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La question de la souffrance, si scandaleuse soit-elle, est désormais portée par Dieu même, qui l'a expérimentée en son Fils : souffrance physique du supplice, souffrance morale devant l'abandon des siens. Désormais, Dieu est de notre côté, face à elle. Sa solidarité avec nous dans la détresse nous aide à donner un sens à notre souffrance

Mes chers Paroissiens, chers frères et sœurs, Paix !

 Je vous envoie la méditation pour ce mercredi saint. 

Lecture Is 50, 4-9a

Ps 68

Évangile Mt 26, 14-25 

Nous allons méditer aujourd'hui la même scène qu'hier, racontée cette fois-ci par Matthieu.

L'essentiel est commun aux deux narrations. Mais Matthieu met en relief des significations différentes de celles que Jean avait notées.

 Judas alla trouver les chefs des prêtres... Nous l'avons vu hier "sortir". C'était donc pour aller trouver les chefs des prêtres. Il prend l'initiative. Mystère de la liberté et de la culpabilité humaine.

Les évangélistes soulignent tous que Judas était avide d'argent : c'est l'explication immédiate qu'ils donnent au geste aberrant de leur ancien ami.

L'argent !  De toutes façons, et Jésus lui-même le sait, son temps est proche. La pensée de ce qui approche ne le quitte pas. Jésus a prévu ce repas. Le lieu précis en avait déjà été déterminé avec un ami.

La "Cène", la première messe, n'est pas un repas improvisé, au hasard. Ce sera un "repas pascal", évoquant toute la tradition juive. 

Le pain sans levain qu'on y mangeait évoquait ce départ rapide d'Égypte qui n'avait pas permis de prendre le temps de laisser lever la pâte : repas de fête, chantant une libération. Nous retrouvons le récit de Jean. L'initiative de Jésus.

L'interrogation des apôtres. Les détails sont différents, mais le sens est bien le même.  Jésus fait un geste "communionnel": pour un Hébreux, tendre le plat à quelqu'un, c'est faire un geste symbolique d'amitié. On pourrait dire que, du côté de Jésus, il n'y a aucune condamnation, mais une offre d'amitié. C'est Judas seul qui s'est condamné en refusant la tentative de son ami. 

Pour nourrir notre prière, je vous propose cette réflexion du Père Jean-Luc Fabre sj. (www.jardinierdedieu.fr).  Bonne méditation à toutes et à tous.

( Père Xavier Bugeme sj ) 

« Mon temps est proche »,

le Seigneur depuis toujours ayant revêtu la condition humaine, sait que sa vie comme celle de tous ses frères humains, aura un terme.

Il sait aussi que cette fin sera en lien avec tous ses frères et qu’elle sera également marquée par la violence. Il sait que toute vie humaine est faite de diverses périodes.

Il a toujours vécu dans cette perspective. Ainsi, il entre dans cette nouvelle période pour lui, la dernière, celle qui le mène à la mort. Et là, simplement, il désire vivre humainement, en agissant dans le sens de la Vie, de la promesse faite par Dieu à l’humanité de pouvoir passer, de pouvoir traverser.

Son propre chemin dans sa particularité sera chemin pour tous. Il deviendra Passage pour tous. Son action est reçue par ceux qui l’aiment et désirent l’honorer. Ils font ce que Jésus leur prescrit, ils préparent la Pâque, nous aussi !  « L’un de vous va me livrer » Le chemin de Jésus vers sa mort passe par la trahison d’un proche. Le don qu’il fait de lui-même doit affronter la trahison qui l’attaque à la racine.

Quel sens peut-il y avoir à donner si je suis trahi dans ce que je donne… La raison commande d’arrêter.

Ne serait-il pas plus raisonnable de ne rien faire, de laisser faire. Jésus affronte là ce qui s’oppose à l’action humaine, en lui retirant tout sens, toute espérance.

A quoi bon ? Laisse tomber… rien n’a de sens, reste dans ton petit bonheur avant de disparaître, protège toi, retire toi, couche toi, abandonne… Mais Jésus poursuit. De cette épreuve, il parle. Par-là, il la traverse, par-là, il s’offre à recevoir  tous nos propres abandons, nos trahisons.

Il sera là pour recevoir chacun de ses frères humains dans sa contradiction, dans son péché pour lui dire qu’un chemin existe, que tout peut être traversé. Et Jésus trouve un réconfort dans la Parole du Père en ce jour.

  « Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet » Jésus a entendu la parole du Père dans les Ecrits de son peuple. La figure du Fils de l’homme lui donne des orientations, tout comme Lui devient aussi pour nous une parole sur laquelle nous pouvons nous fonder dans l’épreuve. Jésus, le Fils de Dieu, est homme, traverse l’épreuve de l’humanité dans son humanité : il se sait mortel, il accepte que tout soit en lui ruiné, il reçoit tout réconfort qui s’offre à lui, réconfort que lui donne le Père.

La trahison, Jésus la traverse par son humilité pacifiée, il nous ouvre le chemin en chacune de nos épreuves humaines pour que nous puissions par lui nous maintenir dans la pure et pauvre espérance. Nous lui rendons grâce éternellement. 

Réflexion recueillie et proposée par le Père Xavier Bugeme sj   Curé de la Paroisse Christ Roi de Mangobo à Kisangani.

 

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