Un triomphe ambigu, un échec apparent, la victoire définitive de l'amour. En commémorant par une procession solennelle la journée des rameaux, nous nous orientons déjà vers le sacrifice du Christ qui donne son vrai sens à cet événement. Je vous propose en 12 points une méditation de la célébration du dimanche des rameaux et de la passion du Seigneur
DIMANCHE DES RAMEAUX DE LA CELEBATION DE LA PASSION DE NOTR PEIGNEUR
1 .Chaque fois que nous entendons le récit de la Passion, notre cœur s'émeut. « Ah, nous disons-nous en nous-mêmes et à nous-mêmes : Jésus a donc tant souffert ! Et au cœur même de notre compassion, des questions surgissent : pourquoi ces souffrances, pourquoi cette mort infâme ? Comment Jésus est-il arrivé là, sur cette croix, lui, l'innocent par excellence ? pourquoi s'est-il mis tant de monde à dos, notamment les plus grands politiquement, économiquement et religieusement, lui qui pourtant passait partout en faisant le bien ? Comment cet homme-bien, cet homme de bien, cet homme de Dieu a-t-il été si mal traité, trahi ? Fallait-il toutes ces souffrances, cette mort pour que nous soyons sauvés ?
2. Oui, il fallait ces souffrances, il fallait cette mort ! Non comme souffrance, non comme mort, mais parce qu'elles étaient, elles sont le jusqu'au bout de toute une vie de courage et d'amour. Le combat de Jésus est, en réalité, celui des Justes de la Bible, c'est-à-dire un combat pour connaître une vraie justice d'amour entre les hommes au-delà de leurs races, ethnies et nations ; au-delà de leurs différences. C'est justement ce combat qui a dressé contre Jésus les chefs religieux, économiques et politiques de son époque, et finalement tout le peuple ou presque tout le peuple manipulé par ces chefs iniques, véreux, pervers, avides de pouvoir et de pouvoir absolu !
3.Il n'est donc pas étonnant que les chefs actuels religieux ou politiques, surtout lorsqu'ils se prennent pour des dieux, se délectant des flatteries, des coryphées et griots qui les entourent. Il n'est pas étonnant que ces chefs aujourd'hui encore se dressent contre les Prophètes des temps modernes contre tous ceux et toutes celies qui suivent les traces de Jésus. Oui, il n'est pas étonnant qu'ils essaient de rallier, dans leur complot, le peuple contre les vrais prophètes courageux, tenaces et lucides, au nom de leur foi. En effet, le combat pour la vérité gêne, le combat pour la justice dérange.
4. Sur la croix, Jésus nous révèle ce que signifie « aimer » coûte que coûte, aimer jusqu'à l'extrême de l'amour, aimer comme Dieu aime. Jésus n'est pas né pour souffrir. Il est né pour aimer et nous apprendre à aimer. C était là sa mission et cette mission l'a conduit à la souffrance et à la mort comme elle y conduit encore aujourd'hui beaucoup de ses disciples. Oui mes frères et sœurs, il faut cesser de considérer la croix comme une école de la souffrance. Non ! Elle est une école de l'amour. C'est cela que Jésus nous apprend dans sa passion. Un amour fort et libre Un amour qui entraîne ceux et celle qui le côtoient. Un feu dévorant, un feu qui en allume d'autres.
5. Sans amour nous ne serions plus que des cymbales qui retentissent, c'est-à-dire un bruit sans âme, un ouragan creux. Si l'amour ae Dieu ne passait pas par nous pour atteindre ceux que nous croisons sur nos chemins, sur nos routes, nous ne serions plus dignes du Christ ! Pour cela, il faut accepter de ne pas rester indemnes. Etre chrétien ce n'est pas seulement croire qu'il existe un Dieu, ni même acquiescer aux articles d'un crédo. Etre chrétien c'est se mettre à la disposition d'un Dieu qui a tant aimé les hommes qu'il en est mort. C'est faire de notre vie l'incarnation de la tendresse de Dieu pour les personnes que nous côtoyons.
6. Nous devrions avoir honte, nous qui nous réclamons de Jésus-Christ et qui devant les appels à aimer, nous nous laissons bloquer par notre orgueil et paralyser par nos peurs mesquines ; chaque fois que nous restons aveugles et sourds aux appels de nos frères et sœurs, à force de ne penser qu'à nous-mêmes.
