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Ignorer les chemins du Seigneur, le plan divin du salut, éloigner consciemment le Christ de notre vie, voilà le péché contre l'Esprit Saint, ce qui est le rejet du salut.(Père Xavier Bugeme sj)

Mes chers Paroissiens, chers frères et sœurs, 

Paix !

 

Voici la méditation pour ce samedi de la 28ème semaine TO Paire 

 

Lecture Eph 1, 15-23

Ps 8

Évangile Lc 12, 8-12

 

Il a existé, et sans doute il existe encore aujourd'hui, des exégètes qui ont essayé de réduire la part des miracles, dans l'Évangile, parce qu'ils étaient gênés par l'affirmation abrupte du "surnaturel".

 

Il est vrai que la divinité de l'homme Jésus de Nazareth n'a jamais cessé de poser de graves questions philosophiques à tous ceux qui voudraient comprendre : l'incarnation du Fils de Dieu, que nous proclamons dans notre "credo", est, au plan de la déclaration verbale, une chose facile... mais reste un immense mystère, même pour notre foi la plus respectueuse...

 

Mais ce n'est pas pour cela qu'il faut renoncer à ce joyau de notre Foi chrétienne. Ce n'est pas seulement un miracle, ou plusieurs miracles, qui, dans l'Évangile, nous conduisent à cette affirmation étonnante, c'est tout l'Évangile. Et il ne suffirait pas de retrancher quelques pages gênantes... c'est toute la trame de l'Évangile qu'il faudrait déchirer !

 

Par exemple, la prétention qui s'exprime dans cette phrase de l'Évangile est proprement surhumaine. Jésus promet tout simplement, comme une chose qui va de soi, de prendre parti devant Dieu. Les "anges de Dieu" sont une formule biblique traditionnelle : Au profit de ceux qui auront pris parti pour Lui. 

 

Reconnaître son appartenance au Christ devant les hommes est le signe du christianisme. Le seul nom de "chrétien" comporte un aveu direct du nom du Christ. Chrétiens, nous sommes voués au Christ. Notre devoir, c'est de montrer cette appartenance à nos frères et sœurs. 

 

Chaque jour, nous devons réfléchir sur la manière dont nous pouvons témoigner du Christ dans notre vie. Ignorer les chemins du Seigneur, le plan divin du salut, éloigner consciemment le Christ de notre vie, voilà le péché contre l'Esprit Saint, qui est le rejet du salut. 

 

Dans les situations difficiles, exigeant que l'homme porte témoignage de Dieu, l'Esprit Saint est celui qui nous aide, qui inspire notre conduite, par la vertu de force, indispensable pour façonner notre vie sur l'exemple du Christ. C'est déjà le Jugement dernier qui, ici, est esquissé. 

 

Pour accompagner notre prière, je vous suggère une réflexion sur le blasphème contre l'Esprit(www.bibleetviemonastique.free.fr).

 

Bonne méditation à toutes et à tous.(Père Xavier Bugeme SJ)

 

Le blasphème contre l'Esprit (Lc 12,8-12)

 

L'Évangile, aujourd'hui, rapproche trois paroles de Jésus, qui évoquent tour à tour le rôle des trois personnes divines: - le Père, Dieu du jugement ultime (v.8-9) et du pardon (v.10);

 

- Jésus, le Fils de l'Homme, que l'on peut confesser dans la foi, mais aussi renier;

 

- l'Esprit Saint, qui inspire notre parole de témoins, mais contre qui l'homme, dans sa folie, peut blasphémer.

 

Il n'est pas facile de préciser, à partir des Évangiles, ce qu'est le blasphème contre l'Esprit.

 

Dans l'épisode de Béelzéboul (Mc 3,28s), ce blasphème consiste à prétendre que Jésus est habité par l'esprit du mal, alors même qu'il chasse les démons. Résister à l'Esprit, c'est donc contester la puissance efficace de Dieu, c'est nier sa volonté de salut, c'est discréditer les envoyés de Dieu, comme Étienne le reprochera à ses adversaires, quelques instants avant d'être lapidé: "Nuques raides, oreilles et cœurs endurcis, toujours vous résistez, vous, à l'Esprit, l'Esprit Saint. [..] Lequel des prophètes vos pères n'ont-ils pas persécuté?" (Ac 7,51s).

