Vendredi de la 22ème semaine TO Paire: Être chrétien signifie avoir la joie d'appartenir totalement au Christ "Unique Époux"de l'Église. (Père Xavier Bugeme sj)
Mes chers Paroissiens, chers frères et sœurs, Paix !
Je vous envoie la méditation pour ce vendredi de la 22ème semaine TO Paire.
Lecture
1Co 4, 1-5
Ps 36, 3-6.27-28.38-40
Évangile Lc 4, 33-39
Dans l'Ancien Testament, le jeûne et l'abstinence de vin étaient des signes d'austérité, lié à l'attente du Messie. Ils disaient symboliquement :
"Les temps sont mauvais, nous sommes insatisfaits, nous n'avons pas le goût de vivre... Que vienne donc le temps de la consolation et de la joie, quand le Messie sera là."(Noël Quesson).
Et voici que les temps messianiques sont arrivés.
Le temps de la joie est commencé. Les temps ne sont pas arrêtés ! Le temps de la joie, de l'intimité avec Jésus, n'est pas clos. Pourquoi faut-il que, si souvent, les chrétiens apparaissent comme des gens tristes ? Alors qu'ils ont la plus extraordinaire source de joie : "l'Époux" est avec eux."
Pour nourrir notre méditation, je vous propose cette réflexion d'un confrère jésuite, le Père Jean-Louis D'Aragon, SJ. Bonne méditation à nous tous.(Père Xavier Bugeme sj).
La piété juive s'exprimait au temps de Jésus de trois manières : la prière, l'aumône et le jeûne. Dans la prière, le croyant vivait sa relation personnelle avec Dieu.
Par l'aumône, il manifestait sa charité envers son prochain. Enfin le jeûne lui faisait prendre conscience de sa pauvreté.
En réaction contre l'austérité imposée dans le passé et tenté par les commodités de notre niveau de vie, le jeûne n'a plus guère de place dans notre régime chrétien.
Comme de nombreuses formes de piété, le jeûne a perdu sa véritable signification, subissant des déformations ou des caricatures, qui ne sont pas entièrement fausses, mais qui ne désignent pas ce qui est central.
On a souvent dit que le jeûne était une mortification pour expier ses fautes et celles du monde, ou bien que ce fût une forme de maîtrise de soi, mais ces explications ne montrent pas la vraie nature du jeûne.
Lorsqu'il est question du jeûne dans la Bible, on dit que l'être humain "s'humilie devant Dieu.
" En se privant de nourriture, il se sent faible et peut prendre mieux conscience de sa pauvreté physique et de la précarité de sa personne.
Il s'aperçoit combien il est dépendant de la nourriture que Dieu lui donne.
Cette dépendance physique manifeste la fragilité totale et radicale de la personne humaine. Accepter cette dépendance, c'est s'humilier devant le Seigneur.
1. La pratique de Jean et des pharisiens Les pharisiens avaient établi la coutume de jeûner régulièrement deux fois chaque semaine.
Il devait en être de même chez les disciples de Jean Baptiste. Une telle pratique peut nous sembler exagérée et impossible à observer, semaine après semaine.
La rigueur d'une telle coutume se comprend mieux dans le climat chaud de l'Orient, qui rend le jeûne plus supportable que dans notre pays. Je me rappelle un jeune jésuite égyptien qui m'avouait n'avoir jamais éprouvé la sensation de la faim.
Il ajoutait qu'un ouvrier chez lui se contentait pour son dîner d'un morceau de pain et de quelques olives. Les pharisiens avaient enseigné à leurs disciples la pratique du jeûne pour le mardi et le jeudi de chaque semaine.
Plus tard, les chrétiens s'inspirèrent de cette pratique, mais choisirent plutôt le mercredi et le vendredi, à la fois pour se distinguer des juifs et pour rappeler le sacrifice de Jésus en croix.
Tout en se montrant très proche de Jean et en faisant son éloge (Mt 11,7-15), Jésus avait adopté un autre style de vie et de ministère. Jean avait vécu et prêché au désert, tandis que Jésus alla rencontrer le peuple, en parcourant villes et villages.