7. Oui, comment ne pas avoir honte de nos dérobades faciles, de nos silences complices, de nos déraisons et folies collectives, de nos jugements faux, hâtifs et iniques, excessifs et immodérés. Comment ne pas avoir honte de nos molles réactions face aux injustices, aux inégalités croissantes, à la destruction et à la déstructuration de nos villes, de nos cités et de nos villages ? Comment ne pas nous indigner face au pillage et au gaspillage de nos richesses par une petite minorité de personnes rapaces, prédateurs et cupides ? Comment ne pas avoir honte de nos échappatoires face au détournement de fonds public et à la corruption devenue dans ce pays comme un sport national ? Oui, comment ne pas avoir honte de nos agressivités tout simplement parce que la vérité nous gêne et nous agace ?
8. Qu'est-ce qui nous empêche de regarder la croix et de libérer en nous ce qui est la plus grande puissance de l'homme, celle de pouvoir aimer. Qu'est-ce qui fait que nous nous taisons devant des situations de pauvœté et de sous-existence dans lesquelles vit la grande partie de nos concitoyens alors que le sol et le sous-sol regorgent de nombreuse richesses, hélas ! aux mains de quelques gangsters, expatriés ou nationaux ? Pourquoi nous taisons-nous devant de nombreux cas de vol, de viol des femmes et des enfants allant même jusqu'à leur mutilation, les dépouillant ainsi de leur dignité humaine et féminin sans que par ailleurs les malfaiteurs et bourreaux, pourtant souvent connus, ne soient punis ou inquiétés.
9. Oui, nous devrions avoir honte ! Honte de nos escapades d'innocents, mangeant à l'auberge des loups tranquilles ! Comme si nous étions inconscients de notre part de responsabilité dans la médiocrité généralisée dans laquelle nous avons décidé de nous vautrer. Aujourd'hui, dans la soixantième année de notre indépendance, nous n'avons plus de raisons de nous dérober. Nous sommes devant un devoir, celui d'aimer. Il faut nous réveiller et ensemble refuser la déraison qui tend à s'installer chez nous comme une culture. Une culture de la déraison, celle qui ne connaît pas de limites, tout simplement parce qu'elle est sans foi ni loi, parce qu'elle se laisse vaincre par de forces obscures nées en son sein et à l'égard desquelles elle agit avec complaisance en refusant la loi élémentaire de la raison qui veut que chacun soit responsable de ses actes 10. Il faut dire non à la folie humaine, la folie congolaise qui est dégénérescence, une déviation.
Pire encore, la folie comme une pathologie sociale qui soustrait l'homme à la loi de son espèce. Cette pathologie meurtrière qui place l'homme en en deçà de simples animaux qui eux ne donnent jamais la mort à ieur semblable.
La mort de Jésus nous rappelle la mort de beaucoup d'autres innocents, victimes de ce délire qui, lui, est l'expression du degré de dégradation du tissu social... Et cest le cas de la société congolaise : une société à la dérive, socialement folle, économiquement bête, politiquement stupide, culturellement débile et spirituellement dingue.
11. Une République se construit dans le Vérité et l'Amour, ia Paix et la Justice. Ce pays a trop souffert. Nul n'a besoin des souffrances supplémentaires. Au contraire. Tous, nous souhaitons que la sagesse, la compréhension et la concorde régissent désormais la vie politique et sociale au service du bien commun. Nous voulons tous la paix. Une paix Digne et Juste. Et cette paix a un prix, elle se construit et se gagne.
12. Mon désir le plus ardent, c'est de nous voir devenir artisans et vivre en artisans de Paix. Que nous aimions la paix, que nous nous investissions dans l'événement de la paix chez nous et ailleurs, que nous nous construisions la Paix.
Car, voyez-vous, la Paix, la vraie, celle que Jésus souhaite à ses disciples aux jours qui suivent sa victoire sur la mort, cette paix se construit, elle se gagne au prix de mille et un efforts. La Paix, oui, la Paix, elle se taille comme le bois. Elle se polit comme la pierre.
Elle se cisèle comme le bronze. Elle se pétrit comme le pain. Elle se macère comme la viande.
Elle se sculpte comme le plâtre, se façonne comme l'argile et se moule comme le cuivre.
La Paix et le Pain pour que nous ayons la vie et la vie en abondance Père Xavier BUGEME, Sj Curé da la paroisse Christ-Roi
Commentaires (Total : 1)
Kulimushi mugugu
C'est vraiment magnifique et inspirée mon père.