Quand nous manquons de miséricorde, nous séparons violemment une créature de Dieu.(Père Xavier Bugeme sj)
Mes chers Paroissiens, chers frères et sœurs, Paix !
Je vous envoie la méditation pour ce samedi de la 2èmes semaine de carême.
Lecture Mi 7, 14-15.18-20
Ps 102
Évangile Lc 15, 1-3.11-32
La parabole du fils prodigue est une révélation essentielle de Dieu. Elle est moins celle du repentir de l'homme que celle de la bonté de Dieu, qu'aucune infidélité ne peut décourager.
Les "hommes gens" ne peuvent rien comprendre à ce pardon que Dieu accorde à profusion et le ressentent comme une injustice.
Quand comprendront-ils que, par rapport à l'infinie tendresse de Dieu, ils sont toujours des prodigues ayant gaspillé les dons de leur Père.
Un père aimant, respectueux de la liberté et de l'autonomie de ses enfants. Il laisse partir son cadet, la mort dans l'âme.
Mais dans l'espoir qu'il sera assez adulte, un jour, pour comprendre l'amour de son père. Un fils révolté, qui veut vivre sa vie, qui refuse d'être soumis, qui croit qu'il sera plus libre s'il est totalement indépendant. Révolte typique de notre temps, et de tous les temps : "le refus de son père"... le refus de Dieu. Caractéristique du monde moderne. Phénomène global de l'athéisme.
Pour nous accompagner dans notre prière, je vous suggère cette réflexion du Père Jean-Luc Fabre. ( www.jardinierdedieu.fr) Bonne méditation à toutes et tous. ( Père Xavier Bugeme sj ).
Cette parabole, puisqu’il s’agit bien d’une parabole, est en lien au chapitre 15 de Saint Luc avec celle de la femme qui retrouve la drachme perdue ainsi que celle de l’homme retrouvant sa brebis perdue.
A chaque fois, une plénitude, porteuse de joie, est visée. C’est bien le cas dans notre parabole, avec la maison paternelle qui vise à être remplie par la joie de tous rassemblés : le père, le fils cadet ainsi que le fils aîné, autrement dit, celui qui est demeuré dans l’attente, celui qui est parti et revenu, celui qui doit trouver sa vraie place, non celle du devoir accompli vers l’extérieur mais celle de la reconnaissance intérieure…
Pourquoi ne pas considérer dans cette dynamique que chacun de nous, nous sommes globalement cette maison où doit retentir la joie des retrouvailles, la joie du rassemblement, la joie de la réconciliation.
Il y aurait à découvrir et nommer en nous cette partie qui s’est échappée pour tenter d’être pleinement elle-même et qui dans son excès d’indépendance, de recherche de soi s’est perdue, a brisé l’unité.
Il y aurait à découvrir encore en nous cette partie plus profonde, silencieuse, qui ne cesse d’attendre, d’espérer l’union, de croire que tout est possible malgré tout, cette partie à la fois profonde et douce, patiente, espérante qui, au long des jours, nous maintient en vie… Il y aurait enfin à découvrir en chacun de nous, cette partie victime du départ de l’autre partie, qui assure l’intendance, l’équilibre des échanges, qui fait bonne figure extérieurement et ne cesse de se déliter intérieurement.
Elle risque de se refuser à l’accueil de la partie perdue à son retour, malheureuse qu’elle est de ne pas être reconnue, assignée, comme elle le croit, qu’elle est à la survie de l’ensemble, incapable de retrouver sa juste place dans le rassemblement.
En ces temps où retentit l’appel à la réconciliation, nous avons à retrouver cette union de nous-même où chaque partie peut vivre et reconnaître l’autre, vivre en relation avec l’autre.
Laissons chacune des personnes de la Trinité nous aider sur ce chemin de la vie, ce chemin de l’échange intérieur… Le Fils qui nous rejoint au loin et, en nous épousant, nous aide à revenir en nous au-delà de nos excès auxquels nous pouvons renoncer, le Père qui étend le temps gracieux pour que la transformation du retour puisse s’opérer, qui se manifeste comme celui qui a toujours été délicatement présent et espérant, l’Esprit qui rend chaque partie capable de reconnaître l’autre et de vivre en bonne intelligence, de tisser le chant commun et toujours nouveau de la joie qui s’invente... Sachons user de douceur envers nous-même… Comme le disait l’oraison du dimanche dernier où nous demandions au Père de « patiemment nous relever », alors qu’aujourd’hui, « avec le peuple chrétien », nous sommes déjà happés par « la joie des fêtes de Pâques qui approchent »… Laissons le temps produire son œuvre, abandonnons-nous à la Providence, redevenons enfants de Dieu.
Réflexion recueillie et proposée par le Père Xavier Bugeme sj Curé de la Paroisse Christ Roi de Mangobo à Kisangani.