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Nous célébrons le 22ème dimanche TO Paire-A. Voici la méditation du père xavier Bugeme sj

Mes chers Paroissiens, chers frères et sœurs, Paix !  Nous célébrons le 22ème dimanche TO Paire/A.

En voici les lectures : 

Première lecture Jr 20, 7-9

Ps 62

Deuxième lecture Rm 12, 1-2

Évangile Mt 16, 21-27

 Cette méditation s'inspire de Noël Quesson (Parole de Dieu pour chaque dimanche), d'André Sève (Un rendez-vous d'amour), d'une réflexion du Chanoine Jean-Paul Amoos, www.cath.ch), du Père Xavier Bugeme sj (Homélie du Dimanche des Rameaux), etc.  

La page d'évangile d'aujourd'hui prend la suite exacte de celle de dimanche dernier. "Une Église assurée de son avenir", assuraient les textes liturgiques de dimanche dernier.

Pierre, au nom des douze, a reconnu en Jésus le Messie, le Christ. Et Pierre s'est entendu, alors, proclamer "heureux" d'avoir reçu de Dieu cette "révélation".  

Puis il a reçu de Jésus une mission : être le Roc sur lequel Jésus allait bâtir son Église. Pourtant, en terminant cette grandiose promesse, Jésus intime l'ordre à ses disciples "de ne dire à personne qu'il était le Messe (Christ)." Pourquoi imposer ce secret ?  La suite du récit, méditée aujourd'hui, va nous montrer combien la conception que se faisait Pierre et ses amis était fausse et avait besoin d'être purifiée de triomphalisme. 

En fait, Pierre, l'apôtre sur la foi duquel Jésus vient de déclarer que son Église s'appuierait, achope soudain devant les paroles du Christ.

Il veut le détourner de sa route vers la croix. S'il a su reconnaître la vérité concernant la personne de Jésus, il est encore loin d'avoir renoncé à une conception tout humaine du succès.

"Seule la passion l'arrachera à ses illusions et le rendra enfin capable de vivre réellement de la foi (Commentaire du Missel Emmaüs des Dimanches). La suite du récit, méditée aujourd'hui, va nous montrer combien la conception que se faisait Pierre et ses amis était fausse. 

Il y a certains événements de notre vie qui marquent une rupture. Et cette rupture constitue un appel à "autre chose". "Sommes-nous prêts aux évolutions auxquelles Dieu nous invite"(Noël Quesson). C'est ce qui est exprimé dans cette phrase de Saint Matthieu : "A partir de ce moment là". Oui, à partir de ce moment-là, Jésus change complètement d'orientation.  Il dit clairement :

"je vais souffrir et on va me tuer." Un peu plus loin, c'est pour nous qu'il emploie des mots inoubliables : Renoncer à soi-même, prendre sa croix et me suivre. "N'essayons pas d'y échapper, trier l'Évangile c'est refuser l'Évangile.

Cela ne veut pourtant pas dire l'accepter aveuglément. En fait, beaucoup l'acceptent aveuglément mais en théorie. Celui qui veut vraiment le suivre n'hésite pas à questionner pour bien voir où il faut aller"(André Sève). 

