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Un miracle n'est pas rupture des lois du monde déchu, c'est le rétablissement des du Royaume de Dieu

Mes chers Paroissiens, chers frères et sœurs, Paix ! 

Je vous envoie la méditation pour ce vendredi de la 2ème semaine de Pâques. 

Lecture Ac 5, 34-42

Ps 26

Évangile Jn 6, 1-15 

Jésus connaît la faim de ceux qui le suivent, il en a pitié mais il ne veut pas agir "tout seul", il demande donc aux apôtres de scène occuper ! Et ceux-ci n'ont rien ! Finalement, ils trouvent 5 pains et 2 poissons, c'est bien dérisoire en comparaison de ce qu'il faudrait pour nourrir toute cette foule... alors seulement, Jésus va agir à partir de ce "petit rien" partagé et offert.  On peut s'arrêter à l'aspect miraculeux de ce texte en trouvant cela fantastique. Mais Jésus nous y donne une très grande leçon : lui apporter le peu que nous avons et alors, Lui en fera de très grandes choses.

C'est le cœur même de la vie de  Jésus que de ne pas vouloir tout faire par nous-mêmes, que de ne pas attendre de tout avoir pour commencer quelque chose, que de donner le peu que l'on a dans la foi, que lui saura bien en faire faire quelque chose de grand. 

C'est valable pour la question matérielle, mais c'est aussi valable pour nos capacités en face de la mission, qu'il veut nous confier.

Cette mission nous dépasse souvent et si nous regardons nos simples capacités, bien souvent nous avons le sentiment que nous n'y arriverons jamais.

Et c'est bien ainsi ! Car ce n'est pas en nous-mêmes que nous devons mettre notre confiance, mais en Jésus. Avons-nous cette foi que Jésus peut faire de grandes choses à partir de notre faiblesse humaine ?  Pour nourrir notre prière, je vous suggère cette réflexion de (www.eglise-protestante-unie.fr)  Bonne méditation à toutes et à tous. ( Père Xavier Bugeme sj )   

Ce passage de la Bible, suggéré pour la lecture d’aujourd’hui, et que je viens de vous lire est connu sous le nom : la multiplication des pains.  

L’image du pain est souvent citée dans la Bible, commençant par la condamnation de Dieu à Adam : « A la sueur de ton visage tu mangeras du pain jusqu’à ce que tu retournes au sol car c’est de lui que tu as été pris ; oui, tu es poussière et à la poussière tu retourneras ».  

Ce texte de Jean a des parallèles dans les synoptiques. Dans les synoptiques, ce sont les disciples qui distribuent le pain à la foule et chez Jean c’est Jésus lui-même. 

Jésus est toujours prêt à passer sur une autre rive pour s’approcher de ceux et celles qui ont besoin de nourriture, que leur faim soit physique ou spirituelle. Et gratuitement, il nourrit tout le monde.

Jean commence en disant que Jésus « lève les yeux » pour voir les personnes qui s’avancent vers lui. Il ne les regarde pas de haut en bas, mais de bas en haut, comme un serviteur, ou plutôt comme quelqu’un qui veille sur les besoins d’un autre qu’il aime. 

Un regard de bas en haut, vous savez, ça se sent. Ça se reçoit comme un geste qui nous met debout, qui révèle notre dignité. D'emblée, le récit se centre sur Jésus. C'est lui qui voit venir la foule, qui interroge Philippe en sachant ce qu'il va faire. 

Il ordonne de faire asseoir la foule sur l’herbe et garde l'initiative même pour la distribution des pains. 

La méprise a commencé  lorsqu'il demande à Philippe : « Où achèterons-nous des pains pour que mangent ces gens ? » La question suppose qu'il est impossible à l'homme de se procurer le « pain véritable ».  

Mais Philippe en reste sur le plan matériel en évaluant le nombre de deniers nécessaires à l'achat d'une telle provision : « Deux cents deniers de pain ne suffisent pas pour que chacun en reçoive un petit morceau»   Pratiquement, cette histoire de pains multipliés est bien difficile à croire. On ne peut pas multiplier la matière à l’infini.  

Le Seigneur dit aux disciples : donnez leur vous-mêmes à manger mais comment donner foi, espérance et amour.

