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Dans ces miracles, Jésus relève le Seigneur qui donne la force de la nature. Impossible de croire en lui et d'avoir encore peur d'une créature, si puissante et si redoutable qu'elle soit(Père Xavier Bugeme sj)

Mes chers Paroissiens, chers frères et sœurs,
Paix !
 
Voici la méditation pour ce samedi de la 3ème semaine TO Impaire B.
 
Lecture He 11, 1-2.8-19
Ct Lc 1, 69-79,71-72-75
Évangile Mc 4, 35-41
 
Après la série des paraboles, Marc aborde une série de miracles. Les quatre miracles cités par saint Marc ici, ne sont pas faits en présence de la foule, mais seulement devant les disciples... pour leur éducation. C'est un peu comme les paraboles, dont Marc prend soin de nous avertir plusieurs fois "qu'il expliquait tout, en particulier, à ses disciples".
 
Il profite de ces instants d'intimité, de calme, pour instruire son petit groupe. C'est lui qui ménage et prévu ces instants : "passons de l'autre". Il quitte la Galilée sont désormais en alerte et le harcèlent. Il va du côté païen ; vers les Géraseniens, pays neuf neuf où la Parole de Dieu n'a pas encore retenti, pays de mission... où il y a de nouveaux croyants en puissance, des conversions neuves à opérer.
 
Et il part "avec ses disciples". Ils auront un peu plus de temps pour parler à tête reposée, tranquillement, loin de la foule.
 
Et pourtant des surprises ne manqueront pas...
 
Pour nourrir notre prière, je vous suggère cette réflexion du Pasteur Bernard Mourou (www.eglise-protestante-unie.fr)
 
Bonne méditation à toutes et à tous (Père Xavier Bugeme sj.) 
 
Ce passage de la tempête apaisée nous est bien connu. Il figure dans trois des quatre Evangiles. Aujourd’hui nous avons lu ce récit dans la version de Marc, dans sa forme la plus succincte, la plus dépouillée : l’Evangéliste n’a gardé que l’essentiel.
 
Passons sur l’autre rive. Notre récit commence par cette invitation de Jésus, une initiative qui marque une rupture, mais aussi une initiative qui ne semble pas très judicieuse. La journée se termine, on peut donc en déduire que la nuit va bientôt tomber, et c’est à ce moment-là que Jésus invite ses disciples à traverser la mer de Galilée pour aller dans un autre endroit, dans un autre territoire : le territoire des païens.
 
Pour les juifs, les eaux de la mer, ou même celles de ce qui pour nous est seulement un petit lac, représentaient le lieu du péché et du mal, parce qu’à la différence de la terre ferme, l’eau est par excellence le lieu de l’instabilité.
 
Jésus invite ses disciples à un déplacement, à un changement. Or, tout changement, quel qu’il soit, peut réserver des surprises : on quitte ce qui est connu pour aller vers l’inconnu.
 
C’est ce qui se passe ici, et la surprise qui attend les disciples n’est pas bonne : voilà qu’une tempête se déclenche une fois qu’ils sont au milieu du lac, à bonne distance des deux rives. Il fait nuit et avec ce mauvais temps les disciples ne peuvent plus s’orienter en regardant les étoiles. Et cette tempête est violente, la barque est malmenée par les vagues et prend l’eau. Pas besoin d’être marin pour comprendre que la situation est grave : le bateau est en train de couler… Les disciples sont d’ailleurs tout à fait conscients du danger et ils sont gagnés par la panique. Savent-ils seulement nager ?
 
Avant d’aller plus loin, pensons à des situations de changement qui ont pu affecter nos vies : peut-être un déménagement, une reconversion professionnelle, une période de chômage, la venue d’un nouvel enfant, ou que sais-je encore. Ce genre de situation peut avoir des effets déstabilisants et perturbateurs. Et dans une telle situation, peut-être nous sommes-nous trouvés à avoir peur comme les disciples.
 
Justement, revenons aux disciples : non seulement ils voient que la tempête se déchaîne, mais en plus, ils constatent qu’ils sont seuls face à cette situation, parce que celui à qui ils pourraient s’adresser en cas de danger, celui à qui ils font confiance en toutes circonstances, eh bien il dort. Il fait partie de ces gens qui ont la chance de pouvoir dormir en toutes circonstances. Son sommeil n’est troublé ni par le bruit du vent, ni par les mouvements de la barque, ni par l’agitation des disciples. On pourrait dire qu’il dort du sommeil du juste. Les disciples en sont d’ailleurs irrités, au point qu’au bout d’un moment ils n’en peuvent plus et l’interpellent violemment, ce qui a pour effet de le tirer de son sommeil.
 
