Toutes les douleurs de l'humanité sont contenues dans la passion de Jésus, elles sont aussi portées par la femme qui enfante avec lui un monde nouveau.(Père Xavier Bugeme sj)
Mes chers Paroissiens, chers frères et sœurs, Paix !
Après la célébration, hier, de la Croix glorieuse de Jésus, nous faisons mémoire, aujourd'hui, de Marie, Notre Dame des douleurs qui, au pied de la Croix contemple et partage la compassion de son Fils pour notre humanité pécheresse.
Lecture
He 5, 7-9
Ps 30
Évangile
Jn 19, 25-27
L'Évangile de Jean présente la mère de Jésus seulement en deux circonstances, au tout début de la mission de son Fils et à la fin, à son sacrifice sur la croix. Aux noces de Cana, elle avoue à Jésus la honte et la pauvreté des époux, qui représentent notre humanité: ils n'ont plus de vin, ils n'ont plus la source de joie.
C'est l'aveu de notre pauvreté humaine radicale.
Par la suite, Marie enseigne aux serviteurs la disponibilité, cette ouverture du cœur à la volonté du Christ: "Faites tout ce qu'il vous dira" (Jn 2,5).
Les serviteurs représentent tous les disciples de son Fils, qui comblera leur pauvreté en raison de leur accueil dans la confiance.
Au pied de la croix, Marie se retrouve associée au disciple que Jésus aimait. Depuis le repas d'adieu, la veille, ce disciple apparaît pour la première fois dans l'Évangile et il occupe une position privilégiée, sur la poitrine de son Seigneur (Jn 13,23), cf Jean-Louis D'Aragon SJ.
Je vous propose aujourd’hui, cette réflexion du Frère Elie pour notre méditation de demain. www.viechretienne.catholique.org Hier nous célébrions la Croix glorieuse de notre Seigneur, aujourd’hui nous demeurons au pied de cette même Croix avec Marie que nous fêtons sous le vocable de « Notre Dame des douleurs ».
Nous sommes ici au cœur de la Passion d’Amour pour nous de notre Seigneur, Verbe de Dieu fait chair pour notre salut.
Car, pour le chrétien, la Croix n’est pas l’exaltation de la souffrance mais de l’Amour infini de Dieu. Comme nous le rappelle Clément de Rome : « C’est dans la charité que le Maître nous a attirés à lui ; c’est à cause de sa charité envers nous que Jésus-Christ notre Seigneur, selon la volonté de Dieu, a donné son sang pour nous, sa chair pour notre chair, sa vie pour notre vie » (Aux Corinthiens).
L’évangile nous situe à ce moment où Jésus, avant de « remettre l’esprit », va engager un dernier échange entre « sa mère » et « le disciple qu’il aimait » : « Voyant sa mère et le disciple qu’il aimait, il dit à sa mère : ‘Femme, voici ton fils.’ Puis il dit au disciple : ‘Voici ta mère’ ». Jésus donne à sa mère un fils et au disciple bien-aimé une mère, la Nouvelle Eve, Marie, mère des vivants.
A travers le disciple bien-aimé c’est chacun de nous qui sommes invités à recevoir Marie pour Mère.
Et à travers elle, nous sommes appelés à accueillir la vie nouvelle qui fait de nous des fils dans le Fils unique.
C’est dans notre relation à Jésus que Marie nous est donnée pour mère. Je m’explique à partir du jeu johannique sur les trois sens du verbe lambanô que saint Jean utilise ici et que nous traduisons communément par « prendre ».
Au sens actif, il signifie l’action de prendre un objet - tels les pains lors de la multiplication ; au sens passif, il désigne l’attitude d’accueil : « Recevez l’Esprit Saint » ; il peut enfin définir l’ouverture confiante à l’autre, qui conduit à la foi.