Comment nourrir le monde entier avec 5 pains et 2 poissons.  

On peut comprendre le découragement des disciples. Il y a tant de choses à faire dans ce monde.   Mais on peut aussi comprendre qu’il s’agit d’un grand partage.  

Beaucoup avaient sans doute des provisions dans leur sac, des enfants peut-être comme aujourd’hui quand ils emportent leur goûter, leur petit « quatre heures », comme on le disait autrefois.

Certains se sont exprimés et ont bien voulu partager, l’un dit : moi j’ai un pain, un autre : moi, j’ai un poisson, et ainsi jusqu’à ce maigre repas.  

Et dans cette ambiance de fraternité, petit à petit, les autres ont finalement dit : « tiens moi aussi, j’ai quelque chose à offrir »  

Et le miracle est là puisque chacun a été rassasié et il reste encore douze corbeilles pleines de nourriture, soit une pour chaque apôtre, le nouvel Israël.

Les cinq pains peuvent être le symbole des 5 livres de la Torah  et le fait de ramasser ces restes de pains sont le signe de porter la parole de Jésus aux nations pour l’avenir.  

Le souvenir d'Elisée que je vous ai lu précédemment au chapitre 4 du 2e livre des Rois est ravivé par la mention des pains d'orge, et qui relate les mêmes faits que ceux cités par Jean :   les dialogue sont analogues: « Ainsi parle le Seigneur: « on mangera et il y aura des restes...ils mangèrent et il y eut des restes selon la parole du Seigneur. » (v.44).  

Les restes sont pour ceux qui ne sont pas là, ceux qui n’ont pas participé au banquet, mais qui y seront également invités, autrement dit les païens.

Dans l’évangile de Jean, cette foule de 5 000 personnes assistant au miracle représente tous les peuples de la terre venus des 4 coins du monde. 

  Il prie.  Mais la prière de Jésus en l’occurrence est de rendre grâce. Jésus commence à  partager ce qui est réuni.  

Si on partage ce que l’on a, il y a alors de quoi largement nourrir tout le monde. Il faut initier le mouvement.   Nous pensions n’avoir que 5 pains et 2 poissons, mais en fait nous avons beaucoup de choses et largement assez pour partager.  

Ce pain partagé est l’essentiel, mais l’essentiel n’est pas de se remplir l’estomac mais c’est autre chose, c’est quelque chose d’invisible.   Paul aux Corinthiens dit : « tout cessera, sera aboli sur cette terre mais 3 choses demeurent : la foi, l’espérance et l’amour.  

Une foi sur laquelle on peut construire sa vie, comme la maison sur le roc, une foi vivante, qui nous tend vers un but.

L’espérance, c’est sur quoi je compte, qui donne confiance dans ma vie. Mon espérance n’est pas dans les biens matériels à partager, mais une espérance en Dieu.  

L’amour est une attitude, une démarche vis à vis de l’autre,  de donner et de recevoir, de regarder l’autre comme un alter ego, l’écouter et lui laisser de la place.   C

omme dit l’évangile « aime ton prochain comme toi-même », sans sentiment de pouvoir l’un sur l’autre. 

La vie n’est rien d’autre que de l’échange, le fait de recevoir et de donner. Donner, recevoir, partager sont indissociables. 

Ces pains et ces poissons que nous demandons à Dieu, sont la foi, l’espérance et l’amour.   Jésus nous apprend ici à multiplier, à démultiplier les dons spirituels, les nôtres et ceux des autres. Dans le texte de Jean, on voit l’image de la nourriture. Nous avons toujours peur de manquer, c’est une autre manière de dire que nous avons peur de beaucoup de choses… Peur de manquer de pain, d’affection, d’argent, d’avenir, de reconnaissance, etc. Notre Dieu est Providence, il pourvoit à nos besoins. Là encore, c’est une certitude qui ne se saisit que par et dans la foi.  

Le peu que nous faisons peut avoir un effet incroyable. Ce sont souvent des petites gens qui font de petites choses mais même une action petite peut changer le monde, par un effet multiplicateur, comme la multiplication des pains.  

