se détachera de ce comportement et exposera sa disponibilité à embrasser la logique du Père, avec une confiance totale.

 

Le royaume duquel Jésus est Roi n’a donc pas d’armée et pas de territoires à défendre.

 

Il a seulement un objectif : manifester aux hommes la vérité (Jn 18,37) qui les rend libres, comme les jeunes israélites déportés à Babylone étaient libres. Dans le livre de Daniel, il nous est dit qu’une fois jetés dans la fournaise, ils se promenaient tranquillement au milieu des flamme, en priant et en louant Dieu (Dn 3,24). Dans leur prière, ils reconnaissaient être pecheurs, mais avaient aussi l’assurance que Dieu ne les auraient jamais abandonnés. Car celui qui se confie en Lui n’est jamais déçu (Dn 3,40).

 

Ceci est la vérité et c’est une vérité éternelle, qui l’emporte sur la mort.

 

C’est pour cela qu’elle ne peut être une vérité « tiède ». Car une vérité qui aurait besoin d’être imposée avec la force ne peut être la vérité : c’est une idéologie. L’idéologie craint la mort. Elle craint que sa tromperie ne soit démasquée. La vérité, elle, resplendit aussi dans la tribulation et dans la persécution. Elle ne craint pas de tout perdre.

 

En définitive, le Royaume duquel Jésus est Seigneur ne s’étend pas tellement sur des peuples ou des territoires. Il s’étend en premier lieu sur la vie de ceux qui écoutent la voix du Seigneur, et font un passage de la mort vers la vie.

 

Et pour faire cela, il n’existe qu’un seul moyen, une seule arme : la Parole. Ainsi celui qui écoute se place dans la Vérité et devient un homme vivant, un homme libre.

 

C’est pour cela que Pilate ne peut pas comprendre Jésus. Entre les deux il y a une distance abyssale. Pilate montrera à quel point il est prisonnier de ses propres peurs et surtout de la crainte de perdre son propre pouvoir. Il perdra alors l’occasion de connaître la vérité qui rend libre.

 

Réflexion recueillie et proposée par le Père Xavier Bugeme sj 

 

Curé de la Paroisse Christ Roi de Mangobo à Kisangani.

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