Dieu envoie ses messagers sous des visages divers. Mais, la plupart du temps, l'homme les repousse en invoquant de prétendues raisons lamentablement contradictoires. Pourquoi refuser d'entrer dans le jeu de Dieu ? Pourquoi ne pas entrer dans la danse menée par le divin Coryphée ?(père Xaver Bugeme sj)
Mes chers Paroissiens, chers frères et sœurs,
Paix !
Je vous envoie la méditation pour ce vendredi de la 2ème semaine de l'Avent/B
Lecture Is 48, 17-19
Ps 1
Évangile Mt 11, 16-19
Jésus a dû s'arrêter parfois, pour regarder, pour observer ce qui se passait autour de lui. Aujourd'hui, c'est un tableau plein de vivacité qu'il observe. Cette vivacité est encore observable par nous aujourd'hui. Des gamins qui jouent dans la rue.
Oui, voilà comment Jésus voit les foules de son temps. Cette "génération" capricieuse et instable qui ne sait pas ce qu'elle veut : ce sont des enfants qui jouent à "la noce"...puis à "l'enterrement". L'une des bandes de gamins débute un chant joyeux, mais les autres n'en ont pas envie. Alors on commence un chant triste, mais ça ne marche pas mieux.
Avec des enfants, cela n'est souvent qu'une lubie passagère, et cela ne porte pas à conséquences. Mais, pour les adultes du temps de Jésus. (et du nôtre) il ne s'agit plus d'un jeu...mais de leur vie éternelle !
"Ce n'est pas sérieux", semble dire Jésus.
Pour nourrir notre prière, je vous propose cette réflexion du Frère Matthieu (www.bibleetviemonastique. free.fr)
Bonne méditation à toutes et à tous.(Père Xavier Bugeme sj).
Ils n'ont pas voulu danser (Mt 11, 17-19)
Ce jour-là Jésus dit aux foules : "À qui vais-je comparer cette génération? Elle est comparable à des enfants assis sur les places, qui en interpellent d'autres : Nous avons joué de la flûte, et vous n'avez pas dansé. Nous avons entonné un chant funèbre, et vous ne vous êtes pas frappé la poitrine.
En effet, Jean est venu, il ne mange ni ne boit, et l'on dit : "Il a perdu la tête".Le Fils de l'homme est venu, il mange, il boit et l'on dit : "Voilà un glouton et un ivrogne, un ami des collecteurs d'impôts et des pécheurs,"
Mais la sagesse a été reconnue juste d'après ses œuvres.
Jésus savait regarder, et bien des détails de l'Evangile nous le montrent passionné pour la vie quotidienne, surtout celle des petites gens des villages et des bourgs. C'est ce regard de poète sur la vie de tous les jours qui donne aux paraboles de Jésus tout leur charme et une grande partie de leur force émotionnelle.
Nous le constatons une fois de plus dans la parabole d'aujourd'hui. Jésus a observé les chamailleries des gamins sur la place ; il se souvient peut-être de certains après-midi de son enfance, où tous les jeux tournaient court par la mauvaise humeur de quelques-uns.
- En deux phrases, Jésus campe la scène. Sur la place, poussiéreuse comme il se doit, deux bandes d'enfants sont assises à distance l'une de l'autre. D'un côté, les bons gosses, de l'autre les mauvaises têtes. Les bons gosses sont décidés à jouer ; ils proposent d'abord un jeu gai, un jeu de garçons : imiter la ronde des hommes un jour de noces. Puis ils essaient un jeu de filles, triste cette fois : il s'agit de pleurer et de se battre la poitrine comme les femmes à l'enterrement. Mais dans les deux cas ils se heurtent au refus buté du groupe d'en face, qui ne veut jouer à rien. Les bons gosses pourtant s'offrent à assumer la part du jeu la moins amusante : jouer de la flûte pour les autres, hurler les lamentations pour les autres. Finalement tout le monde s'ennuie, et les gosses délurés s'en prennent aux boudeurs,
- Jésus applique immédiatement la parabole aux adultes qui l'écoutent ou qui refusent son message.
Dieu dans sa sagesse, fait feu de tout bois pour amener les hommes à son jeu. Il a d'abord envoyé Jean, le Baptiste, en précurseur. Son style prophétique, érémitique, élianique, a bousculé et raidi les docteurs de la Loi, qui l'ont fait passer pour un demi-fou (Lc 7, 34) ; son ascèse, par ailleurs, a rebuté une génération amollie.
Vient ensuite Jésus, avec son bel équilibre : il mange et boit avec tous, conscient d'inaugurer le temps de la joie, le temps des noces. Et l'on dit, dans son dos : "Voilà un glouton. Vous savez, il boit sec, et il n'est pas regardant pour ses amitiés : on le voit partout avec des publicains et des pécheurs."... Dans cette génération, conclut Jésus, le plan de Dieu rencontrera toujours la même obstination, le même refus a priori. Comme disait déjà le vieux proverbe d'Israël :" Si un sage conteste avec un insensé, qu'il se fâche ou qu'il rie, il n'y aura pas de paix. " (Pr 29, 9)
Cependant Dieu trouvera toujours sur terre des enfants de bonne volonté, de bons joueurs qui accepteront d'entrer dans le mystère du salut et qui feront bon accueil à tout ce que le Maître proposera, à l'exigence de l'ascèse comme au devoir de rester joyeux. La Sagesse de Dieu sera reconnue juste, opportune, admirable, par tous ceux qui accepteront que Dieu soit libre, libre de ses voies, de ses choix, de ses dons. Il y aura toujours sur terre des esprits et des cœurs ouverts à la nouveauté, qui sauront reconnaître en Jésus la Sagesse du Père venue comme chez elle parmi les humains.
Nous-mêmes, en ce temps de l'Avent ; qu'attendons-nous, sinon une nouvelle visite du Christ Sagesse de Dieu ? Nous ne valons pas mieux que les autres hommes, nous ne sommes ni plus clairvoyants ni plus cou¬rageux, et nous sommes assis sur la même place poussiéreuse, lassés parfois de tout, même de jouer au jeu de Dieu, tristes devant l'effort, rétifs au message de conversion du Baptiste, craignant de ne pas manger ni boire tout notre soûl à la table de ce monde. Mais nous avons une richesse à partager : c'est que nous attendons la visite de Dieu. Bientôt, au cœur de la nuit, un son de flûte s'élèvera, très doux, très chaud, presque timide : la flûte du Messie. Alors nous cesserons de bouder et nous nous lèverons pour danser, puis nous nous mettrons en route tous ensemble jusqu'à un berceau où nous attendra l'Enfant sage, la Sagesse faite enfant.
Réflexion recueillie et proposée par le Père Xavier Bugeme sj
Curé de la Paroisse Christ Roi de Mangobo à Kisangani.