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De quelle nature est donc la présence du Christ ressuscité ? Sa réalité est-elle d'ordre purement idéal ? Non, affirme fortement Luc. Il faudrait plutôt parler d'une sur-réalité dont l'existence physique n'est qu'une pauvre expression. Cette sur-réalité est en tout cas ce à quoi conduisait toute l'histoire du peuple élu

Mes chers Paroissiens, chers frères et sœurs, Paix ! 

Nous célébrons le troisième dimanche du temps de Pâques/B 

Première lecture Ac 3, 13-15.17-19

Ps 4

Deuxième lecture 1Jn 1-5a

Évangile Lc 24, 34-36 

Notre aveuglement, notre péché, sont les choses dont nous avons le plus de mal à prendre conscience.

Rien d'étonnant à cela, puisque le point de référence à partir duquel nous jugeons spontanément, c'est nous. 

Tout est changé à partir du moment où notre de référence devient le Christ. C'est devant sa croix que l'homme peut découvrir avec stupeur ce sur quoi débouche le monde qu'il contribue à créer. 

C'est en fonction de sa résurrection qu'il peut comprendre combien la réalité spirituelle est infiniment plus vraie que la réalité corporelle. 

C'est à partir de cette nouvelle vision qu'il devient possible de percevoir tout ce vers quoi les Écritures ne cessaient de poindre : le Royaume de Dieu.   Pour nourrir notre prière, je vous suggère cette réflexion du Frère Antoine-Marie Leduc, o.c.d. (www.carmel.asso.fr)  Bonne méditation et Bon dimanche à toutes et à tous. (Père Xavier Bugeme sj).  

Pour sortir les 11 apôtres de leurs peurs, de leur repliement, à plusieurs reprises Jésus ressuscité apparaît à ses amis, mais ils ont bien du mal à le reconnaître.

Et il lui faut beaucoup insister pour que les apôtres osent croire en cette résurrection, c’est pour eux si difficile que leur premier mouvement est de croire qu’il s’agit d’un esprit, « Frappés de stupeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit ».

Avec un peu d’humour, on peut se demander s’il n’est pas plus facile pour les apôtres de croire aux fantômes qu’à la résurrection ? !  Jésus doit donc appeler sur eux la paix et se laisser toucher puis manger avec eux pour tenter de les convaincre, de leur faire dépasser leurs peurs. Mais ce n’est pas si facile de croire à la victoire de l’amour après avoir constaté son échec apparent sur la croix, c’est pourquoi même après tout cela l’Évangile nous dit encore que « dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement ».

Jésus devra revenir à plusieurs reprises pour convaincre ses disciples de la réalité de sa vie nouvelle, il lui faudra véritablement retourner leurs cœurs et illuminer leur esprit en leur révélant le sens profond de l’écriture : « Rappelez-vous les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : Il fallait que s’accomplisse tout ce qui a été écrit de moi dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. » 

Long travail de persuasion qui aboutira à faire de ses apôtres les colonnes bien solides de l’Eglise sur lesquelles s’appuie depuis 20 siècles la foi chrétienne ainsi que l’exprime Saint-Jean au début de sa première épître : « Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie ; car la Vie s’est manifestée : nous l’avons vue, nous en rendons témoignage et nous vous annonçons cette Vie éternelle, qui était tournée vers le Père et qui nous est apparue, ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que vous aussi soyez en communion avec nous. » Notre foi s’appuie sur celle de ceux qui l’ont vu, qui l’ont touché, et qui ont mangé et bu avec lui après sa résurrection.

Car Jésus ne leur demande pas d’abord de comprendre la résurrection, mais avant tout de la constatée et de se laisser interpeller : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent en vous ? »  Pour pouvoir effectuer ce retournement de la peur à la foi, Jésus invite les apôtres a constaté formellement la réalité corporelle de sa résurrection, que c’est bien le même qui hier était mort et qui aujourd’hui est désormais vivant. C’est ainsi que Pierre nous partage sa propre expérience dans le livre des actes des apôtres :

« Lui qu’ils sont allés jusqu’à faire mourir en le suspendant au gibet, Dieu l’a ressuscité le troisième jour et lui a donné de se manifester, non à tout le peuple, mais aux témoins que Dieu avait choisis d’avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts ».

Cela n’a pas été facile pour les disciples de croire que c’était bien le même qui était mort puis est ressuscité.

Il leur a fallu constater en touchant ce corps, en entendant sa voix, que c’était bien Jésus et qu’il le leur confirme : « Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os, et vous constatez que j’en ai ».

Le même avec qui les apôtres ont vécu pendant des mois, parmi les foules sur les chemins de Galilée, et jusqu’à Jérusalem, apparaît maintenant devant eux dans ce corps glorifié.

Cette difficulté à croire qui mène Jésus à se manifester aux apôtres, à se laisser toucher et à partager leur repas est pour nous une chance car elle apporte une attestation supplémentaire de la réalité de la résurrection. 

De cette constatation, les apôtres auront encore à en tirer toutes les conséquences théologiques et spirituelles qui constitueront le cœur de la révélation chrétienne : la mort a été vaincue par l’amour, ou pour le dire autrement avec Saint Paul, celui qui a été identifiés au péché, Dieu l’a ressuscité.

La résurrection est l’œuvre de l’amour du Père qui s’est penché sur Jésus, qui, bien qu’identifiée au péché, n’a pas abandonné la voie de la confiance et de l’amour. Jésus nous montre là le chemin pour atteindre, nous aussi, la vie éternelle, malgré notre péché, nous pouvons espérer avoir accès à la vie divine si nous demeurons dans cette attitude d’offrande, de confiance et d’amour.

En ressuscitant Jésus d’entre les morts, le Père ne nous donne pas seulement une preuve sûre de son amour pour Jésus à son sujet, mais aussi pour nous une vivante espérance.

L’espérance que la vie s’ouvre pour nous, car nous n’avons plus rien à prouver par nous-mêmes, mais à recevoir de la main de Dieu. Jésus qui s’est fait péché pour nous, qui est devenu malédiction, a reçu du Père la vie éternelle en réponse à son acte de confiance et d’amour sur la croix.

De même nous devons garder au cœur l’espérance de notre résurrection, celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts nous ressuscitera aussi. Le pardon de nos fautes et le don de la vie éternelle sont désormais inscrit dans notre chair par le baptême.

Le Christ a été les prémices de la résurrection, et les prémices annoncent la pleine récolte. 

À la suite des apôtres, pour vivre notre conversion, nous sommes invités à retrouver Jésus vivant aujourd’hui au milieu de nous, à le toucher à travers le corps eucharistique.

Car ce même corps de Jésus ressuscité se rend présent parmi nous à chaque eucharistie et il nous est donné de le reconnaître en le recevant.

Lui-même nous y invite : « Touchez mes mains et mes pieds, puis prenez et mangez en tous, regardez, c’est bien moi ! » En recevant le corps de Jésus, nous recevons le germe de notre propre résurrection, lui qui dès aujourd’hui enlève notre péché et veut transformer notre vie. Dès lors, affermi dans la même foi que les apôtres, nous pourrons devenir en Eglise les témoins du Christ, et continuer la transmission de la foi née en ce matin de Pâques. 

Réflexion recueillie et proposée par le Père Xavier Bugeme sj   Curé de la Paroisse Christ Roi de Mangobo à Kisangani à Kisangani.

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