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23ème dimanche TO-A: Combien de fois une parole intelligente, aimante et calme aurait pu sauver une vie ?(Père Xavier Bugeme sj)

Mes chers Paroissiens, chers frères et sœurs, Paix ! 

Nous célébrons aujourd'hui le 23ème dimanche TO/A  En voici les textes : 

Première Lecture Ez 33, 7-9

Ps 94

Deuxième lecture Rm 13, 8-10

Évangile Mt 18, 15-20 

Notre méditation s'inspirera des commentaires du Missel Emmaüs des Dimanches, d'André Sève, du Père Christian Catayée (www.rosedelima.org), de Léon Paillot (www.murmure-est-la.eu), etc  S'il y a bien une chose difficile, c'est la continuité d'un groupe.

Au départ, tout paraît simple. Des hommes s'unissent dans l'enthousiasme pour former une famille, une communauté d'amis, une équipe vouée à une même tâche.

Mais bien vite, l'élan retombe. Chacun est tenté de suivre sa propre voie.

Les conflits naissent. Le groupe risque de se défaire, si personne ne porte le souci de sa cohésion.  

L'Église, faite d'hommes fragiles, n'échappe pas à la difficulté.

L'unité dans l'amour, qui doit la caractériser, ne saurait consister en une paix tranquille et sans histoires.

C'est au contraire une réalité qui doit se conquérir chaque jour, grâce à une conversion sans cesse reprise.

  Les responsables de la communauté ont alors la charge de lancer l'appel à la réconciliation et de veiller à entretenir une unanimité spirituelle toujours menacée.

Rôle difficile, mais nécessaire, que Jésus demande à tous les siens de reconnaître comme une grâce.

Dieu a confié à des hommes la charge d'édifier le Royaume. 

Jésus n'a rien d'un idéaliste. Il sait que les difficultés existant au sein d'un groupe apostolique divisé se retrouveront tout au long de l'histoire à venir. Au sein de l'Église qu'il entend fonder, les crises sont inévitables.

Il confie, alors, aux siens la charge d'assumer le ministère d'unité qu'il a lui-même rempli. Ses apôtres devront continuer son œuvre, en vue d'acheminer les hommes vers le Royaume. 

Ce que Jésus nous demande dans l'Évangile d'aujourd'hui va justement dans ce sens : être des artisans de l'unité de son Église, toujours menacée par notre péché.

Mais, je dois l'avouer, je connais peu de gens capables de réussir cela : "Si ton frère a péché, va lui parler seul à seul et montre lui sa faute."

  Parler ! Oui, bien-sûr qu'on parle. Mais dans le dos des gens. "La petite brune de derrière, vous avez entendu ? C'est vraiment malheureux!" Ou on les prend bille en tête, on bavarde, on crie maladroitement, on est tout simplement méchant.

Jésus nous demande d'être astucieux et pleins d'amour : "Montre-lui sa faute, reprends-le doucement seul à seul. S'il t'écoute tu l'auras gagné."  Le gagner, dit Jésus. Pour bien comprendre ce mot, il faut penser au cri de l'enfant prodigue : "Mon fils était perdu, et il est retrouvé !"(Lc 15, 24).

Quand on parle à un coupable avec des sentiments d'affection, avec charité on a quelque chance de le gagner.

Le gagner et non le guerroyer. Convaincre et non vaincre ! "Faire des remontrances, ça nous arrive assez souvent, mais peut-être n'avons-nous assez réalisé qu'il s'agit là d'un acte d'Évangile, qui exige donc un cœur d'Évangile"(André Sève). 

Qu'est ce qui grouille dans mon cœur au moment où je m'apprête à faire des reproches ? Le frère ou la sœur interpellé (e) sait déceler assez vite le terrible goût d'humilier auquel échappent peu de correcteurs. Par ailleurs, si nous mettons l'ordre et notre honneur au-dessus de tout, nous pouvons avoir du mal à maîtriser notre colère.

Du coup, ce n'est plus le bien du frère ou de la sœur qui nous intéresse, mais bien notre propre renommée, notre réputation. Nos propos sont alors du genre : "Tu vois dans quelle situation tu nous mets ? Tu imagines ce que les gens vont penser de nous ? Généralement, alors, les concernés s'en fichent.

Et au fond d'eux-mêmes, ils se disent, chacun de son côté : "C'est mon problème !"  Trouverons-nous le ton pour lui dire : "C'est aussi mon problème.

Je ne peux pas rester indifférents. Ne regarde pas mes maladresses. Écoute seulement mon souci pour toi : je t'aime"(André Sève). Jésus nous demande de rester dans l'amour même quand c'est très difficile, sinon qu'est ce que cela veut dire "aimer"?

Nous devrons peut-être encaisser des choses très dures. Plus que la haine, aujourd'hui, l'opposé véritable de la charité, c'est l'indifférence.

"Et Jésus nous indique implicitement les raisons de ne jamais sombrer dans l'indifférence.Dès le début, le souci de l'autre est constitutif de notre foi"(Père Christian Catayée). 

Si nous ouvrons notre Bible tout au début, nous lisons dans le livre de la Genèse que la première question de Dieu à l'homme est :

"où es-tu ?, témoignant ainsi de la volonté de Dieu de partir à la recherche de l'homme. Mais la première question de l'homme à Dieu est prononcée par Caïn : "suis-je le gardien de mon frère ?"(Gn 4, 9).

"Il n'est pas question d'envisager de vivre sa foi sans référence à l'autre, à son prochain, à son frère.En somme, dans la foi, nous sommes responsables les uns des autres"(Père Christian Catayée).

Les remontrances, les corrections sont si mal reçues et nous avons tellement besoin de paix que nous sommes tentés d'esquiver ce pénible devoir de charité fraternelle.

"Plus souvent, on laisse aller, mais le désir de tranquillité à tout prix n'est certainement pas évangélique. Combien de fois une parole intelligente, calme et aimante, aurait pu sauver quelqu'un ?"(André Sève).  

Il est triste d'entendre parfois des gens dire au sujet d'un frère qui s'est égaré : "Il y avait des amis qui voyaient bien clair et qui se lamentaient, sans oser faire le pas.

Ils auraient dû lui parler..."  Eh bien, toi, parle. Laisse-toi pousser par Jésus qui te le demande instamment : "Vas-y, avec gentillesse et plein d'amour.Essaie de le gagner."

Père Xavier Bugeme sj Curé de la Paroisse Christ Roi de Mangobo à Kisangani.

 

Commentaires (Total : 1)

S
Samuel 06/09/2020 12:27:28

Amen

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