Si personne ne commence à partager, qui le fera ? Nous devons commencer par de petites choses et cela peut changer le monde. Nous avons tous une grande mission à effectuer, de rayonner, de donner. Comme le cite le Psaume 121, qui est mon préféré, Dieu nous aide, nous soutient, nous comprend.  

La remarque sur l'herbe («Il y avait beaucoup d'herbe en ce lieu. ») fait aussi penser au psaume 23, 1-2, où le Berger messianique conduira ses troupeaux à de verts pâturages : «Le Seigneur est mon berger, rien ne me manque. Sur de frais herbages, il me fait coucher. »   Dans la prière, nous trouvons ce sentiment de la présence de Dieu. La prière elle-même nous nourrit d’espérance, d’amour, de joie et de partage dans notre existence.   Après le miracle, les gens, en voyant le signe que Jésus vient d'accomplir, disent : «C'est vraiment lui le prophète qui doit venir dans le monde. » A l'époque de Jésus, en effet, on attendait un prophète, semblable à Moïse, annoncé dans le Deutéronome 18.   La foule exaltée veut donc le ravir pour l'établir roi à leur tête.   Devant cet enthousiasme, Jésus discerne vite que les gens le prennent pour un meneur politique, sans du tout reconnaître sa véritable identité  car bien sûr pour la foule, un roi si puissant pourrait non seulement leur être utile face aux dirigeants de l’époque, mais également  ces personnes veulent, de bonne foi, que Dieu règne ainsi sur leur vie, que sa Parole les dirige et que l'action du créateur puisse ainsi être pleinement à l'œuvre dans leur vie et dans le monde.   Mais voilà : le Messie attendu n’est pas le Messie promis ! Et Jésus ne répondra pas à cette espérance populaire. La déception du peuple n’est sans doute pas étrangère à l’attitude de la foule du Vendredi Saint. C’est en grande partie parce que Jésus refuse d’être roi que la foule et d’ailleurs aussi la plupart de ses disciples vont l’abandonner.   Dans ce même évangile au chapitre 18 : Jésus déclare « ma royauté n’est pas de ce monde ». Et Il s’enfuit dans la montagne.  

Revenons aux paroles du chapitre 6 de l’Évangile selon Jean dans des versets plus éloignés (versets 41-51), Jésus se dit « le pain vivant descendu du ciel » et invite ceux qui l’écoutent à manger de ce pain – c’est-à-dire à croire en lui.  

En ces quelques mots souvent répétés tout au long de ce passage de l’Evangile, Jésus se présente à tous dans sa véritable mission : il n’est pas seulement  Celui qui multiplie les pains  et nourrit miraculeusement la foule, il est lui-même le pain vivant, la nouvelle manne céleste qui, par sa parole, nourrit, relève et guérit le peuple dans  toutes ses détresses et ses traversées du désert.  

Oui, le Christ est encore  notre pain de joie dans  toutes nos craintes et nos alarmes. 

 Le Christ est notre pain d’espérance dans nos raisons d’abdiquer ou de désespérer.  

Le Christ est notre pain de vie là où l’humanité s’entre-déchire et se voue à la mort.   C’est ce que nous célébrons ensemble à chaque Sainte Cène quand nous invoquons la présence de Celui qui est « le pain vivant descendu du ciel » et que nous prions, par la venue de son Esprit, pour nous-mêmes et pour le monde.  

Nous sommes membres du corps du Christ., tel que Paul dans la 1ère aux Corinthiens le cite : « puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain.»   Je citerai également dans les Actes : « régulièrement et fidèlement, les croyants écoutent l'enseignement des apôtres. Ils vivent comme des frères et des sœurs, ils partagent le pain et ils prient ensemble Ils partagent le pain dans leurs maisons, ils mangent leur nourriture avec joie et avec un cœur simple ».  

L’accent n’est pas mis sur l’extraordinaire de l’événement, mais sur son sens et son accomplissement universel de l’annonce de l’Evangile.  

Si pour ces cinq mille hommes, ce miracle eut lieu avant la Pâque, pour nous, tout au long de l’année, il se reproduit dans la Cène où le Christ, comme il fut au bord de la mer de Galilée, est vivant et présent parmi nous.   Amen. 

Réflexion recueillie et proposée par le Père Xavier Bugeme sj   Curé de la Paroisse Christ Roi de Mangobo à Kisangani.

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