L’action spécifique de la pureté est d'unifier les puissances intérieures de l'âme dans l'acte d'une passion unique, extraordinairement riche et intense. L'âme pure, finalement, est celle qui, surmontant la multiple et désorganisante attraction des choses, trempe son unité (c’est-à-dire mûrit sa spiritualité) aux ardeurs de la simplicité divine. ( Père Xavier Bugeme sj)
Mes chers Paroissiens, chers frères et soeurs,
Paix !
Voici la méditation pour ce mercredi de la 4ème semaine TO Impaire B.
Lecture Gn 2, 4-9.15-17
Ps 103
Évangile Mc 7, 14-23
"Rien de ce qui rentre dans l'homme ne le souillé". Cela ne veut pas dire que je peux manger tout et n'importe comment, car le corps humain est une "superbe machine" qui a des règles de fonctionnement.
Mais il est question de l'intérieur de son âme, de sa relation à Dieu. Certes une bonne hygiène de vie va aider à la vie intérieure, mais le monde n'est pas facile, on y est agressé de bien des manières, on y est bien tenté aussi. Et en tout cela nous chutons souvent, préférant le monde ou nous-mêmes à Dieu.
Le péché fait partie de notre vie, et ce ne sont pas des rites extérieurs ou des habitudes sanitaires qui nous convertirons.
Le seul qui puisse nous convertir réellement c'est Dieu, à condition de faire la vérité sur nos actes, et sur leur origine, sur le profond de notre cœur, car bien souvent ce sont nos blessures profondes, nos tendances les plus intimes qui entrainent au mal.
Pour nourrir notre prière, je vous propose cette réflexion du Père Jean-Luc Fabre ( www.jardinierdedieu.fr)
Bonne méditation à toutes et à tous (Père Xavier Bugeme sj).
« Incapables de comprendre » L’homme quel est-il ? Une grande question, une trop grande question pour beaucoup, qui, du coup, renvoient à un prudent et inconsistant : « je ne sais pas, je ne peux rien dire »... et rien ne se passe... et je croupis dans ma zone de confort, je me confie à l’extérieur, je me plie à ses injonctions, une partie en moi que je perçois, reste inconnue, non défrichée... Telle n’est pas l’attitude de Jésus.
« Ce qui sort de l'homme » Jésus croit à la liberté intérieure de l’homme, une liberté aussi en situation. Il met en avant cette capacité en nous de nous déterminer par nous-mêmes. Certes, beaucoup de choses nous tombent dessus, choses auxquelles souvent nous ne pouvons rien, si ce n’est en notre for intérieur de ne pas les laisser nous imprégner, nous gouverner... Dès lors, importe grandement, essentiellement, la manière que nous avons de nous comporter nous-mêmes, ce que nous laissons sortir de nous... Jésus nous conduit donc à un autre combat, non pas celui, primitif, du pur et de l’impur [qui est extérieur et nous piège dans une attitude de maîtrise], mais celui, actuel, du profané et du sanctifié [qui est intérieur à nous, à notre manière de sentir, de penser et nous ouvre à la relation personnelle]. C’est ce dernier combat qui nous appelle, en effet, à nous ouvrir à lui, à faire alliance avec lui... pour vivre.
« Ce qui est extérieur à l'homme » Le pur et l’impur sont des propriétés extérieures et donc manipulables. Je reste pur en conservant le contact avec le pur, je deviens impur en entrant en contact avec une chose impure... je puis me (re)purifier à travers un rite... Si je perçois le monde de cette manière, et à l’aube de notre conscience nous le percevons tous ainsi, je crois que par des actes, je puis contrôler ma vie ou ce qui m’apparaît tel. Mais je ne rentre pas en moi-même. En fait, je me retrouve pur dans un monde séparé et tronqué que je n’habite pas pleinement. J’appartiens intégralement au système qui détermine le pur et l’impur, auquel je me plie dans un comportement automatique. Jadis cette appartenance était celle à son peuple, à sa race, à sa grande famille. Mais, en nos jours, cela peut se rejouer avec toute structure d’appartenance : mes parents, mais aussi mon entreprise, et plus subtilement mon système de valeurs, ma manière de fonctionner. Jésus nous ouvre à une autre dimension.
« Ecoutez moi tous » Partir de ce qui sort de l’homme, c’est considérer cette capacité en nous de nous déterminer, de croire que le regard que je pose sur les choses est mien, que je détermine à partir de là mon action, pour le meilleur et pour le pire. Dès lors les catégories changent. La chose n’est pas extérieurement pure ou impure, conforme ou à rejeter. Mais selon la manière que j’aurais de la considérer, elle sera profanée, non respectée, ou au contraire, sanctifiée, rendue sainte et porteuse de relation sanctifiante.
« Du cœur de l'homme » Le combat que nous propose Jésus se mène, non plus à l’extérieur, dans les contacts, mais dans notre cœur. Le cœur est cette fine part de nous-mêmes où nous recevons le flux de la vie, d’où partent et l’intelligence, et la volonté. Cette part de nous-mêmes, où nous surgissons à notre conscience, cette part de nous-mêmes, où nous nous adressons aux autres vraiment, sans calcul... en vérité, librement. Cette part que ne cesse de jaillir telle une source, source qu’il s’agit de reconnaître et qu’il s’agit, une fois reconnue, d’aider dans la purification, ou plus exactement la sanctification, du reste de mon être... Pour cela, nous n’avons pas à bien faire, à faire effort [nous serions encore dans l’antique démarche], nous avons à nous ouvrir, à nous abandonner à Celui qui nous donne et dont nous recevons. C’est ce mouvement qui nous rend à nous-mêmes en nous donnant d’agir non pas à partir de notre idée, notre système mais à partir de la relation avec Celui qui habite et murmure en notre cœur...
« Tout ce mal » Car ce combat, il est vrai, nous ne pouvons le mener seul, il consiste justement à ne pas être seul acteur contraint dans la maîtrise d’un système. La Parole que Dieu nous adresse, qu’il nous donne, nous y aide, celle que le Psaume 1 nous invite à « murmurer jour et nuit » dans le silence. Cette Parole, enfin, elle est venue à nous sous la forme d’un homme que nous pouvons rencontrer, comprendre, aimer, suivre et dont nous pouvons recevoir la capacité d’aimer comme lui-même aime... l’homme Jésus le Christ, le Fils de Dieu...
Que l’eau de son baptême nous purifie, que sa parole de miséricorde nous lave, que son pain partagé nous réconforte et nous donne de cheminer... qu’il libère notre cœur ! Que nous fassions alliance avec Lui !
Réflexion recueillie et proposée par le Père Xavier Bugeme sj
Curé de la Paroisse Christ Roi de Mangobo à Kisangani.