Les êtres vraiment fidèles le sont parce qu'ils ont fait confiance à la vérité entrevue et qu'ils en connaissent le prix.
Chers frères et sœurs, bien-aimés dans le Seigneur,
Shaloom !
Nous célébrons aujourd'hui le 19ème dimanche TO/C.
Première lecture Sg 18, 6-9
Ps 32
Deuxième lecture Hé 11, 1-2, 8-19
Évangile Lc 12, 32-48
Renoncez à votre infantilisme ! proclament souvent les sciences humaines modernes. Mais pour aller où ?
Est-il étonnant que leur appel à devenir adulte, ouvert aux autres, se soit si souvent retourné en recherche plus anxieuse que jamais de satisfactions immédiates, en agressivité, ou en sentiment exacerbé de frustration ?
La révélation chrétienne souligne bien que le paradis n'est pas derrière nous. Elle appelle à ne pas rêver du passé, à cesser de nous replier sur nous-mêmes. Mais elle est source d'un dynamisme réel, car elle ouvre un avenir. En invitant à l'amour total, elle nous assure que cet amour n'est pas vain : il est créateur d'éternité.
Ainsi la vie devient-elle épreuve, mais épreuve qui a un sens. Il nous appartient de répondre à un appel divin, inscrit au creux de notre être, et pleinement exprimé en la personne de Jésus. A travers la mort elle-même, nous pouvons accéder à une plénitude, celle de la rencontre totale des autres et de Dieu.
Pour notre méditation, je vous propose cette réflexion du Fr Jean-Christian L'Evêque, ocd. Bon dimanche à toutes et à tous.
Jésus viendra de nouveau. Nous sommes familiarisés depuis longtemps avec cette certitude, et cependant, quand on y pense sérieusement, il y a là quelque chose de bouleversant.
En un sens nous avons déjà tout ce qu’il nous faut pour vivre pleinement, c’est-à-dire pour vivre ensemble avec Dieu. Nous savons ce qu’il veut de nous, parce que Jésus nous l’a dit ; nous savons que Dieu vit avec nous et en nous, et qu’à travers nous il poursuit son œuvre dans le monde ; nous avons les sacrements de la foi, qui prolongent jusqu’à nous les gestes de Jésus sauveur, et aujourd’hui encore nous sommes rassemblés pour recevoir ensemble le Christ, Pain de Dieu.
Jésus est là, invisiblement, parmi nous, et pourtant il nous dit et nous redit : « Je reviendrai ».
Il reviendra, non pas pour démolir ce que nous aurons construit avec lui et pour lui, mais pour achever cela à sa manière, à la manière de Dieu. Il reviendra inaugurer ce qu’il appelle « les cieux nouveaux et la terre nouvelle ». Il viendra poser le sceau de Dieu sur toute œuvre de l’homme accomplie avec amour.
Nous ne savons pas quand, et encore moins comment, mais il est certain qu’il reviendra, et il nous demande de vivre comme des gens qui attendent Quelqu’un. Mais il y a bien des manières d’attendre : en s’énervant, ou comme celui qui n’y croit plus, ou activement, en préparant l’accueil de Celui qui vient.
Jésus a souvent parlé de cette longue attente, et les évangélistes (aujourd’hui saint Luc) ont pu regrouper plusieurs paraboles de Jésus, prononcées en diverses circonstances, mais toutes centrées sur la nécessité de rester vigilants.
Aux scribes, aux intellectuels, aux maîtres à penser, aux Apôtres, et, plus largement encore, à tous les responsables du peuple de Dieu, Jésus dit : « Attention ! Vous connaissez la volonté de votre maître ; il vous a confié la responsabilité de sa maison : il ne s’agit pas simplement de tuer le temps, ni de tout laisser aller, encore moins de faire porter aux autres le poids de votre propre désarroi. »
À chacun de nous, Jésus redit : « Je t’ai beaucoup donné, c’est pourquoi je te demande beaucoup ». Peu importe l’endroit où il nous a placés pour y porter du fruit ; l’essentiel est qu’en arrivant, il voie de la lumière chez nous et qu’il nous trouve au travail, en habits de travail.
D’ailleurs c’est un réflexe de prudence élémentaire : si notre maison est ouverte à tous les vents, si nous vivons sans profondeur, sans savoir ni pour qui ni pour quoi, sans réagir devant l’assoupissement ou la facilité, nous risquons de nous retrouver un beau matin cambriolés, comme privés brusquement de tous les fruits de notre travail et de notre foi, ayant perdu le goût de vivre et le sens de notre dévouement, de notre amour, ou de notre consécration. L’assoupissement qui nous guette, ce n’est pas tellement de cesser le travail, car souvent nous n’en avons que trop pour nos courtes journées, mais c’est de vivre à notre compte, de nous contenter d’un niveau honnête de vie fraternelle, d’attendre les efforts de ceux qui nous entourent. C’est pourtant cet éveil de la charité qui nous permettrait de porter sans nous faire porter, et de donner même ce que nous n’avons pas reçu.
Mais veiller par crainte serait finalement décevant, et Jésus nous ouvre une perspective beaucoup plus lumineuse : il nous faut veiller pour ne pas manquer sa visite.
Qu’il revienne à minuit ou à une heure impossible, même au petit matin, s’il nous trouve à notre poste, prêts à l’accueillir, le Seigneur nous dira : « Passe-moi ton tablier. Assieds-toi : mange les bonnes choses que tu as réchauffées pour moi ». Alors la mesure de notre fidélité sera la mesure de notre bonheur, et si nous avons su nous entraider pour veiller à plusieurs, c’est ensemble que nous mangerons ce dîner servi par le Christ : « il passera pour les servir ».
Mais y a-t-il encore place en nous pour l’espérance ? Attendons-nous vraiment la visite du Seigneur ? Ou bien avons-nous encore l’illusion de pouvoir accomplir par nous-mêmes notre propre vie, et remplir nous-mêmes la vie de ceux que nous aimons ? Celui qui vient devra-t-il nous réveiller avant d’être servi ?
Réflexion recueillie et proposée par le Père Xavier Bugeme sj
Curé de la Paroisse Christ Roi de Mangobo à Kisangani.
Commentaires (Total : 1)
José Munsaku
Merci Padre pour ce riche enseignement. Oui, nous sommes appelés à la.vigilance et à la persévérance pour ne pas rater le repas de noce. Que le Seigneur lui même veille sur nous et nous sauve. Bon dimanche à vous aussi.