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25 ans du statut de Rome : A Bukavu, les victimes n'attendent que justice

L'organisation SOS/Justice, sur initiative du Projet Badilika et la Clinique Juridique avec le soutien de la Fondation PANZI/USA, a organisé une séance d'échanges avec les victimes des crimes de masse dans la ville de Bukavu en Province du Sud-Kivu. C'etait à l'occasion du 25e anniversaire du Statut de Rome. Adopté le 17 juillet 1998, le Statut de Rome est le traité fondateur de la CPI, pour contribuer à mettre fin à l’impunité des auteurs des crimes les plus graves qui touchent la communauté internationale, à savoir les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité, le crime de génocide et le crime d’agression.

L'objectif de cette séance était de permettre aux victimes d'échanger et témoigner sur les atrocités subit par les victimes, mais également constituer ces victimes en comité urbain afin de porter plainte dans les jours à venir contre les présumés auteurs de ces violations graves des droits humains et obtenir justice.

Des témoignages sur l'histoire sombre de la guerre.

Des victimes présentes à ces échanges ont partagé leurs récits de l'histoire des massacres et assassinats lors de la guerre dite de "libération" en 1997. Des crimes commis tour à tour par des mouvements rebelles, entre autres : l'AFDL, le RCD et le CNDP de Laurent Nkunda et Jules Mutebutsi.

Des témoignages qui rappellent un passé sombre qui semble être oublié par le pouvoir congolais. Ces récits sont anonymes pour raisons de sécurité. 

" C'était un certain lundi aux environs de 7h, nous nous sommes réveillés sous les coups de feu à Kaziba dans le territoire de Walungu. Les "Rwandais", nous avaient regroupé à Nyamushwaga et nous avaient demandé si nous pouvions avoir quelque chose pour notre protection. Nous avions dit non, en suite ils avaient demandé des armes et des grenades que nous n'avions pas. Tout d'un coup, ils avaient commencé à nous tirer dessus. Nous étions 8 enfants dans notre famille, 6 ont été tués ainsi que mon père et ma mère. Nous sommes restés moi et mon frère. Moi, j'avais reçu des balles dans les côtes, la cuisse, le bras, dans la hanche, le sein et une autre avait tué l'enfant que je portais au dos. Le nombre exact des personnes qui ont été tuées n’est pas 230 personnes, elles étaient plus nombreuses que ça", témoigne une rescapée.

"Mon frère a été assassiné au niveau de l'Athénée d'Ibanda à Bukavu, les militaires avaient tiré sur le véhicule pendant qu'il transportait un malade à l'hôpital. Mon petit frère et deux autres personnes qui était dans ce véhicule sont morts sur le champ. Ils avaient été enterrés dans une fosse commune malheureusement aujourd'hui, cette fosse commune a été spoliée, des maisons y été construites", témoigne une victime de Bukavu.

"Lors de la guerre de l'AFDL, je suis resté dans la maison. Ma famille (Mon père, ma mère, mon oncle, ma petite sœur et trois petits frères) avait été obligée de fuire à l'aide d'une Jeep. Arrivée au niveau de l'Athénée d'Ibanda, la jeep a été bombardée, seul mon oncle a survécu. Trois jours après, nous les avons mis dans des baches et enterrés dans une fosse commune. La famille avait tenté d'y construire un mausolée, mais en vain. Toutes les personnes impliquées dans cette démarche avaient été arrêtées et emprisonnées à la prison centrale de Bukavu par le RCD. Aujourd'hui, les restes humains ont été déterrés et jetés dans le lac Kivu, des maisons y ont été construites", regrette une autre victime.

Le vœu de justice

Les victimes de ces atrocités n'attendent que justice. 25 ans après la signature du statut de Rome, les victimes congolaises ne se lassent pas et veulent voir le gouvernement Congolais et d'autres instances s'impliquer pour obtenir justice.

Une des victimes regrette que la République Démocratique du Congo ne soit à l'avant plan dans la démarche de recherche de justice car selon elle, d'autres pays où des crimes graves ont été commis, les victimes ont recouvert leurs droits.

"Qu'est-ce que nos dirigeants attendent pour que justice soit faite car nous avons perdu des personnes qui nous sont chères.  Ça nous fait très mal de ne pas avoir un pays ou des dirigeants capables de pouvoir commencer avec la justice pour qu'on arrive à punir ces étrangers qui sont venus exterminer le peuple congolais", dit-elle.

Dr. Mukwege, un espoir

Les victimes de ces atrocités ne perdent pas espoir malgré la longue attente de justice. Pour elles, il faut encore pousser afin d'obtenir justice et réparation.

Et pour y arriver, elles veulent voir le Prix Nobel de la Paix 2018, Dr. Dénis Mukwege, être soutenu et aller de l'avant avec le processus de justice transitionnelle en République Démocratique du Congo. Elles ont affirmé leur soutien pourqu'il tienne le flambeau encore plus haut afin de défendre le peuple congolais qui a trop souffert, mais également continuer à être ce défenseur des victimes et des plus démunis.

Pour rappel, à l'occasion du 25e anniversaire du Statut de Rome, le célèbre gynécologue congolais, Denis Mukwege, a appelé l’Assemblée des États parties à allouer un budget conséquent aux organes de la Cour Pénale Internationale "CPI" pour mettre un terme à l’impunité des auteurs des crimes les plus graves, notamment en République Démocratique Congo.

En République démocratique du Congo (RDC), le nombre de victimes d’exécutions sommaires et extrajudiciaires  ne cessent d'augmenter surtout dans les provinces où les groupes armés sont actifs, en particulier au Nord-Kivu,  Sud-Kivu et en Ituri.

Commentaires (Total : 2)

M
Mushagalusa 19/07/2023 08:35:08

La justice transitionnelle est une des voies pour restaurer la paix en RDC. Le regret est que l'état congolais n'y pense pas.

J
Joyeux Badesire. 19/07/2023 07:06:11

Pourquoi le gouvernement congolais n'est pense jamais à l'instauration de la justice transitionnelle ? Je crois par ce que leurs familles n'étaient pas touché. Nous avons perdu les nôtres, nous demandons que la justice soit faite,et l'installation de la justice transitionnelle.

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