Pourquoi la croix de Jésus ? Impensable, dit Pierre. Jésus réagit durement parce que c'est dur pour lui d'envisager ce qui va se passer. Luttant contre l'angoisse, il veut entrer pleinement dans les vues de Dieu et Pierre à des vues d'homme. "Satan ! Retire-toi !". Les vues de Dieu, pas des vues d'homme, et cela veut dire qu'il doit repousser une fois de plus la tentation d'être un Messie plébiscité, un Messie qui réussirait sans calvaire. Non, il faut avancer vers cette heure où il sera injurié et tué par la haine. Les vues de Dieu, pas des vues.  Les vues de Dieu ? Qu'elles nous paraissent ici impénétrables ! Dieu veut-il la souffrance ? C'est blasphématoire. Nous entrevoyons seulement qu'il a voulu donner son Fils pour nous sauver et cela aboutit à cette heure d'angoisse. "Dans un monde d'injustice, de violence et de religion formaliste, Jésus a dû se comporter de telle sorte qu'il allait inévitablement à la mort. C'est ce qu'il perçoit maintenant. Le Père ne le livre pas à la mort, il le livre à notre salut qui passe par la mort"(André Sève).  Et pourtant, le mystère reste. Si je me demande : "pourquoi ces souffrances, pourquoi cette mort", je n'en sortirai jamais, je ne peux me mettre à l'intérieur des pensées de Dieu. Mais je peux regarder comment entre dans ces pensées : "Il commença à montrer à ses disciples qu'il lui fallait souffrir"(Chanoine Jean-Paul Amoos, www.cath.ch). 

Mais que les choses soient claires : souffrir et prendre sa croix, ce n'est pas le but de la vie ! Il y a des croix qu'il faut éviter et écarter. Aux gens qui meurent de faim ou qui subissent tortures et violences, Jésus n'a jamais dit qu'il fallait accepter et supporter. Il va même jusqu'à demander à ses disciples de donner à manger à ceux qui ont faim et de partager avec eux. "Lorsque Jésus parle de croix, il ne s'agit pas de n'importe quelle croix ! Surtout pas pas celles de la maladie, de la perte de travail ou autres épreuves qui nous tombent dessus"( Chanoine Jean-Paul Amoos). 

La croix proposée aux disciples est celle que Jésus porte déjà avec eux, avant même sa passion, celle de donner sa vie pour ceux qu'on aime. C'est crucifiant, mais c'est vital.

"Il n'y a pas d'amour sans croix, tout le monde peut expérimenter cette vérité. Que ce soit dans le couple, dans sa famille, dans sa Communauté religieuse, partout.

"Pourquoi ? Parce qu'il n'y a pas de vie sans don échangé, sans mort à soi-même"(Père Xavier Bugeme sj,

homélie du Dimanche des Rameaux/A). C'est en fait une loi de la nature : si le grain de blé ne meurt, il reste seul...  Nous avons le droit de trouver ceci étrange, révoltant, pourvu que nous acceptions de nous laisser enseigner par l'exemple de Jésus.

"Il n'a pas aveuglément accepté la souffrance, il a vu ce chemin, il a vu qu'il "fallait" souffrir"(André Sève).

Derrière lui, et c'est le grand paradoxe chrétien, nous continuons d'avancer dans nos ténèbres mais aussi dans sa lumière.

Voilà pourquoi, quand nous voulons "sauver notre vie" en nous écartant de lui par peur de souffrir, nous la perdons. Nous pouvons maintenant comprendre son affirmation : "Celui qui perd sa vie à cause de moi la sauvera." 

"Mais ces mots nous paraîtront incompréhensibles rebutants tant que nous ne les aurons pas convertis en expériences. Personne n'a suivi Jésus et s'en est repenti. Par contre, ceux qui n'essaient pas l'Évangile restent forcément enfermés dans pourquoi"(André Sève).

  Retenons surtout que le mot de l'Évangile d'aujourd'hui, ce n'est pas la croix, mais "la vie", au travers de la croix.

Au travers de cette croix du Fils de Dieu, signe levé qui rassemble les nations, de cette croix du bien-aimé, fleuve de paix où s'abreuve toute vie, de cette croix du premier-né, qui tue la mort, et par laquelle nous sommes transformés, de cette croix, porteuse de lumière et de vie.

Engager sa vie, porter sa croix, mais pas n'importe quelle croix, comprendre qu'il n'y a pas d'amour sans croix, c'est convertir notre notion de "toute puissance".

Si nous voulons suivre Jésus, nous devons nous convertir, le faire passer avant nous pour pour le suivre.  

Père Xavier Bugeme sj Curé de la Paroisse Christ Roi de Mangobo à Kisangani

 

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