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Nord-Kivu : Remaniement du commandement militaire, Mukwege regrette le remplacement d'un ex-chef rebelle par un autre

Quelques jours après le massacre des civils par les éléments de la garde républicaine dans la ville de Goma au Nord-Kivu, le Général Nduru Chaligonza a été désigné pour diriger les opérations militaires au Nord-Kivu en remplacement du Gouverneur militaire du Nord-Kivu, le Général Constant Ndima, rappelé en consultation à Kinshasa afin d'établir les responsabilités de ce drame.


Une désignation qui ne passe pas inaperçue aux yeux du Prix Nobel de la Paix 2018, Dr. Denis Mukwege, qui y voit un mépris à l'égard des victimes et de la justice.

Dans son communiqué du 06 septembre, le célèbre défenseur des droits humains, note que la nomination du Général Nduru Chaligonza au poste de commandant des opérations au Nord Kivu est loin d’inaugurer une nouvelle dynamique tant attendue. Il regrette qu'un ancien chef rebelle soit remplacé par un ancien chef rebelle.

En effet, rappelle Mukwege, le Général Nduru Chaligonza, RCD-K/ML et ex-UPC, est connu pour être un proche de Thomas Lubanga et de Bosco Ntaganda, tous deux poursuivis et jugés par la Cour Pénale Internationale ! Il a été cité plusieurs fois dans les arrêts de la CPI contre ces deux chefs de guerre.

"Comment est-ce possible d’afficher un tel mépris pour la justice et pour les victimes ? Comment s’étonner que la population n’aie aucune confiance dans les institutions censées les défendre ? Après les nominations de Bemba et Nyamwisi au gouvernement, cette nouvelle nomination d’un ancien chef rebelle à un poste stratégique démontre à l’opinion publique que le changement de paradigme n’est pas prêt de se réaliser avec l’administration Tshisekedi. Les paroles et les actes de ce dernier se contredisent chaque jour, mettant en péril la Nation congolaise et les chances de redresser le pays", s'indigne l'homme qui répare les femmes.

Manque de constance dans le chef de Tshisekedi

Le Médecin Directeur de l'hôpital de Panzi revient sur les prises de position contradictoire du chef de l'État, Félix Tshisekedi, sur la volonté d'instaurer un État de droit en RDC. Lui, qui en date du 2 août 2023, à l’occasion de la journée commémorative du génocide congolais, a « encouragé le Parlement à prendre des lois visant à écarter les auteurs de crimes de l’accès aux responsabilités », laissant espérer à la population congolaise en général et aux victimes et aux communautés affectées par des décennies de conflits armés en particulier que la politique immorale de promouvoir des anciens chefs rebelles allait prendre fin.


"Nous avions déjà souligné dans une précédente déclaration l’impératif pour le régime actuel de démontrer sa capacité à faire preuve d’une éthique de responsabilité et de respecter le principe de cohérence. Notre inquiétude s'accroît face à la gravité des massacres commis par l’armée qui demeure trop souvent une menace pour la population, tant elle est infiltrée par les agresseurs et contribue à la pérennisation d’une économie de guerre dans les Provinces de l’Est", lit-on dans le communiqué.

Le Dr. Denis Mukwege est consterné de constanter que le Président de la République qui s’était engagé à placer la justice transitionnelle à l’agenda du gouvernement en décembre 2020, suscitant un grand espoir auprès des victimes et des survivants, n’a toujours pas adopté une stratégie nationale de justice transitionnelle, et ne semble toujours enclin à concrétiser une volonté politique sincère pour entamer les réformes institutionnelles indispensables pour mettre à l’écart les « brebis galeuses » alors que le lien le plus manifeste entre la justice transitionnelle et la réforme des institutions consiste précisément dans la mise en place d’une procédure d’assainissement (vetting) des agents de l’Etat, notamment des forces de sécurité et de défense.

Pour le Prix Nobel de la Paix 2018, le seul moyen durable pour pacifier et sécuriser les Provinces en conflit et tourner la page de plus d’un quart de siècle de conflits récurrents et dévastateurs est précisément d’entamer une profonde réforme du secteur de la sécurité car comme le disait Thomas Sankara, le célèbre leader du pays des hommes intègres : « Sans formation patriotique, un militaire est un criminel en puissance ».

Au regard de l'évolution de la situation, Dr. Denis Mukwege, attend que la population fasse preuve d’un réel sursaut patriotique pour sauver la Nation qui est en "danger existentiel!".

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