Jean pratiqua un style vie extrêmement austère, proche de celui des esséniens de Qumrân, au point que le peuple l'accusa d'être "possédé d'un esprit mauvais" (Mt 11,18).
Jésus, en contraste, accepta les invitations à des repas et même à des banquets pour rencontrer les gens, mais on l'accusa d'être "un ivrogne et un glouton" (Mt 11,19).
2. Première réponse de Jésus La venue du Fils de Dieu parmi nous signifie son union matrimoniale avec notre humanité. Jésus est l'époux et son Église est l'épouse (Jn 3,27s).
Depuis le prophète Osée, le Seigneur de l'Alliance avait condescendu à se présenter comme le mari de son peuple, uni dans un amour mutuel. Prolongeant ce même thème, Jésus, le Fils, incarne Dieu qui se rend encore plus proche de notre humanité, en devenant l'un des nôtres, assumant la réalité de notre condition humaine et en consacrant son union avec tous ceux qui croient en lui par le symbole du mariage.
La communauté de vie avec ses disciples préfigure les noces éternelles du Christ Jésus, qui unit à sa personne la multitude des élus. Par cette déclaration, Jésus affirme que sa présence terrestre préfigure son union définitive et éternelle avec les membres de son peuple.
Or un mariage se célèbre naturellement dans la joie, puisqu'une telle cérémonie est la fête de l'amour. Ce serait une contradiction de jeûner et de s'attrister au milieu de cette réjouissance.
En effet, le jeûne, cette expérience de pauvreté et d'humilité, s'accompagne nécessairement d'une certaine tristesse sur soi-même.
Jésus prévoit cependant un temps où il conviendra à ses disciples de jeûner.
Cette période coïncidera avec son absence, depuis son départ d'ici-bas et son retour glorieux.
Pour traverser cette période de pèlerinage dans le désert de notre existence terrestre, marquée par la sécheresse et les épreuves, le jeûne devient une pratique salutaire.
3. Seconde réponse Au début de sa promulgation de la loi nouvelle, qui "accomplit" celle de Moïse, Jésus énonce ce principe fondamental : "Je ne suis pas venu abolir, mais accomplir" (Mt 5,17).
L'histoire dirigée par Dieu se déroule dans une continuité. Jésus ne renie pas le Premier Testament ; au contraire, il assume toute la révélation ancienne et la prolonge.
Le Christ unit le passé et le présent dans une nouveauté radicale. Cette nouveauté est transcendante, car elle est sans commune mesure avec ce qui a précédé.
Dans la scène de la Transfiguration de Jésus, Pierre pense que son Maître prolonge simplement Moïse et Élie, c'est-à-dire l'A.T. Aussi il propose à Jésus de dresser trois tentes, comme trois révélations différentes, superposées, mais du même ordre. Dieu le corrige immédiatement : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé.
Écoutez-le !" (Mt 17,5), et non pas "écoutez-les !" Le Christ est d'un ordre complètement différent de celui de Moïse et d'Élie. C'est lui seul qu'il faut écouter.
La nouveauté que Jésus affirme de lui-même doit se concrétiser dans des formes nouvelles, autrement le cadre ancien jure et contredit le nouveau contenu. L'image du vêtement est claire pour nous, mais celle des outres se comprend moins bien.
Ces anciens contenants étaient faits de peaux d'animaux. Avec le temps, ces outres en peau séchaient et devenaient fragiles.
Un vin nouveau, en fermentation, provoquait l'éclatement de telles outres. La remarque finale, "C'est le vieux qui est bon", paraît étrange. C'est l'adage des traditionalistes qui vivent dans la nostalgie du passé.
Après son exposé sur la nouveauté de tout ce qu'il apporte, Jésus met en garde contre cette tentation de préférer une tradition figée dans le passé. Dans cette tentation, on ne refuse pas toute innovation, mais on voudrait qu'elle soit semblable à celle qu'on a connue.
Homélie du Père Jean-Louis D'Aragon SJ., recueillie et proposée par le Père Xavier Bugeme sj , Curé de la paroisse Christ Roi de Mangobo.