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Face à la mort, le Christ a connu le sursaut instinctif de la peur. Mais, dans les profondeurs de son être, il voyait en sa passion un don d'amour répondant à celui du Père. Ainsi, cette passion deviendrait affirmation du règne de l'amour. Elle manifesterait la gloire divine, accomplie en lui, et rayonnerait sur le monde enfin éveillé à la vérité divine.

Mes chers Paroissiens, chers frères et sœurs,
Paix !
 
Nous célébrons aujourd'hui le cinquième dimanche de Carême B.
 
Première lecture Jr 31, 31-34
Ps 50
Deuxième lecture He 5, 7-9
Évangile Jn 12, 20-33
 
Tout ce carême nous invite à prendre conscience d'un fait capital : notre relation à Dieu est déterminante pour notre existence. Cette relation vient bouleverser notre existence.
 
On peut poser Dieu comme un maître exigeant, imposant sa loi. Contre lui, on peut se révolter, allant jusqu'à lui dénier l'existence. Nous devenons alors esclaves de notre désir de vivre par nous-mêmes et nous nous excluons de la vraie vie, qui est échange d'amour.
 
On peut au contraire accepter de se soumettre à sa volonté en lui "sacrifiant" les biens auxquels on aspire spontanément. Mais ce sacrifice ne tue pas le désir. Tiraillés entre ce désir et la peur de déplaire au Tout-Puissant, nous ne manquons pas moins que précédemment la vraie vie. 
 
Il en va tout autrement, si nous découvrons Dieu comme amour gratuit et miséricordieux. C'est alors notre cœur lui-même qui est chargé. Notre désir est converti. En réponse à l'amour, il devient appel à l'amour.
 
Tel est le fruit de la "Nouvelle Alliance" dont Jérémie sentait la nécessité et qu'il osait annoncer. Telle est la réalité vécue par Jésus. Nous laisserons-nous séduire par elle ? Alors notre mort elle-même deviendra jaillissement de vie. 
 
Pour nous accompagner dans notre méditation, je vous propose cette réflexion du Frère Jean-Christian Lévêque, o.c.d. ( www.carmel.asso.fr).
 
Bonne méditation à toutes et à tous et Bon dimanche de Carême. ( Père Xavier Bugeme sj ).
 
Jésus vient d’entrer triomphant dans Jérusalem. Les Pharisiens, découragés par ce succès de Jésus, se disent entre eux : « Nous n’arriverons à rien : voilà que tout le monde se met à sa suite ! »
 
Ils ne croient pas si bien dire, et c’est ce que Jean veut souligner en racontant, aussitôt après, l’arrivée de quelques Grecs, des étrangers qui veulent voir Jésus. Non pas des étrangers quelconques, mais des hommes qui sont venus adorer à Jérusalem, donc des hommes déjà en quête du vrai Dieu. C’est d’ailleurs la première condition pour pouvoir rencontrer Jésus et voir en lui l’Envoyé de Dieu.
 
Les étrangers abordent Philippe, probablement parce qu’il a un nom grec ; puis Philippe et André signalent à Jésus l’arrivée des Grecs.
 
La réponse de Jésus est étrange au premier abord : « Elle est venue, l’heure où le Fils de l’Homme doit être glorifié ». Tout le mystère et toute la lumière de cette réponse tiennent dans un seul mot : I’Heure. L’heure de Jésus, pour saint Jean, ce n’est pas seulement un moment clé, c’est la phase décisive du salut de l’humanité, le passage que fait Jésus de ce monde au Père, en notre nom à tous ; c’est le moment où le Fils de l’Homme doit être glorifié, mais glorifié en passant par la mort. Si bien qu’aux yeux de l’évangéliste l’heure de Jésus englobe à la fois l’entrée dans les souffrances, toute la passion, la résurrection, la glorification auprès du Père, et même le don de l’Esprit Saint aux disciples.
 
Nous comprenons dès lors comment la phrase de Jésus est une réponse aux Grecs : ’Vous me cherchez ? Bien. Mais sachez que pour vous les Grecs, comme pour les Juifs, je serai un Messie crucifié« . »Scandale pour les Juifs, folie pour les païens", dira saint Paul.
 
Et Jésus, selon son habitude, enchaîne avec une parabole.
 
Si le grain de blé ne meurt pas en terre, il reste seul ; c’est à dire qu’il reste ce qu’il est : un simple grain, bien sec, intact, mais stérile. Si au contraire il se vide de sa substance, il devient germe, puis moisson.
 
Et cette parabole a deux faces. L’une a trait au Christ lui même, car sa mort sera féconde et lui permettra d’accueillir les Grecs avec les Juifs dans un seul bercail, une seule communauté, une seule Église. Mais l’autre face nous concerne, nous les croyants ; et Jésus lui même commente : celui qui aime sa vie, qui s’accroche à sa vie, en réalité est en train de se détruire ; celui qui cesse de s’y attacher (c’est le sens de l’expression juive quand haïr est opposé à aimer) permettra à son existence de déboucher sur la vie éternelle.
 
Il n’est donc pas question de haïr sa vie ni de haïr la vie. Il ne s’agit ni de masochisme ni de tristesse, mais simplement d’aimer la vie de Dieu et de vivre ici bas selon Dieu pour vivre éternellement avec lui. Le chrétien, témoin de Jésus, ne cesse pas de vivre et de construire, avec tous ses frères en humanité ; mais il ne vit plus à son compte : un Autre vit en lui, qui est désormais propriétaire de toutes ses joies, de toutes ses forces, et même de tous ses désirs, et cet Autre est Celui qui est mort en terre le premier, comme le grain de blé, celui qui nous a aimés et s’est livré pour nous.
 
« Haïr sa vie », cesser de s’attacher à sa vie, ce n’est pas se détruire, ce n’est pas tuer en soi les richesses de l’intelligence ou du cœur, c’est commencer à vivre au compte de Jésus et au compte de Dieu, c’est livrer dès maintenant sa vie à Jésus pour qu’elle devienne germe et moisson, c’est, enfin, s’ouvrir à une existence de service : « Si quelqu’un veut me suivre, poursuit Jésus, qu’il se mette à ma suite, et là où je suis, là aussi sera mon serviteur ». Tout débouche donc sur une communauté de destin avec Jésus, qui amplifie, unifie et vivifie toutes les communions humaines : avec Jésus nous entrons dans le dessein de Dieu, avec Jésus nous devenons serviteurs et servantes du Père, avec Jésus nous connaîtrons l’heure de passer du monde au Père. Mais nous savons que si notre vie sur terre a été service, même notre mort en terre ne sera pas stérile.
 
Si dès aujourd’hui nous nous mettons à suivre Jésus, comme des passionnés qui s’accrochent à la chance de leur vie, comme des assoiffés qui ont trouvé la source, si nous servons, dans la paix, de toutes nos forces et de toute notre joie, Jésus et son message là où il nous a placés, quand « l’heure » sera venue, il nous placera là où il est, et nous saurons ce qu’est le sourire de Dieu : « Si quelqu’un m’aime, dit Jésus, mon Père l’honorera ».
 
Réflexion recueillie et proposée par le Père Xavier Bugeme sj
 
Curé de la Paroisse Christ Roi de Mangobo à Kisangani.
 

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