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Jésus vient de faire de plus dans la révélation de son identité. Il n'est pas qu'un simple guérisseur, il a le pouvoir du pardon. Cette capitale, personne ne l'avait eu comme lui... Quelle révélation ! Et voilà donc notre paralysé guéri non seulement en son corps mais aussi guéri en son âme. Courir après les miracles, après les guérisons spectaculaires, c'est bien ; mais c'est encore mieux de courir vers la plus grande des guérisons, celle de l'âme(Père Xavier Bugeme)

Mes chers Paroissiens, chers frères et sœurs,

Paix !

Voici la méditation pour ce vendredi de la 1ère semaine TO Impaire. B

Lecture He 4, 1-5.11

Ps 77

Évangile Mc 2, 1-12.

Jésus a beau chercher le calme et recommander la discrétion, la foule le harcèle. Rien à faire. Cela souligne toute l'ambiguïté messianique.

N'oublions pas que, de temps en temps, se levaient des illuminés qui se disaient le Messie attendu, et qui soulevaient des partisans.

Cela nous fait mieux comprendre pourquoi Jésus ne voulait pas qu'on parle de Lui avant l'heure. Oui, on aurait cherché à L'utiliser, à Lui faire jouer le rôle d'un libérateur temporel.

Lui, il se contente d'annoncer la parole de Dieu. Voilà l'essentiel pour lui. Même si les gens sont venus pour voir du "miracle, du "sensationnel" du "merveilleux"... Jésus reste imperturbablement dans son rôle qui est avant tout religieux : la Parole de Dieu.

Pour communier en profondeur à ce parole, je vous recommande ce texte de Bernard Mourou (www.eglise-protestante-unie.fr)

Bonne méditation à toutes et à tous. ( Père Xavier Bugeme sj)

Depuis quelques dimanches, nous lisons l’Evangile de Marc. Dès les premières pages de cet Evangile, le succès de Jésus ne se dément pas. Les dimanches précédents, nous avons vu que Jésus ne cherchait pas ce succès, qu’il faisait au contraire tout pour l’éviter, qu’il faisait tout pour ne pas passer pour un thaumaturge, pour un faiseur de miracles, parce qu’il ne voulait pas que sa prédication soit éclipsée par les miracles.

Et voici maintenant une scène surréaliste : dès que les gens apprennent que Jésus est de retour à Capharnaüm, ils affluent vers la maison où il se trouve. C’est sans doute la maison de la famille de Pierre et d’André, dont il a été question avant, lorsque Jésus a guéri la belle-mère de Pierre. Tous ces gens sont venus pour écouter la prédication de Jésus. Et il y a tellement de monde que tout accès vers lui est devenu impossible.

Pas de chance pour cet homme paralysé que ses quatre amis portent sur un brancard, un lit de misère sur lequel il mendie sans doute le reste du temps. Que peut-il faire d’autre ? Il n’y a pas de sécurité sociale à l’époque. Pas de chance donc pour cet homme paralysé : non seulement son handicap l’empêche de mener une vie normale, mais il l’empêche aussi d’avoir accès à Jésus. Un brancard, c’est encombrant. Impossible pour ses amis qui le portent de se frayer un chemin à travers une foule aussi dense. Oui, les circonstances sont contraires, mais qu’importe, ce n’est pas ce qui va arrêter les quatre amis de ce paralytique.

J’admire l’attitude de ces quatre hommes. Ils vont droit au but. Ils ne sont arrêtés par aucun obstacle : ils ne peuvent pas entrer par la porte, qu’à cela ne tienne, ils entreront par le toit. Et les voilà qui grimpent sur le toit et montent le brancard avec leur ami dessus. Et puis les voilà qui n’hésitent pas à vandaliser la maison en pratiquant une ouverture dans le toit. Il ne faut pas imaginer un toit de tuiles comme chez nous : les maisons de la Galilée, à l’époque, étaient faites de torchis ; c’est ce torchis que ces quatre hommes entreprennent de défaire. Et enfin les voilà qui descendent le paralytique sur son brancard par l’ouverture qu’ils ont faite, juste devant Jésus, qui a peut-être d’abord vu les débris tomber avant d’avoir le paralytique devant lui sur son brancard.

Ce paralytique a vraiment des amis formidables. Leur détermination a l’efficacité d’un bulldozer : elle supprime tous les obstacles qui se dressent devant elle. Ce paralytique n’est pas seul : il a des amis, de très bons amis, et c’est cela qui le sauve. Grâce à eux, il se retrouve à la première place, devant tout le monde, même devant les scribes qui écoutent eux aussi la prédication de Jésus ; le paralytique se retrouve juste devant Jésus, et là il peut entendre à son tour cette prédication.

Et désormais, la partie est gagnée : Jésus voit la foi de ses amis. Mais cette foi, en quoi consiste-t-elle ? Dans notre texte, il n’est nulle part question d’un sentiment : le sentiment n’est certainement pas absent, mais ce n’est lui que Jésus prend en compte. Ce que Jésus prend en compte, c’est cette action concertée et déterminée de ces quatre amis, une action qui ne se laisse arrêter par rien.