Oui, Jésus dort. Lui, il n’est pas pris de panique : il ne se rend compte absolument de rien. Car ce qui fait la différence entre lui et les disciples, ce qui fait que ce même événement est vécu de manière complètement différente, ce n’est pas l’événement lui-même, mais c’est la conscience de l’événement : Jésus n’a aucune conscience de ce qui se passe. Oui, ce qui provoque ici la panique des disciples, ici, c’est la conscience qu’ils ont de cet événement.
 
Nous avons parfois la conception d’un Dieu tout-puissant et omniscient. Si Dieu est Dieu, comment ne saurait-il pas tout ? De nombreux passages dans les Evangiles montrent qu’il n’en va pas toujours ainsi pour Jésus. Certes il lui est arrivé d’avoir la prescience de ce qui allait se passer, mais pas toujours, et parfois il a reconnu ouvertement son ignorance[1]. C’est tout à fait normal, parce qu’il est non seulement Dieu, mais aussi homme, avec toutes les limitations que cela implique.
 
Ici il a besoin de récupérer ses forces. Toute la journée il a parlé à la foule et on imagine son épuisement. Alors il dort, il dort d’un sommeil profond, et quand on dort aussi bien, on n’est pas conscient de ce qui se passe autour de soi. Le bateau coule et il dort. Il paraît indifférent au sort des disciples ; c’est en tous cas leur sentiment : Maître, nous allons mourir, cela ne te fait donc rien ? lui disent-ils.
 
Bien sûr, à partir du moment où Jésus intervient, tout rentre dans l’ordre : le vent tombe, la tempête cesse. Celui qui voici quelques instants était plongé dans l’inconscience du sommeil se révèle tout à coup le maître des éléments naturels et assume toutes les prérogatives de la divinité.
 
Dans leur barque, les disciples en sont quittes pour une grande frayeur, mais tout s’est bien terminé. On peut tout de même imaginer que pour eux cet événement n’a pas été sans conséquence et qu’il leur a au moins appris quelque chose. En tous cas, Jésus a une visée éducative quand il leur pose cette question : Pourquoi avez-vous si peur ? Par là, il invite les disciples à s’interroger sur leur réaction de peur, comme si elle n’était pas naturelle.
 
En fait, leur peur est tout à fait naturelle, et nous aurions sans doute réagi comme eux si nous avions dû affronter cette tempête.
 
Il n’empêche que Jésus, lui, n’a pas eu peur. Et il n’a pas eu peur parce qu’il n’était pas conscient de ce qui se passait.
 
N’est-ce pas là un des enseignements de ce récit ? Parfois, comme les disciples, nous sommes conscients, peut-être trop conscients, de ce qui ne va pas, du mal qui est à l’œuvre dans ce monde, de ce qui nous menace. Mais nous nous souvenons que dans la Genèse, le serpent promet à Eve la connaissance du bien et du mal. A partir du moment où Adam et Eve font ce que dit le serpent, ils perdent leur état d’innocence, et on connaît la suite.
 
Cette conscience des événements n’est d’aucune aide pour les disciples : ils n’ont aucune prise sur les éléments naturels, sur le vent qui souffle et sur la mer déchaînée. Son seul effet est de susciter leur peur.
 
Peut-être Jésus veut-il simplement leur montrer que la foi est indépendante de notre conscience du monde extérieur. La foi est cette confiance que tout se terminera bien, quelle que soit la gravité des dangers qui nous menacent.
 
Finalement, être disciple du Christ, c’est peut-être tout simplement ne pas se focaliser sur la manifestation du mal et retrouver ainsi un état d’innocence. Alors nous ne nous laisserons pas impressionner par les tempêtes et nous continuerons à vivre dans la sérénité que Jésus-Christ nous a promise.
 
Amen.
 
Réflexion recueillie et proposée par le Père Xavier Bugeme sj 
 
Curé de la Paroisse Christ Roi de Mangobo à Kisangani.

 

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