Personne ne peut accuser Dieu s'il n'entre pas au Festin éternel, car même les païens y rentrent, selon les innombrables prophéties déjà faites en ce sens. Ce n'est pas l'appartenance à une race qui détermine l'entrée au Festin eschatologique : juifs et païens y seront. Une seule condition pour cela : avoir reconnu Jésus et pris la décision de le suivre par la Foi.(Père Xavier Bugeme sj)
Mes chers Paroissiens, chers frères et sœurs, Paix !
Lecture Eph 6, 1-9
Ps 144
Évangile Lc 13, 22-30 Jésus est en route. C'est un pèlerin, il voyage.
C'est un des termes préférés de Luc, qui l'utilise, tenez-vous bien, quatre-vingt huit fois sur les cent cinquante où il est employé dans tout le Nouveau Testament. Paul, dont Luc sera le compagnon, sera comme Jésus, un grand voyageur.
Ce mot exprime la condition des Apôtres : ce sont des itinérants, des gens remplis de dynamisme apostolique, qui se déplacent, vont chez les hommes, à domicile, de ville en ville. Être chrétien n'est pas de tout repos.
Il faut être actif, fournir constamment des efforts, etc. Pour accompagner notre prière, je vous suggère cette réflexion de Bernard Mourou (www.eglise-protestante-unie.fr).
Bonne méditation à nous tous ! ( Père Xavier Bugeme SJ).
N’y aura-t-il que peu de gens qui seront sauvés ? C’est la question qu’un homme pose à Jésus alors qu’il est en route vers Jérusalem. Nous ne savons rien de cet homme.
Nous ne savons pas ce qui l’a conduit à poser cette question : Des doutes quant à son propre salut ? Des doutes quant au salut de ses proches ? Une réflexion d’ordre philosophique ? Peut-être un peu tout cela à la fois.
Il n’était pas si simple, pour un Juif, d’appliquer parfaitement la Loi, et les écrits du judaïsme tardif affichent souvent un certain pessimisme quant au nombre des sauvés : Ceux qui périssent sont plus nombreux que ceux qui seront sauvés, c’est par exemple ce que nous pouvons lire dans le quatrième livre d’Esdras.
Quant à nous, nous vivons dans un tout autre contexte, un contexte où les questions essentielles telles que celle du salut éternel sont souvent mises de côté, au profit de questions plus immédiates : des questions qui touchent nos familles, ou encore nos moyens de subsistance et notre niveau de vie.
Qui ose encore poser cette question : N’y aura-t-il que peu de gens qui seront sauvés ? Et pourtant, cette question du salut est primordiale.
Nous qui avons une vie ecclésiale, nous en sommes sans doute bien convaincus, et toute notre attention est focalisée sur la réponse de Jésus.
Mais voilà, nous sommes déçus : une fois de plus, Jésus ne répond pas à la question ; ou plutôt, il répond, mais il répond à côté. En fait, ce n’est pas une réponse qu’il donne, mais un ordre, une injonction un peu mystérieuse : Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite ! Nous aussi, nous devons nous contenter de cela.
Quelques mots sur cette porte étroite : il s’agit sans doute de la petite porte qui se trouvait, dans les villes, à côté de la grande porte principale, ou à l’intérieur de la grande porte elle-même ; à la tombée de la nuit, on fermait la grande porte, mais il restait cette petite porte annexe pour les retardataires.
Cette porte étroite avait les dimensions d’un homme ; on ne pouvait donc pas passer à plusieurs, mais seulement un par un ; et de toutes façons, il fallait se la faire ouvrir, on devait donc décliner son identité.
Jésus, en parlant de cette porte étroite, attire notre attention sur le fait que le salut n’est pas un salut collectif, qu’il n’est pas le salut de tout un peuple, du peuple juif, mais que c’est un salut individuel. Cette porte étroite invite donc à un retour sur soi, indépendamment de toute appartenance à un groupe, quel qu’il soit.
Pour l’homme qui pose cette question et pour tous ceux qui sont là, cela signifie qu’ils ne seront pas automatiquement du bon côté simplement parce qu’ils appartiennent au peuple juif.
