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"Il faut se mettre en règle avec Dieu car on ne sait jamais" Bien plus, Dieu n'est-il pas bafoué par ceux qui sont trop heureux de se débarrasser de lui grâce à quelques prestations ? Ce ne sont pas nos pratiques que Dieu attend, c'est l'hommage de notre cœur(Père Xavier Bugeme sj)

Mes chers Paroissiens, chers frères et sœurs, Paix ! 

Voici la méditation pour ce samedi de la 3ème semaine de carême. 

Lecture Os 6, 1-6

Ps 50

Évangile Lc 18, 9-14 

Le récit que Jésus propose ici est, évidemment, quelque peu caricatural : les traits sont grossis. Il ne faut pas s'en étonner, mais prendre l'essentiel.  Jésus veut dire avant tout que "le pécheur qui reconnaît son état" est aimé de Dieu... et qu'il a toutes ses chances. Au contraire, l'orgueilleux qui se croix juste se trompe. 

C'est une doctrine essentielle : celle-là même que développera saint Paul dans l'épître aux Romains.

L'homme ne se justifie pas lui-même. Il reçoit sa justice, sa justesse, d'un Autre 4, par grâce  Le pharisien, c'est, essentiellement, celui qui croit se sauver par ses propres œuvres, par l'accomplissement de la Loi.

Le publicain, au contraire, c'est le pauvre pécheur qui n'arrive pas à réaliser son idéal, qui butte sans arrêt, qui ne compte plus sur ses propres forces. 

Pour nourrir notre prière, je vous suggère cette réflexion du Père Jean-Luc Fabre (www.jardinierdedieu.fr). 

Bonne méditation à toutes et à tous. (Père Xavier Bugeme sj).

  Encore une fois, Jésus s’adresse à nous en abordant la manière propre que nous avons de nous situer devant notre manière d’exister (exister centré sur son image ou exister ouvert à l’inconnu), de nous situer par rapport aux autres (en comparaison ou en authenticité)… La parabole que nous narre Jésus est une nouvelle proposition pour prendre du recul, pour privilégier une manière d’être sur l’autre.

La question lancinante pour nous est bien celle-ci : « Peut-on envisager de changer de pied ? »… Nous avons chacun de nous, du pharisien et du publicain, mêlés en nous… Comment pouvons-nous vraiment vivre ce basculement ?  Peut-être, pour changer, faut-il réaliser qu’un poison agit, insidieusement, en nous, celui de l’action si nous considérons que notre action nous justifie… nous donne droit, nous construit… L’action alors, à vrai dire, nous enferme en une partie de nous-mêmes. Elle nous renvoie inexorablement à notre image comme la référence.

L’action ainsi vécue dessine tout autour de nous comme un grand capuchon de verre qui nous renvoie notre image que nous ne cessons de vouloir façonner.

Cela nous rend incapable d’être en relation avec l’autre aussi bien notre frère, notre prochain que notre dieu, mesurant tout à l’aune de ce que je fais, qui serait la vraie valeur… C’est le cas du pharisien qui fait ceci et cela et encore cette autre chose ; c’est le cas de celui qui recherche la performance et qui se centre sur l’obtention de son résultat qui devient sa finalité, sa raison d’être, son lieu de discernement, son principe d’action… Le reste, tout le reste (la vie de contemplation, la vie de relation, la vie de gratuité), s’efface par rapport à ce souci, à cet objectif… qui ne cesse de s’imposer, dévorant…L’autre n’est perçu que par rapport à cet objectif, le prochain et le Seigneur…  Comment sortir de ce piège mortel ? Comment briser la glace qui m’enferme et enferme les autres par contrecoup ? Qui déréalise pour moi la vie d’autrui ? La personne d’autrui ? Qui réduit ma propre existence à n’être que recherche d’un seul objectif « je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes » … Il s’agit de croire à la parole d’autrui, s’y ouvrir, la recevoir.

Le propos d’autrui sur moi n’est pas forcément moins juste que mon propos sur moi-même : 'Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis !’ … laisser retentir en moi ce qui me sollicite… m’ouvrir… ne pas se construire soi… suivre le Christ… marcher à sa suite… Pas d’autre solution que de s’éprouver pauvre, démuni, sans ressource, implorant… dans cette nudité, à vrai dire, je fais l’expérience paradoxale de mon être véritable, je vis d’une vie qui m’est donnée, des possibles nouveaux se révèlent alors, je m’ouvre à l’autre, aux autres, je reçois et je puis donner, la vie se met à chatoyer, à étinceler… le capuchon a disparu. 

Il y a en chacun de nous ces deux faces, il s’agit pour nous de les découvrir, de les comparer, et, de là, de s’ancrer dans celle porteuse de vie, de s’adresser au Prince de la Vie…  

Réflexion recueillie et proposée par le Père Xavier Bugeme sj   Curé de la Paroisse Christ Roi de Mangobo à Kisangani.

 

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