En fait, ces différents sens se conjuguent dans notre passage. Nous pourrions en effet traduire : « À partir de cet instant, le disciple l’accueillit parmi ses biens », c’est-à-dire parmi les dons reçus du Christ : la grâce (Jn 1,16), la Parole (Jn 12,48 ; 17, 8), l’Esprit (Jn 7,39 ; 14, 17), l’Eucharistie (Jn 6,32-58). Le second sens soulignerait quant à lui l’initiative divine dans le don qui nous est fait de Marie ; initiative à laquelle nous sommes invités à consentir dans une attitude intérieure que précise le troisième sens du verbe : le disciple est supposé accueillir Marie dans son intimité croyante comme il a reçu Jésus lui-même. En jouant sur les différents sens du terme lambanô, saint Jean suggère ainsi que l’accueil de la maternité de Marie dans l’Esprit est en quelque sorte inclus dans l’attitude de foi par laquelle le disciple reconnaît Jésus comme son Seigneur et Sauveur.
Voilà comment s’explique que c’est au cœur de notre relation à Jésus que Marie nous est donnée pour mère En prenant Marie chez nous et en nous unissant à elle dans la foi, comme nous y invite notre Seigneur, nous sommes appelés à nous unir toujours davantage à lui. Il existe une telle communion de cœur et de volonté entre Marie et Jésus qu’en étant unis à elle nous sommes sûrs de nous retrouver greffés sur le cœur aimant du Christ à travers lequel nous touchons le cœur Père pour retrouver notre dignité de fils de Dieu.
A travers cela, Jésus institue un nouveau lien filial, le don de sa vie pour tous les hommes. C’est pour cette raison que tout cela se passe au pied de la Croix.
Ce lien filial repose pour nous sur notre union personnelle au Rédempteur, celui qui nous a aimés jusqu’à donner sa vie pour nous.
C’est sur la croix, au sommet de la souffrance que se manifeste la fécondité surnaturelle de l’Amour rédempteur de notre Seigneur.
C’est là que nous sommes enfantés à la vie de fils de Dieu, enfantement auquel participe Marie d’une manière toute particulière.
En effet, ne convenait-il pas que celle qui avait mis au monde la Tête soit aussi la mère du Corps tout entier ? Au pied de la Croix, Marie enfante l’Eglise.
Mais la douleur qui lui fut épargnée à la naissance de la Tête, elle la vit pour nous tous, pécheurs sauvés par le sang de notre Seigneur.
En ce sens, Marie est associée d’une façon unique à notre rédemption. N’ayons donc aucune crainte de prendre chez nous une telle mère. Faire mémoire de Notre Dame des douleurs n’a rien à voir avec un élan d’émotivité occasionnel.
C’est ouvrir un espace dans notre cœur pour que, par Marie, notre Seigneur nous donne toujours davantage part à « la vie éternelle ».
C’est reconnaître de quel amour nous sommes aimés de notre Père céleste. C’est enfin aller jusqu’à nous laisser convaincre que nous sommes « péché » pour ouvrir toujours plus notre cœur à la miséricorde divine.
« Marie, avec toi, nous désirons rester au pied de la Croix et contempler l’infini mystère de l’amour de Dieu pour nous.
Pour nous ton Fils, couvert de plaies, a voulu tout souffrir ! S’il y a aujourd’hui des larmes dans nos yeux, que ce soient des larmes de contrition exprimant à la fois le regret de notre péché et la reconnaissance et la joie devant l’Amour dont Dieu nous a aimés. »
Réflexion du Frère Elie, recueillie et proposée par le Père Xavier Bugeme sj , Curé de la Paroisse Christ Roi de Mangobo.
Commentaires (Total : 1)
Mbonze Bosanci Nana
Aujourd'hui plus que hier, je comprends le sens de la présence de Marie au pied de la croix. Pas seulement comme une femme épleurée mais comme la mère qui enfanta l'Eglise. Celle qui m'ouvre la porte à la miséricorde divine. Merci.