La confiance en Dieu : Un remède contre le découragement.(méditation du père xavier Bugeme sj)

Mes chers Paroissiens, chers frères et sœurs, Paix ! 

l'Église universelle célèbre aujourd'hui la mémoire de Saint Grégoire le Grand, Pape et Docteur de l'Église. 

D'abord Préfet de la ville de Rome, Grégoire se retire dans un des monastères qu'il a fondés.

Il est arraché à sa solitude pour aller à Constantinople comme légat pontifical. Élu Pape en 590, il met au service de l'Église ses dons d'organisateur et d'écrivain.

Il envoie des missionnaires en Angleterre. Il organise la liturgie romaine, aux mélodies auxquelles son nom reste attaché.

Dans ses ouvrages, ce contemplatif commente, sans cesse, les Écritures ; il enseigne à tous les chemins de la perfection évangélique et donne aux pasteurs des conseils pour conduire à Dieu les hommes qui leur sont confiés.(Cfr la présentation du Missel de l'assemblée pour la semaine).  

Voici les lectures de la mémoire. Fort heureusement, pour l'Évangile, nous retrouvons le même texte que celui de la férie. Nous restons ainsi dans la lecture continue de Saint Luc. 

Lecture Rm 1, 1-7

Ps 95

Évangile Lc 5, 1-11. 

Cette méditation s'inspire d'André Sève, du Missel Emmaüs des Dimanches, des commentaires sur Saint Grégoire le Grand, des Pères Gilbert Adam (www.pere-gilbert-adam.org) et Jean-Louis d'Aragon, SJ(www.villaloyola.com), etc. 

"Nous n'avons rien pris !" Telle est la réaction de bien des chrétiens, lorsque retentit l'appel à partir dans le monde pour annoncer la Bonne Nouvelle aux hommes.

Il est vrai qu'après deux mille ans de prédication chrétienne, si l'on considère la situation actuelle, le résultat peut paraître décevant. Tant de plans pastoraux, tant de techniques de prédications, de catéchèse, se sont révélées vaines.

Le monde semble nous fuir et la jeunesse, particulièrement, nous échapper !  Comme ses prédécesseurs, le Pape François, faisant sienne l'invitation de Jésus à Simon Pierre et à ses compagnons, nous redit, sans cesse : Poussez au large ! En d'autres mots, renoncez à votre expérience.

Quittez vos prétendues certitudes et ces méthodes par lesquelles vous espériez vous garantir le succès. C'est la réponse de Jésus à Pierre et, à travers lui, à nous tous, encore aujourd'hui. 

Il faut partir, non plus avec des "plans", mais avec notre seule foi en Lui. "Il faut nous défaire de tous ces moyens jadis sécrétés par la foi, mais si vite redevenus recettes où ne transparaissent désormais que nos besoins de sécurité et de peur"(Missel Emmaüs des Dimanches). 

Quand donc croirions-nous à la prodigieuse fécondité de l'Évangile ? Dès que nous entendrons réellement la Parole du Seigneur et que nous accepterons de prendre des risques en nous appuyant sur elle, la pêche sera abondante. 

Pousser au large, en renonçant aux certitudes tout humaines, tel est, en résumé, l'essentiel des textes que l'Église nous propose aujourd'hui. 

La façon dont Luc raconte la pêche miraculeuse et l'appel des premiers disciples lui permet, justement, de souligner certains aspects de la mission de l'Église.

En effet, après avoir annoncé l'Évangile à la foule, Jésus, en invitant ses amis à pousser au large, leur demande de renoncer à leurs certitudes tout humaines de pêcheurs avisés et sûrs de leur métier.  

Jésus manifeste l'irruption d'un monde de grâce, devant lequel Simon et ses compagnons prennent conscience de leur petitesse.

C'est le temps, où les premiers chrétiens s'élanceront hardiment vers le monde païen, sans plus s'accrocher au monde encore clos qui leur aura donné naissance, qui est ainsi annoncé.

  C'est bien la cible de ce récit de Luc : la confiance en Jésus comme antidote contre le découragement. "

En inaugurant l'immense pêche apostolique, Jésus nous lance un avertissement qu'il ne faudrait jamais oublier : sans moi, vos filets reviendront vides. Cette vérité fondamentale, on ne la voit pas toujours bien à vingt ans.

Une fois engagé dans la mission d'apôtre, on peine des jours et des nuits sans travailler suffisamment avec Jésus.

On lâche l'oraison, on néglige la vie sacramentelle, on agit, on se démène, et un jour on ressent un écœurement : je me crève pour rien"(André Sève). 

Mes chers amis, en remède préventif, et quand nous voulons sortir d'un moment de doute, méditons cette page où Jésus montre ce qu'on peut faire quand on lui fait vraiment confiance.

Il choisit ce qui pouvait le plus frapper Pierre et les premiers apôtres : leur métier. Et il les prend à rebrousse-poil.

C'est impressionnant ! "Lui, le charpentier, il donne des conseils à des professionnels de la pêche, et à des hommes éreintés par toute une nuit d'efforts inutiles"(André Sève).  

Les"professionnels de l'apostolat se retrouveront dans cette scène. Vidés par des efforts tout aussi vains, ils sont tentés de repousser l'idée de s'en mon remettre à Jésus, c'est-à-dire à la prière.

Il semble que ce soit là une tentation pour tout chrétien dans son apostolat plus restreint et plus informel, d'avoir la même envie de baisser les bras ou de chercher d'autres techniques plutôt que de se jeter dans la prière.( Cfr Père Jean-Louis d'Aragon SJ). 

Pourtant, elle seule nous ramènera l'élan de Pierre. Charpentier ou pas, Jésus a su le subjuguer, le charmer : "Sur ta parole, je jetterai les filets".

"Nous ne ramènerons pas des filets pleins et des barques lourdes, nous ne sommes plus à l'époque où Jésus recourait à un miracle pour renforcer une confiance à peine naissante. Mais nous savons, par les grandes pêches missionnaires, ce que des hommes ont pu faire avec Jésus"(André Sève).  

Nous avons les Actes des Apôtres, les récits missionnaires, les vies des Saints, les exemples d'hommes et de femmes, connus et inconnus pour raviver, aujourd'hui encore, notre confiance.

Seule cette confiance peut faire de nous des apôtres qui peinent, sans doute, mais qui regardent Jésus et osent lui dire : Sur ta parole, et jusqu'au bout, je jetterai les filets ! 

Père Xavier Bugeme sj Curé de la Paroisse Christ Roi de Mangobo à Kisangani.