 

Jésus comprenait et était prêt à tolérer qu'on se méprenne sur sa personne; mais il s'est montré sévère pour ceux qui refusaient de voir en lui l'Esprit Saint à l'œuvre. Sa parole sur le blasphème a été par la suite lue à plusieurs niveaux, à la lumière des difficultés apparues dans la vie de l'Église.

 

On a compris "la parole contre le Fils de l'Homme" comme le rejet de Jésus par ses contemporains durant son ministère, et ce rejet était pardonnable; et l'on a pensé que le blasphème contre l'Esprit Saint, faute irrémissible, consistait à récuser Jésus alors que l'Esprit Saint, donné à la Pentecôte, était visiblement à l'œuvre, accompagnant les disciples, authentifiant leur prédication et les fortifiant dans leur martyre.

 

Un peu plus tard, Origène expliquera, avec d'autres Pères de l'Église: "Parler contre le Fils de l'Homme, c'est pardonnable, parce que c'est le fait de non-croyants, avant le baptême; parler contre le Saint-Esprit, c'est une apostasie impardonnable de la part de ceux qui sont devenus des disciples du Christ", (cf. Hb 6,4-6).

 

La parole, sévère, sur le blasphème contre l'Esprit Saint, doit, bien sûr, se comprendre à partir de l'enseignement de Jésus sur le désir de pardon qui habite le cœur de Dieu. Jamais Dieu ne ferme son cœur à un fils qui se repent et qui prend le chemin du retour. Le péché impardonnable, ce n'est pas le simple refus du message de Jésus ou du témoignage de ses disciples, car bien des hommes s'en détournent loyalement, mais c'est la persistance dans une attitude volontaire de refus ou de rejet, alors que la lumière de Jésus a déjà pénétré le cœur de l'homme et que l'homme a perçu déjà à quel choix de vie l'invite l'Esprit de Dieu.

 

La lumière est toujours proposée, mais l'homme peut préférer ses ténèbres.

 

Le pardon est toujours ouvert, mais l'homme peut toujours librement s'y fermer.

 

Rien n'est irréversible dans le cœur de Dieu, mais la solitude de l'homme peut durer aussi longtemps que ses refus.

 

Jésus, dans son enseignement, aimait opposer deux attitudes, pour rappeler à tous le devoir de choisir. Les deux fils (Lc 15,11-32; Mt 21,28-30), le bon arbre et l'arbre mauvais (Lc 6,43s), le trésor de l'homme bon et le mauvais fond du mauvais (6,45), la maison sur le roc et la maison sur le sable (6,47s): autant d'images par lesquelles Jésus replaçait chaque disciple devant des options courageuses.

 

Nous avons parfois du mal à concilier l'immense miséricorde de Dieu et ces appels de Jésus à une attitude responsable. Jésus, lui, affirme avec force les deux à la fois, et il ne renonce jamais à nous proposer les nécessaires dépassements, car il veut nous donner la force d'accomplir ce qu'il nous commande.

 

Sa pédagogie est exigeante, mais nous y voyons, dans la foi, un signe de son amour et de sa volonté de nous faire vivre. Son propos est clair, pour nous qui croyons à sa bonté; mais cela ne nous autorise à aucun jugement sur le prochain. Seul Dieu pourrait dire d'un homme: "son refus est coupable, il blasphème contre l'Esprit Saint", parce que seul le regard de Dieu peut sonder "ce qui est en l'homme" (1 Co 2,11). Seul Dieu est capable de juger, parce que son amour va aussi loin que sa connaissance, et même lorsque nous voulons nous juger nous-mêmes, nous sommes renvoyés immédiatement à cet amour qui prend en Dieu sa source. Mais nous avons mieux à faire: ce qui nous revient, et ce qui fait notre bonheur, c'est de rester ouverts à la parole dérangeante de Jésus, vulnérables à ses invitations, et spontanément à l'écoute de son Esprit.

 

Réflexion recueillie et proposée par le Père Xavier Bugeme sj

Curé de la Paroisse Christ Roi de Mangobo à Kisangani.

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