Il n'y a pas de foi, sans épreuve, il n'y a pas de vie chrétienne intérieure sans mort à soi-même.
Mes chers Paroissiens, chers frères et sœurs, Paix !
Voici la méditation pour ce mercredi TO Lecture Si 36, 1-4.5a.10-17
Ps 78
Évangile Mc 10, 32-45
Il semble que Jacques et Jean n'aient retenu des paroles de Jésus que la résurrection et du coup ils demandent pour eux des places de choix dans le royaume à venir.
Cela nous renvoie nous aussi à notre position dans le monde. Nous désirons ce qu'il y a de mieux pour nous ou pour nos enfants.
Cela n'est certes pas mal en soi, mais sommes-nous capables d'en assumer les devoirs ? Car il ne suffit pas d'avoir une place de "chef" il faut encore en assumer consciencieusement la charge.
Par ailleurs, Jésus les renvoie également à la difficulté d'y parvenir : Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ? C'est qu'avant la résurrection, il y a la passion, dans toute sa souffrance et la mort sur la croix ! Du haut de leur certitude intérieure ils disent oui. Pourtant, on le verra plus tard, quand Jésus se fera arrêter ils fuiront eux aussi.
Nous désirons réussir dans la vie, mais sommes-nous prêts à y mettre le prix ? Et dans notre vie spirituelle, nous désirons tous aller au paradis, mais sommes-nous prêts à vivre véritablement en chrétiens qui offrent chaque instant de leur vie à Dieu, ou sommes-nous des chrétiens qui vivent dans les valeurs du monde et dans l'illusion d'être des chrétiens ?
C'est que pour être véritablement chrétien il faut renoncer à soi-même et suivre Jésus en portant notre croix, c'est-à-dire tous les aléas de notre vie, avec lui.
C'est-à-dire qu'il faut aussi vivre pleinement en accord avec la parole de l'évangile et pas seulement avec une partie de l'évangile ou quand cela ne nous dérange pas.
Le chrétien doit impérativement prendre le chemin du serviteur au fond de son cœur, surtout si ses fonctions dans le monde lui donnent une place de responsable voire de leader.
Pour nourrir notre méditation, je vous suggère cette réflexion du Pape Benoît XVI ( Consistoire du 18 février 2012 www.jardinierdedieu.fr ) Bonne méditation à toutes et à tous. ( Père Xavier Bugeme sj ) Dans le passage de l’Évangile, Jésus se présente comme serviteur, s’offrant comme modèle à imiter et à suivre.
Sur le fond de la troisième annonce de la passion, mort et résurrection du Fils de l’homme, se détache avec un contraste criant la scène des deux fils de Zébédée, Jacques et Jean, qui poursuivent encore des rêves de gloire auprès de Jésus. Ils lui demandèrent : « Accorde-nous […] de siéger, l'un à ta droite et l'autre à ta gauche, dans ta gloire. » (Mc 10, 37). La réponse de Jésus est immédiate et sa question inattendue : « Vous ne savez pas ce que vous demandez.
Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ? » (v. 38).
L’allusion est très claire : le calice est celui de la passion, que Jésus accepte pour réaliser la volonté du Père. Le service de Dieu et des frères, le don de soi : c’est là la logique que la foi authentique imprime et développe dans notre vécu quotidien et qui, par contre, n’est pas le style mondain du pouvoir et de la gloire.
Par leur requête, Jacques et Jean montrent qu’ils ne comprennent pas la logique de vie dont Jésus témoigne, logique, qui – selon le Maître – doit caractériser le disciple, dans son esprit et dans ses actes.
Cette logique erronée n’habite pas seulement les deux fils de Zébédée car, selon l’évangéliste, elle contamine aussi « les dix autres » apôtres qui « se mirent à s'indigner contre Jacques et Jean » (v. 41). Ils s’indignent parce qu’il n’est pas facile d’entrer dans la logique de l’Évangile et de laisser celle du pouvoir et de la gloire.
Saint Jean Chrysostome affirme que tous les apôtres étaient encore imparfaits, aussi bien les deux qui veulent s’élever au-dessus des dix, que les autres qui sont jaloux d’eux (cf. Commentaire sur Matthieu, 65, 4 : PG 58). Et, en commentant les passages parallèles dans l’Évangile selon Luc, saint Cyrille d’Alexandrie ajoute : « Les disciples étaient tombés dans la faiblesse humaine et discutaient entre eux sur qui était le chef et supérieur aux autres […]. Cela est arrivé et nous a été raconté à notre profit […]. Ce qui est arrivé aux saints Apôtres peut nous servir d’encouragement à l’humilité » (Commentaire sur Luc, 12, 5, 24 : PG 72, 912).
Cet épisode permet à Jésus de s’adresser à tous les disciples et de « les appeler à lui », presque pour les serrer contre lui, pour former comme un corps unique et indivisible avec Lui et indiquer quelle est la voie pour parvenir à la vraie gloire, celle de Dieu : « Vous savez que ceux qu'on regarde comme les chefs des nations dominent sur elles en maîtres et que les grands leur font sentir leur pouvoir. Il ne doit pas en être ainsi parmi vous : au contraire, celui qui voudra devenir grand parmi vous, sera votre serviteur, et celui qui voudra être le premier parmi vous, sera l'esclave de tous. » (Mc 10, 42-44).
Domination et service, égoïsme et altruisme, possession et don, intérêt et gratuité : ces logiques profondément opposées se confrontent à toute époque et en tout lieu. Il n’y a aucun doute sur la voie choisie par Jésus : il ne se limite pas à l’indiquer par ses paroles aux disciples de l’époque et d’aujourd’hui, il la vit aussi dans sa propre chair.
Il explique en effet : « Aussi bien, le Fils de l'homme lui-même n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude » (v. 45)… Selon la tradition biblique, le Fils de l’homme est celui qui reçoit le pouvoir et la souveraineté de Dieu (cf. Dn 7, 13 s.).
Jésus interprète sa mission sur la terre en superposant à la figure du Fils de l’homme celle du Serviteur souffrant, décrit par Isaïe (cf. Is 53, 1-12).
Il reçoit le pouvoir et la gloire uniquement en tant que « serviteur » ; mais il est serviteur dans la mesure où il prend sur lui le destin de souffrance et de péché de toute l’humanité. Son service s’accomplit dans la totale fidélité et dans la pleine responsabilité envers les hommes.
C’est pourquoi la libre acceptation de sa mort violente devient le prix de la libération pour la multitude, devient le commencement et le fondement de la rédemption de chaque homme et du genre humain tout entier. … Que le don total de soi, offert par le Christ sur la croix, soit pour vous la norme, le stimulant et la force d’une foi qui opère dans la charité.
Que votre mission dans l’Église et dans le monde soit toujours et uniquement « dans le Christ », qu’elle réponde à sa logique et non à celle du monde, qu’elle soit éclairée par la foi et animée par la charité qui nous viennent de la Croix glorieuse du Seigneur... le rappel de la Vierge Marie sera toujours pour vous une invitation à suivre celle qui fut solide dans sa foi et humble servante du Seigneur. …
Priez aussi pour moi, afin que je puisse toujours offrir au Peuple de Dieu le témoignage de la doctrine sûre et tenir avec une humble fermeté la barre de la sainte Église.
Réflexion recueillie et proposée par le Père Xavier Bugeme sj Curé de la Paroisse Christ Roi de Mangobo à Kisangani.