Donc ce paralytique trouve la guérison. Et il trouve la guérison sans avoir rien fait pour cela : il en est bien incapable, puisqu’il ne peut pas bouger. Ce sont quatre ses amis qui ont fait tout le travail ; c’est grâce à eux qu’il a été descendu sur son brancard pour se trouver sous le regard de Jésus. Cet homme a été bénéficiaire de la foi des autres, de la foi de ses quatre amis. Leur foi a eu pour effet de leur éviter tout conformisme : ils ne se préoccupent pas de ce qu’il faut faire ou ne pas faire, ils ne se préoccupent pas de ce qui est bienséant, ils ne se préoccupent pas de ce que les autres peuvent penser, ils poursuivent leur objectif sans regarder à droite ni à gauche, ils vont droit au but, et ils ont leur manière à eux d’y arriver.

Et Jésus est forcé de constater la foi de ces gens quand il voit le paralytique descendre devant lui sur son brancard. Ce n’est pas la foi du paralytique qu’il voit, mais la foi de ces quatre hommes. Et pourtant, c’est au paralytique que Jésus s’adresse et non à ses quatre amis, quand il lui dit : Lève-toi, prends ton brancard et va dans ta maison.

Devant leur foi, Jésus va à l’essentiel : non au handicap de cet homme, mais à sa situation de pécheur. Jésus continue sa prédication en s’adressant à cet homme : Tes péchés sont pardonnés. Ce n’est pas la guérison de cet homme qui vient en premier, mais cette déclaration : Tes péchés sont pardonnés. La prédication de Jésus remet cet homme en règle avec Dieu. C’est le plus important. La prédication de Jésus sur le pardon vient avant le miracle.

Il n’empêche, ce que Jésus dit fait réagir les scribes qui sont là : Comment peut-on oser dire à quelqu’un que ses péchés sont pardonnés sans passer par le rituel de purification, le rituel de purification qui était assuré au Temple par les seuls prêtres ? Comment peut-on parler pour Dieu, comment peut-on parler à la place de Dieu, qui est le seul habilité à pardonner les péchés ? Ces scribes ne voient pas que Jésus ne s’oppose pas au rituel du Temple, mais qu’il se place au-dessus, étant lui-même Dieu.

Jésus ne voit pas seulement la foi de ce paralytique. Il a certainement la foi, mais le texte n’en parle même pas. Jésus voit d’abord la foi de ces quatre amis. Ce récit nous montre que la foi, ce n’est pas seulement quelque chose d’intériorisé. Le piétisme a beaucoup insisté sur l’intériorisation de la foi. Dans les Evangiles, la foi ne tourne pas autour de notre petite personne : c’est une action déterminée, résolument tournée vers les autres, et qui n’est arrêtée par aucun obstacle. Ici, Jésus voit la foi. On ne peut pas voir des sentiments, mais ce texte nous montre que l’on peut voir la foi. La foi n’est pas seulement quelque chose d’intérieur et d’intangible, non, la foi, c’est aussi quelque chose de concret, quelque chose qui se voit.

Aujourd’hui, nous sommes tous plus ou moins influencés par cette conception de la foi héritée du piétisme. Nous avons tendance à réduire la foi à un choix personnel, à la restreindre à la sphère privée. Certes, la foi, c’est aussi cela, mais ce n’est pas que cela. Si les amis de cet homme avaient vu la foi comme une affaire privée, ce paralytique n’aurait jamais trouvé la guérison.

La foi repose sur l’individu, mais elle repose aussi sur l’Eglise. Or, la réalité, c’est que dans l’Eglise, nous sommes tous reliés les uns aux autres. Et cela, vous l’avez bien compris en témoignant de votre soutien, à moi, mais aussi à d’autres personnes qui traversent des moments difficiles. Cette attitude qui est la vôtre est dans le droit fil de l’Evangile. Que cela soit pour vous un encouragement à poursuivre dans cette voie.

Nous sommes tous reliés les uns aux autres. Non seulement aux autres membres de notre Eglise locale, mais aussi aux chrétiens partout dans le monde, par delà l’espace. Et plus encore : nous sommes reliés aux chrétiens qui nous ont précédés et à ceux qui viendront après nous, par delà le temps. C’est cela l’Eglise universelle : cette communion spirituelle par delà l’espace et le temps.

Ce texte met l’accent sur la foi de l’Eglise. Il nous laisse avec ces deux questions :

  • Notre foi nous tourne-t-elle vers nous-mêmes ou vers les autres ?
  • Notre foi se laisse-t-elle arrêter par les obstacles ou passe-t-elle par-dessus les obstacles, sans souci du conformisme ?Si nous pouvons répondre oui à ces deux questions, alors ce texte vient comme un encouragement.

Amen.

Réflexion recueillie et proposée par le Père Xavier Bugeme sj 

Curé de la Paroisse Christ Roi de Mangobo à Kisangani

 

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