Jésus laisse entrevoir qu’ils pourront être devancés par d’autres, par des gens qui se trouvent aux quatre coins de l’horizon, c’est-à-dire par des gens qui n’appartiennent pas au peuple juif, mais à tous les peuples païens.
Et puis, par cette porte étroite, non seulement on ne peut y entrer qu’un par un, mais elle n’est pas prévue pour faire passer les marchandises ; on ne peut pas entrer encombré de bagages ou de provisions ; on ne peut entrer que dans le dénuement, dans le dépouillement.
En fait, la condition première pour faire partie des sauvés, c’est de prendre conscience de son propre dénuement. De sa propre indignité.
Au XVIe siècle, la Réforme a remis en lumière le fait que nous sommes au bénéfice d’un salut gratuit. Dans notre texte, la porte étroite symbolise cette gratuité.
Pour être au bénéfice de ce salut gratuit, il faut reconnaître son indignité et renoncer à la présomption de pouvoir se sauver soi-même.
A pouvoir se justifier soi-même. Oui, cette porte étroite ne peut laisser passer que celui qui s’est débarrassé de toute idée illusoire sur lui-même et sur sa propre capacité à se sauver tout seul.
Et cela ne va pas de soi, cela demande de l’énergie et de la volonté : Efforcez-vous, nous dit le texte.
Le mot grec qui est employé a donné notre verbe agoniser ; il s’agit d’une mort à soi-même.
Certains n’arrivent pas à entendre cela et ils n’entrent pas.
Et lorsqu’ils voient entrer des gens qu’ils considèrent moins dignes qu’eux, alors ils ont un accès de rage ; leur frustration et leur jalousie se traduisent par des pleurs et des grincements de dents, tout cela parce qu’ils ont été incapables de vivre la gratuité de l’Evangile.
Ceux qui passent par la porte étroite, ce sont ceux qui ont conscience de leur indignité au regard de la sainteté divine.
Ils ont conscience que Dieu est le Tout-Autre. Cette conscience leur interdit de mettre Dieu à leur niveau, de le faire entrer dans leurs raisonnements et leurs calculs.
Passer par la porte étroite, c’est donc en finir avec toute tentative de se comparer aux autres ; passer par la porte étroite, c’est en finir avec toute tentative de s’affirmer soi-même ; passer par la porte étroite, c’est en finir avec toute tentative d’écraser l’autre.
Une telle compétition est funeste ; c’est un engrenage infernal qui engendre violence et malheur. Oui, pour passer cette porte étroite, nous n’avons pas d’autre alternative que de vivre dans la gratuité.
Nous constatons alors que ce texte ne contient en fait aucune condamnation, et que la question de cet homme est mal posée, mal posée, parce qu’elle sous-entend que Dieu, arbitrairement, sauverait les uns et condamnerait les autres.
Or, ceux qui n’entrent pas s’empêchent eux-mêmes d’entrer ; ceux qui n’entrent pas, ce sont ceux qui se privent eux-mêmes de la grâce, par orgueil ; à aucun moment Dieu ne leur ferme la porte, au contraire, il les invite à faire tous leurs efforts pour qu’il n’en soit pas ainsi. Nous l’avons dit au début, lorsque Jésus répond à cet homme, il est en marche vers Jérusalem.
Cette observation n’est pas anodine ; l’Evangéliste montre par là que Jésus est en marche vers sa Passion et qu’il sera crucifié justement par ceux qui n’ont pas su entrer dans cette gratuité de l’Evangile.
Quant à nous qui avons entendu l’Evangile, nous sommes entrés par cette porte étroite, nous avons su entrer dans cette gratuité de l’Evangile.
Et si ce n’était pas encore le cas, nous pouvons le faire maintenant, il est encore temps : la porte est toujours ouverte. Amen.
Réflexion recueillie et proposée par le Père Xavier Bugeme sj Curé de la Paroisse Christ Roi de Mangobo à Kisangani.
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Hélène Nzimbu
Amen merci
Hélène Nzimbu
Amen merci
Hélène Nzimbu
Amen merci
Hélène Nzimbu
Amen merci